Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Obama s'oriente vers une réforme modeste des méthodes de surveillance

Obama s'oriente vers une réforme modeste des méthodes de surveillance

Après sept mois de révélations et de controverse sur les programmes américains d'espionnage, le président Barack Obama devait répondre à Edward Snowden vendredi, en annonçant une série de réformes qui laisseraient toutefois en vie le programme Prism de surveillance d'internet.

Selon le New York Times mercredi, le président ne devrait pas annoncer de révolution dans la façon dont l'Agence nationale de sécurité (NSA) récolte et stocke des milliards d'informations relatives aux communications téléphoniques et électroniques aux Etats-Unis et à l'étranger.

Un groupe de cinq experts mandatés par Barack Obama a formulé en décembre 46 recommandations, en particulier sur le programme autrefois ultra-secret de récolte des "métadonnées" de l'intégralité des appels téléphoniques passés aux Etats-Unis, première révélation explosive d'Edward Snowden en juin 2013.

Ces métadonnées incluent les numéros appelés, les horaires et durées des appels, mais pas les enregistrements des conversations. Leur exploitation ne viole donc pas, selon l'administration, le Quatrième amendement de la Constitution qui protège les Américains contre les perquisitions et saisies non ordonnées par la justice.

Cette interprétation est contestée, y compris devant les tribunaux, par de nombreux parlementaires et associations de défense des libertés.

Le quotidien a révélé aussi mercredi que la NSA était capable de pénétrer des ordinateurs qui ne sont pas connectés à internet grâce à un système d'ondes radio.

Selon le journal, Barack Obama ne devrait pas suivre l'avis des experts, qui proposaient pour éviter tout abus que le stockage des métadonnées se fasse chez les opérateurs téléphoniques, et non dans les serveurs de la NSA.

Mais son discours sera marqué, d'après le journal, par "un esprit de réforme" et "laisse(ra) la porte ouverte à d'autres changements plus tard".

Il devrait par exemple "proposer la création d'un représentant public pour se pencher sur les problèmes de protection de la vie privée devant les cours secrètes régissant le système de renseignement".

"Le discours du président Obama, vendredi, déterminera non seulement l'orientation des programmes et de la politique de sécurité nationale, mais définira aussi son bilan en matière de libertés civiques", a estimé Anthony Romero, directeur général de la grande association de défense des droits civiques American Civil Liberties Union (Aclu).

L'esprit de réforme pourrait être beaucoup plus timoré pour les programmes ciblés sur les étrangers. Le groupe d'experts s'était gardé de demander la suppression du programme qui a scandalisé les Européens: Prism.

Cet outil est défendu par le renseignement comme l'un des plus efficaces de la NSA. Il permet d'accéder aux courriels, photos et communications échangées sur les sites internet les plus utilisés dans le monde, notamment les messageries Gmail et Hotmail, ou encore le service de tchat vidéo Skype, par les étrangers vivant hors des Etats-Unis.

Google, Microsoft, Apple et les autres géants d'internet contestent fermement donner à la NSA un accès spécial à leurs serveurs, mais leur image a souffert.

"Ils veulent avoir le droit d'être plus transparents sur les données qu'ils donnent, et dans quelles conditions", explique à l'AFP Mark Rumold, de l'Electronic Frontier Foundation, qui défend les libertés sur internet.

Selon le New York Times, Barack Obama pourrait "appeler à la mise en place de garde-fous pour protéger la vie privée des étrangers".

L'écoute de dirigeants étrangers, et notamment de la chancelière allemande Angela Merkel, avait elle aussi choqué. M. Obama envisagerait de limiter les interceptions de courriels et appels de dirigeants alliés.

Le Congrès serait au final invité à voter ses propres mesures.

Le débat consiste à déterminer "si le gouvernement doit avoir le pouvoir de créer des bases de données massives d'informations sur ses citoyens", déclarait mardi le sénateur démocrate Patrick Leahy, qui veut "imposer des limites plus strictes sur les pouvoirs de surveillance de l'Etat".

Mais le consensus politique qui garantit en 2001 l'adoption facile du "Patriot Act" a volé en éclat, rendant le parcours parlementaire imprévisible.

"Nous espérons que le président ne se contentera pas d'être un observateur passif des délibérations du Congrès", s'est inquiété Kate Martin, directrice du Center for National Security Studies, en pointe sur les questions de libertés fondamentales.

col-ico/are

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.