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Centrafrique: l'ONU appelle à agir pour éviter un génocide

Centrafrique: l'ONU appelle à agir pour éviter un génocide

Tous les éléments sont réunis pour qu'il y ait un génocide en Centrafrique, a averti jeudi le chef du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), John Ging, appelant à une large mobilisation humanitaire et militaire.

"Il y a tous les éléments que nous avons vus dans des endroits comme le Rwanda, la Bosnie, les éléments sont là pour un génocide. Cela ne fait pas de doute", a déclaré M. Ging, lors d'une conférence de presse à Genève, après avoir passé cinq jours en Centrafrique.

"Des atrocités sont commises de façon continue", a-t-il expliqué, soulignant que "les gens ont peur des autres communautés".

"Ce n'est pas un conflit interreligieux pour l'instant mais cela pourrait le devenir", a-t-il dit, soulignant que "le conflit avait été déclenché par des personnes extrêmement violentes ayant leur propre objectif (et) qui essaient de convertir la situation en un conflit interreligieux".

"Nous devons créer les conditions pour que la peur disparaisse", a-t-il poursuivi, estimant que le calme pouvait revenir très rapidement en cas de mobilisation internationale rapide et à large échelle.

"Les conséquences vont être dramatiques si nous n'agissons pas immédiatement", a-t-il ajouté, dénonçant l'"effondrement" complet du pays. "Politiquement, le pays s'est effondré, les services publics se sont effondrés aussi (...), l'armée et les forces de police ont aussi été désintégrées", a relevé le responsable humanitaire.

M. Ging a exhorté la communauté internationale à apporter une aide financière majeure pour fournir une assistance humanitaire en Centrafrique. Sur les 247 millions de dollars (182 millions d'euros) demandés en décembre, l'ONU n'a reçu que près de 6% des fonds demandés, soit 15,5 millions de dollars, a-t-il déploré.

Cet argent doit permettre de répondre aux besoins humanitaires de base de la population, comme distribuer de l'eau potable, des soins de santé élémentaires ou encore des abris.

"C'est une méga-tragédie", a souligné le patron des opérations humanitaires d'Ocha, déplorant que la Centrafrique ait pendant longtemps, et encore maintenant, été en dehors des priorités des donateurs.

"Nous ne pouvons pas répondre (...) aux besoins de la population sans mobilisation des ressources", a-t-il averti.

Les violences enregistrées en Centrafrique ont provoqué des déplacements massifs de population. Près d'un million de personnes ont fui leurs foyers en Centrafrique depuis le coup d'Etat de la Seleka, fin mars 2013. En outre, environ 2,6 millions de personnes, soit la moitié de la population, ont besoin d'aide humanitaire, selon l'ONU.

Sur le plan militaire, le responsable onusien a souligné que "les troupes mobilisées ont fait du bon travail" mais il a appelé les pays à "élargir" cette action.

Des forces françaises et africaines interviennent en Centrafrique pour tenter de rétablir l'ordre et une mission européenne doit les rejoindre.

Le pays a été plongé dans le chaos par un coup d'Etat en mars dernier et des affrontements opposent régulièrement des membres des communautés musulmane et chrétienne.

Depuis la mi-décembre, les agences humanitaires de l'ONU ont élevé la Centrafrique au niveau d'alerte le plus élevé (niveau 3). Seuls deux autres pays ont atteint ce statut actuellement: la Syrie et les Philippines.

apo/pjt/de

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