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L'opposition syrienne sous pression à Istanbul pour décider de sa participation à Genève II

L'opposition syrienne sous pression à Istanbul pour décider de sa participation à Genève II

L'opposition syrienne en exil, divisée comme jamais, se retrouve une nouvelle fois vendredi à Istanbul pour se prononcer sur sa participation ou non à la conférence de paix de Genève II, sous l'intense pression de ses parrains arabes et occidentaux.

A cinq jours du coup d'envoi du rendez-vous diplomatique imposé par la Russie et les Etats-Unis, la Coalition de l'opposition syrienne réunit son assemblée générale à huis clos dans un hôtel de la lointaine banlieue stambouliote.

"Vu les discussions animées de la dernière fois, la réunion pourrait se prolonger jusqu'à samedi", a indiqué à l'AFP un membre de la Coalition.

Lors d'une première réunion dans la mégapole turque il y a dix jours, les quelque 120 délégués de l'opposition modérée au président syrien Bachar al-Assad avait été incapables de se prononcer, minés par les divisions qui les déchirent.

A la veille de sa nouvelle réunion, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a une nouvelle fois exhorté la Coalition à envoyer une délégation en Suisse.

"Les Etats-Unis (...) appellent à un vote positif", a dit M. Kerry devant la presse, "le peuple syrien doit être en mesure de déterminer l'avenir de son pays, sa voix doit être entendue".

Une partie des membres de la Coalition, à commencer par le Conseil national syrien (CNS), sa principale composante, refuse de s'asseoir à la même table que des représentants du régime de Damas.

En novembre, la Coalition avait posé comme stricte condition à sa participation que ces discussions se déroulent "sur la base d'un transfert intégral" du pouvoir et que le président Assad "et ceux qui ont du sang sur les mains ne jouent aucun rôle dans la phase transitoire et dans l'avenir de la Syrie".

Elle exige également un "cessez-le-feu" pendant la durée des discussions.

Mais ses conditions sont loin d'être satisfaites.

Le régime syrien a répété que Damas n'irait pas à Genève "pour remettre le pouvoir à qui que ce soit ni faire de transactions avec qui que soit", et qu'il revenait à Bachar al-Assad de mener la transition.

Conscients des réticences de plus en plus fortes qui animent l'opposition, ses parrains occidentaux et arabes ont multiplié les assurances et les pressions pour les convaincre de faire le voyage en Suisse, condition sine qua non de sa crédibilité.

Réuni à Paris dimanche, le groupe des onze pays "amis de la Syrie" a ainsi répété que le départ du président Assad était "inéluctable".

Mais son président Ahmad Jarba n'a pas caché les "inquiétudes", les "doutes" et les "craintes" de son organisation quant à son issue.

En coulisses, deux des parrains de la Coalition, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ont été plus directs, en menaçant directement de lui couper les vivres en cas de refus, selon des médias britanniques.

"Ils disent très clairement qu'ils ne continueront pas à nous soutenir comme ils le font maintenant", a indiqué sous couvert de l'anonymat un responsable de l'opposition à la BBC et au Guardian.

Washington et Londres ont démenti avoir tenu ce discours mais l'opposition intérieure, tolérée par le régime, en a tiré prétexte pour annoncer mercredi qu'elle bouderait la conférence suisse.

L'ONU, les Etats-Unis et la Russie ont placé l'opposition "devant le fait accompli", a déploré mercredi le Comité de coordination nationale pour les forces de changement démocratique (CCND), qui ne fait pas partie de la Coalition.

"La Coalition n'a guère le choix alors elle enverra probablement une délégation à Montreux", a pronostiqué à l'AFP une source diplomatique occidentale, "mais il y a de fortes chances pour que cette décision la fasse exploser".

La conférence de Montreux doit tenter de trouver une solution politique susceptible de mettre fin à la guerre civile en Syrie, qui a fait plus de 130.000 morts et des millions de réfugiés et déplacés depuis mars 2011.

bur-pa/jr

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