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Hallum, réfugiée centenaire dont le coeur est resté en Syrie

Hallum, réfugiée centenaire dont le coeur est resté en Syrie

Hallum Al-Amin vient de fêter ses 100 ans, entourée d'une grande partie de sa famille, désespérant de pouvoir jamais revoir un jour sa maison en Syrie, qu'elle a dû fuir l'année dernière pour le Liban.

"J'ai peur de mourir hors de ma patrie", explique-t-elle à l'AFP dans un coin de la modeste maison chichement meublée où sa famille s'est installée dans un village près de Tyr (sud).

"J'attends le moment où nous rentrerons en Syrie. La maison, c'est précieux", ajoute-t-elle.

L'âge lui a pris une partie de son audition et la plie quasiment en deux, mais sa mémoire ne lui joue aucun tour quand elle répète le nom de ses 13 petits-enfants, presque tous réfugiés comme elle.

"Il aurait mieux valu pour moi de rester au village, malgré ce qui se passait et la pauvreté là-bas", insiste-t-elle en rajoutant du bois dans le poêle pour réchauffer la pièce.

"C'est vrai que je suis heureuse d'être avec mes enfants et mes petits-enfants, mais ma joie sera encore plus grande quand je rentrerai en Syrie. Mon coeur est ici (...), mais mon esprit est là-bas, à Kansafra, dans la province d'Idleb", dans le nord-ouest de la Syrie, explique-t-elle.

Sa région est pourtant l'une des plus meurtries par le conflit qui a fait, selon une ONG syrienne, plus de 130.000 morts depuis le début en mars 2011 du soulèvement contre le président Bachar al-Assad.

Hallum avait d'ailleurs choisi de rester quand sa famille est partie au Liban au début du conflit, avant de se laisser convaincre de les rejoindre, il y a six mois, à l'âge de 99 ans.

Elle ne connaît pas sa date de naissance exacte, mais elle sait qu'elle est née en 1914. A son arrivée au Liban, le haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HRC) lui a attribué la date du 1er janvier, faisant d'elle une centenaire officielle dès les premières heures de 2014.

Depuis bientôt 3 ans, plus de 905.000 Syriens ont fui le conflit dans leur pays pour trouver refuge au Liban voisin, selon les statistiques officielles de l'ONU, qui sont probablement largement en-dessous de la réalité.

"Nous nous sommes arrachés les cheveux pour la faire sortir de Kansafra, parce que la situation là-bas devenait incroyablement dangereuse", explique Ahmed al-Ahmed, 25 ans, l'un de ses petits-fils.

"Il est de notre devoir de protéger notre grand-mère, et nous aimons l'avoir avec nous pour lui donner un peu de la tendresse qu'elle nous a donnée", ajoute-t-il.

Mais Hallum répète encore et toujours son mal du pays: "J'ai quitté la terre où je suis née et où j'ai vécu pendant un siècle. N'est-elle pas plus précieuse que ce qui me reste à vivre?".

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