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Second jour d'un référendum crucial pour l'homme fort de l'Egypte, victoire du oui attendue

Second jour d'un référendum crucial pour l'homme fort de l'Egypte, victoire du oui attendue

La victoire du oui au second jour du référendum constitutionnel en Egypte ne fait aucun doute mais la participation est déterminante pour le chef de l'armée qui a destitué le président islamiste Mohamed Morsi et ne cache pas ses intentions pour la présidentielle.

Ce référendum s'apparente à un plébiscite pour le général Abdel Fattah al-Sissi, nouvel et très populaire homme fort du plus peuplé des pays arabes, notamment parce que ses détracteurs, les partisans de M. Morsi réprimés dans le sang depuis l'éviction par l'armée de leur champion le 3 juillet, ont appelé à boycotter ce rendez-vous électoral.

Dans les files d'attente des bureaux de vote du Caire, la quasi-totalité des électeurs interrogés par l'AFP affichaient fièrement leur intention de voter "pour le général Sissi" et "contre les Frères musulmans", la confrérie de M. Morsi récemment déclarée "organisation terroriste" et désormais condamnée à la clandestinité qu'elle a connu durant la quasi-totalité de ses 85 années d'existence, après avoir remporté tous les scrutins organisés depuis la révolte de 2011.

Trois jours avant le scrutin, celui qui est également vice-Premier ministre et ministre de la Défense avait appelé les 53 millions d'électeurs à voter "oui", avant d'ajouter qu'il se présenterait à la présidentielle prévue en 2014 si le "peuple le réclame" et si l'armée soutient sa candidature.

Depuis l'ouverture du vote mardi matin, plus de 350 personnes ont été arrêtées, dont des membres des Frères musulmans, pour avoir perturbé les opérations de vote, selon le ministère de l'Intérieur. Mardi, neuf personnes ont péri en marge des manifestations pro-Morsi, tandis qu'une bombe de faible puissance avait explosé au Caire avant l'ouverture des bureaux de vote.

Mercredi, aucun incident majeur n'a été signalé, mais des dizaines de pro-Morsi ont brièvement bloqué une station de métro du Caire et de modestes cortèges pro-Morsi ont été dispersés à coup gaz lacrymogènes.

Washington a appelé à un référendum "transparent", alors que le Congrès doit adopter cette semaine une mesure autorisant le versement de près d'un milliard de dollars à l'Egypte, dont la substantielle aide militaire avait été partiellement suspendue en octobre.

Si certaines organisations des droits de l'Homme dénoncent un climat de peur et de répression alors que les portraits du général Sissi ornent rues et boutiques du Caire, dès mercredi matin, la presse saluait une "révolution dans les urnes".

La nouvelle Loi fondamentale a été rédigée par une commission nommée par le gouvernement intérimaire dirigé de facto par l'armée et installé après la destitution et l'arrestation de M. Morsi, premier président civil et le seul à jamais avoir été élu démocratiquement en Egypte.

Depuis, fort du soutien de l'opinion publique, le pouvoir réprime implacablement les partisans de M. Morsi, en particulier les Frères musulmans. Plus d'un millier de manifestants ont été tués ces six derniers mois et les pro-Morsi emprisonnés par milliers.

Parallèlement, les attentats contre les forces de l'ordre se sont multipliés. Pour assurer la sécurité du scrutin qui se clôt mercredi soir, le gouvernement a annoncé le déploiement de 160.000 soldats et 200.000 policiers.

"On a fait confiance aux Frères musulmans et accepté leur Constitution, leur gouvernement et leur Parlement (...) mais ils nous ont trompés. Maintenant, nous votons pour cette Constitution pour sortir de la crise", a déclaré à l'AFP une électrice du Caire, Jihane Abdelaziz.

Le gouvernement intérimaire doit organiser en 2014 des élections législatives et présidentielle, mais les partisans de M. Morsi refusent de participer à ces échéances. Amr Desoki, étudiant, a ainsi affirmé à l'AFP "boycotter cette Constitution et la mascarade qui se joue en ce moment". "Cette Constitution est illégitime et je ne la reconnais pas", a-t-il ajouté.

Pour les experts, le pouvoir voit dans ce référendum un premier moyen d'obtenir une caution par les urnes pour ce que ses détracteurs présentent comme un "coup d'Etat militaire". "Ils ont besoin d'un vote populaire de confiance clair, qui permettrait au général Sissi de se présenter à la présidentielle s'il le décidait", estime Andrew Hammond, du European Council on Foreign Relations.

"Travaillez dur! Nous avons besoin de ce référendum pour sécuriser le pays!", a lancé mardi à ses soldats le général Sissi en visitant un bureau de vote au Caire.

Le projet de Constitution a été débarrassé de clauses ouvrant la voie à une islamisation de la loi, qui avaient provoqué une levée de boucliers sous la présidence Morsi, mais ne modifie que très marginalement les pouvoirs institutionnels et renforce le poids de l'armée dans la vie politique.

Le texte adopté fin 2012 avait recueilli 64% des suffrages alors que 33% des électeurs s'étaient déplacés, un taux que les nouvelles autorités espèrent dépasser. Le résultat du référendum ne devrait pas être connu avant plusieurs jours.

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