Le Français Sébastien Ogier (Volkswagen Polo-R), champion du monde en titre, a pris la tête du 82e Rallye Monte-Carlo, 1re manche du Championnat du monde des rallyes (WRC), vendredi lors de la 2e journée.
Vendredi soir à Monaco, Ogier devançait son compatriote Bryan Bouffier (Ford Fiesta RS) de 51 secondes, alors qu'il était 4e en partant de Gap le matin, à 47 secondes du pilote de la Drôme.
"On a fait les bons choix de pneus et on a pu attaquer plus fort qu'hier. Bryan fait un très beau rallye et il va falloir continuer à garder un bon rythme pour rester devant", a dit Ogier à Digne-les-Bains, lors du dernier regroupement de cette journée-marathon.
Puis le champion du monde a encore creusé l'écart avec Bouffier dans les 25 km de l'ES11 disputée entre chien et loup, à la lueur des rampes de phares, entre Clumanc et Lambruisse. De quoi aborder plus sereinement la dernière journée, samedi, et les quatre dernières spéciales (ES12 à ES15) dont deux passages dans le fameux col de Turini, derrière Nice.
C'est un tête-à-queue de Bouffier, encore en tête à midi avec 35 secondes d'avance sur Ogier, qui a permis au champion du monde de passer en tête. C'était dans l'ES9 (Vitrolles-Faye 2, 49 km), la spéciale la plus longue du rallye. Mais pas de quoi casser le moral de Bryan, toujours aussi positif lors du regroupement de Digne-les-Bains:
"C'était une super journée, mais il reste un sacré morceau, de nuit en plus. J'ai fait un tête-à-queue et j'ai perdu un peu de temps. Mais on s'amuse bien et j'ai pu faire un temps scratch, donc ça fait plaisir. Le choix des pneus était un peu compliqué, mais dans l'ensemble tout le monde a fait la même chose".
Le temps scratch de Bouffier, à la régulière face à Ogier, c'était le matin dans l'ES8 (Selonnet-Bréziers, 22 km), pour deux dixièmes de seconde. Une spéciale qui aurait pu se terminer par un drame, comme l'a raconté Ogier à midi:
"La sécurité était nulle à c... Le point stop (pour le pointage du copilote) était à 150 m de l'arrivée" du secteur chronométré et "on arrivait lancé, à 180 km/h, avec zéro adhérence, sur une route mouillée, donc on n'avait pas le temps de s'arrêter et il a fallu aller dans un champ pour éviter de tuer 15 personnes, en gros", a expliqué le héros local.
Les images impressionnantes de l'arrivée d'Ogier, et de son passage dans le champ voisin pour éviter le chapiteau rouge des commissaires, étaient vendredi soir sur le site officiel du WRC. De quoi donner le frisson et inciter les gendarmes de Thoard, à l'arrivée de l'ES10, à resserrer le dispositif après avoir "reçu de nouvelles consignes".
Dans cette même ES9 où Bouffier est parti à la faute, mais sans trop de dégâts, le Polonais Robert Kubica (Ford Fiesta RS) a vu s'évanouir définitivement ses espoirs de podium, victime d'une sortie de route alors qu'il avait jusque là déjoué tous les pièges de ce rallye compliqué.
"Il y a beaucoup d'eau sur la route, le goudron est souvent très usé, avec beaucoup de plaques noires en surface, où l'adhérence est semblable à de la glace, et c'est très piégeux. Mais on a quand même pu se faire plaisir dans d'autres portions", disait Ogier à midi.
Le soleil est enfin apparu dans l'après-midi, du côté de Thoard. Quant à Ogier, il a terminé la journée avec trois temps scratch sur cinq et une confortable avance en prévision de samedi, même s'il va continuer à se méfier de Bouffier.
Ogier et Bouffier, en 2009 et 2011, ont tous les deux remporté le Monte-Carlo quand il ouvrait le Challenge intercontinental des rallyes (IRC), moins coté que le WRC. Samedi, ils seront en bagarre pour la victoire finale en Principauté, dans la catégorie-reine, avec des moyens différents.
C'est la première fois depuis 1994, et le duel entre François Delecour et Didier Auriol, que deux Français se bagarrent en tête du Monte-Carlo. Et comme c'est le Monte-Carl', avec des prévisions météo effrayantes pour samedi, tout est encore possible.
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