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Thaïlande: nouveau défilé antigouvernement malgré une explosion mortelle

Thaïlande: nouveau défilé antigouvernement malgré une explosion mortelle

Des milliers de manifestants réclamant la chute du gouvernement thaïlandais ont à nouveau défilé samedi à Bangkok, malgré l'engin explosif qui a frappé leur cortège la veille, tuant une personne et en blessant des dizaines d'autres.

L'explosion de vendredi, dernier épisode d'une crise politique qui a désormais fait neuf morts et des centaines de blessés en deux mois et demi, a fait une quarantaine de blessés.

L'une des victimes, un manifestant de 46 ans touché par des éclats de bombe, est décédée dans la nuit de vendredi à samedi après avoir perdu beaucoup de sang, selon un responsable du centre de secours Erawan, qui a précisé que 11 personnes étaient toujours hospitalisées.

L'explosion a eu lieu aux avant-postes d'un défilé auquel participait Suthep Thaugsuban, le meneur du mouvement qui réclame depuis l'automne la démission de la Première ministre Yingluck Shinawatra et le remplacement du gouvernement par un "conseil du peuple" non élu.

Les manifestants, alliance hétéroclite des élites de Bangkok, d'ultra-royalistes et d'habitants du Sud, réclament la tête de Yingluck et la fin de ce qu'ils appellent le "système Thaksin", du nom de son frère Thaksin Shinawatra qu'ils associent à une corruption généralisée et qu'ils accusent de gouverner à travers elle depuis son exil.

L'ancien Premier ministre, qui reste le personnage central de la politique du royaume, a été renversé en 2006 par un coup d'Etat, engluant la Thaïlande dans des crises politiques à répétition divisant le pays entre ceux qui l'adorent et ceux qui le haïssent et le voient comme une menace pour la monarchie.

Malgré la bombe, plusieurs milliers de manifestants ont marché dans le centre-ville samedi au son des sifflets qui sont devenus leur bruyant signe de ralliement.

"Nous devons poursuivre notre combat parce que nous le faisons pour notre pays", a déclaré Suthep à la presse au départ du cortège.

Le mouvement a toutefois indiqué avoir renforcé la sécurité, alors que Suthep était à quelques dizaines de mètres des lieux de l'explosion.

Des centaines de manifestants se sont d'autre part rassemblés devant le siège de la police pour réclamer l'arrestation du ou des responsables de l'engin explosif qui pourrait être de type grenade.

Tirs ou provocations lors de mouvements de rue ne sont pas une première dans un pays habitué des violences politiques, ni depuis le début de cette crise qui a fait neuf morts, la plupart abattus dans des circonstances troubles.

Mais les incidents des dernières semaines s'étaient produits la nuit dans des campements des manifestants, et pas en plein jour au milieu d'un cortège.

Comme lors des autres incidents, les deux camps se sont accusés mutuellement d'être responsables de l'explosion.

L'opposition est suspectée par certains de chercher à provoquer des violences pour entraîner un nouveau coup d'Etat, que le puissant chef de l'armée de terre a récemment refusé d'exclure.

Après avoir occupé ou assiégé des dizaines de ministères et administrations ces dernières semaines, les manifestants avaient lancé lundi une opération de "paralysie" de la capitale pour intensifier leur pression sur le gouvernement.

Des dizaines voire des centaines de milliers d'entre eux avaient commencé à occuper plusieurs carrefours stratégiques de la capitale. Mais la mobilisation a depuis faibli.

Alors que Suthep a d'autre part menacé cette semaine de "capturer" Yingluck et ses ministres, le gouvernement a appelé la police à arrêter l'ancien vice-Premier ministre, visé par un mandat d'arrêt pour insurrection émis début décembre.

Pour tenter de sortir de l'impasse, Yingluck a convoqué des législatives anticipées pour le 2 février, mais les manifestants ne veulent pas de ce scrutin qui a toutes les chances d'être remporté par le parti au pouvoir et que le Parti démocrate, principal parti d'opposition, boycotte.

La Première ministre a malgré tout répété cette semaine que les élections étaient la meilleure solution pour résoudre la crise.

ask-abd/pt

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