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Avortement en Espagne: fronde au sein de la majorité de droite

Avortement en Espagne: fronde au sein de la majorité de droite

Honnie par l'opposition, la réforme du gouvernement de droite supprimant quasiment l'avortement en Espagne suscite un malaise grandissant au sein de la majorité dont certains réclament désormais clairement la suspension du projet de loi.

Le groupe du Parti populaire (PP, droite au pouvoir) du Parlement de la région d'Extrémadure, opposé au projet, a franchi un pas de plus mercredi et déposé un texte devant cette chambre. Il demande au gouvernement "de ne pas aller de l'avant vers le processus d'examen parlementaire de l'avant-projet de loi tant que le dialogue n'a pas eu lieu et qu'un consensus n'a pas été trouvé avec d'autres forces politiques".

"Le droit à décider des femmes sur leur maternité ne peut pas entrer dans le cadre d'un débat politique, éthique ou sociologique qui n'envisage pas comme point de départ incontournable la libre décision des femmes", affirme le texte.

Une initiative qui s'inscrit dans la droite ligne de la position du président de la région José Antonio Monago, l'un des premiers à avoir ouvertement critiqué la réforme voulue par le gouvernement.

Mais il n'est pas le seul. Clairement opposée au projet, la députée de droite Celia Villalobos a demandé la liberté de vote.

Le président de la région de Galice Alberto Nuñez Feijoo, un fidèle du chef du gouvernement Mariano Rajoy, a souhaité que la réforme soit modifiée et "soutenue majoritairement par le Parlement".

La déléguée du gouvernement de la région de Madrid, Cristina Cifuentes, a, elle aussi, souhaité un "consensus parlementaire" sur ce texte.

Le PP a refusé mardi d'ouvrir un débat d'urgence, réclamé par l'opposition, avec l'audition du ministre de la Justice qui a présenté le projet Alberto Ruiz-Gallardon, de la numéro deux du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria, et de la ministre de la Santé Ana Mato.

Selon la procédure prévue, le texte devrait arriver dans environ deux mois au Parlement où le débat devrait se poursuivre jusqu'à l'automne.

Mais "il est clair qu'il y aura des changements" au cours du débat, a assuré mercredi le porte-parole du groupe PP au Congrès des députés, Alfonso Alonso.

Le texte adopté par le gouvernement le 20 décembre prévoit de supprimer le droit à l'avortement sauf dans quelques cas très précis: danger prouvé pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme, ou en cas de viol ayant fait l'objet d'une plainte antérieure.

Elle raye la loi actuelle, votée en 2010 sous le gouvernement socialiste, qui autorise l'avortement jusqu'à 14 semaines de grossesse et jusqu'à 22 semaines en cas de malformation du foetus.

Vent debout contre le texte, l'opposition socialiste a vu dans l'initiative de l'Extrémadure le symbole des "contradictions" et d'un "grand problème" posé par la réforme au sein du PP.

Le PSOE a dès le départ mené la charge pour obtenir son retrait, dénonçant "un retour en arrière de 30 ans".

Ce projet "nous renvoie dans le tunnel du temps et essaie de nous imposer un retour en arrière sans précédent, sous la pression de l'aile dure du PP", a de nouveau déploré mardi la numéro deux du Parti socialiste, Elena Valenciano.

Selon elle, 92% des femmes qui avortent aujourd'hui ne pourront plus le faire.

D'autres partis d'opposition ont également demandé la suspension, comme la porte-parole des centristes de l'UPyD Rosa Diez et celui des nationalistes basques du PNV, Aitor Esteban.

Les socialistes et le gouvernement comptent porter le débat devant le Parlement européen, chacun disposant de soutiens.

La ministre française des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a souhaité dimanche que "les libertés fondamentales", comme le droit à l'avortement, fassent partie du débat aux prochaines élections européennes, dénonçant "les lobbies très conservateurs" opérant en Europe.

Alberto Ruiz-Gallardon s'est dit "convaincu" que la future loi aura une suite ailleurs en Europe.

"Nous avons rédigé la première loi qui reflète l'opinion majoritaire des citoyens européens", a estimé le ministre espagnol.

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