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Des forces de sécurité en piètre état retrouvent leurs casernes à Bangui

Des forces de sécurité en piètre état retrouvent leurs casernes à Bangui

Séances de pompes, garde à vous, passage en revue de "troupes" dépenaillées: le retour lundi de centaines de soldats centrafricains dans leurs casernes a donné lieu à des scènes quelque peu surréalistes à Bangui. La refondation de l'armée reste l'immense défi à venir.

Dès 09H00, ils se pressent par dizaines dans la cour de l'Ecole nationale d'administration et de magistrature (Enam), où l'état-major des forces centrafricaines a installé un bureau d'enregistrement.

Atmosphère joyeuse, retrouvailles. "Je suis très content de retrouver mes frères d'armes", explique l'adjudant Jacky Morel Gbabja, vêtu d'une chemise bariolée et coiffé d'une casquette. Comme la majorité de ses semblables, il est venu en civil. Il n'y a plus d'uniformes dans l'armée centrafricaine.

Répondant à l'appel lancé la veille par le chef d'état-major, le général Ferdinand Bombayaké, des centaines d'ex-soldats, policiers et gendarmes, qui s'étaient éparpillés dans la nature lors de la prise du pouvoir en mars 2013 du président désormais déchu Michel Djotodia et de ses rebelles Séléka, ont rejoint lundi leurs points de casernement.

"C'est un soulagement, un très bon signe", explique le colonel Désiré Bakossa, membre de l'état-major. "On va faire le point des effectifs, et ensuite on lancera des appels à la communauté internationale. Car on n'a plus rien, plus d'uniformes, plus d'armes, plus de véhicules", insiste-t-il, pendant qu'un groupe d'hommes effectue des pompes sous les ordres d'un officier en survêtement.

Autre ambiance au camp Izamo, centre de la gendarmerie nationale. Tapis rouge et fanfare pour accueillir le président par intérim Alexandre-Ferdinand Nguendet, venu passer les troupes en revue.

Lunettes noires, costume cravate, M. Nguendet, très à l'aise dans sa nouvelle fonction de président --et probablement candidat à sa propre succession-- harangue ses troupes d'un ton martial, malgré un micro défaillant.

"L'anarchie à Bangui, c'est fini", clame-t-il, en promettant le retour des forces de sécurité dans la rue "dans les prochaines 72 heures" et en sommant tous les anciens gendarmes ou policiers encore en fuite de revenir dans leurs casernes, "faute de quoi ils seront considérés comme déserteurs et traités comme tels".

"J'ai décidé de redonner à notre armée son honneur et sa place parmi les Etats de la sous-région", martèle-t-il. Vaste tâche.

La Centrafrique est plongée dans le chaos et l'anarchie, il n'y a quasiment plus d'Etat. Les salaires n'ont pas été payés depuis octobre au minimum.

Le retour des forces de sécurité dans leurs caserne n'est qu'un tout petit premier pas, constate prudemment une source française. "Ca ne va pas se faire comme ça, c'est un travail de fourmi et on va voir au jour le jour", ajoute cette source.

En outre, quelle armée refonder ? Que faire des anciens rebelles Séléka, qui ont régné sur le pays pendant 10 mois et se sont rendus coupables d'exactions à grande échelle contre la population ? Des milliers d'entre eux sont cantonnés dans des camps à Bangui, attendant la suite.

Au camp militaire Beal, où 2.000 Séléka sont casernés depuis des semaines, l'ambiance est plus que morose. "Nous sommes des militaires, nous sommes aussi l'armée de la nation", déclare le "général" Yahia Escout. "Il faut qu'on s'occupe de nous maintenant", ajoute-t-il, assurant que ses hommes n'ont pas reçu de rations depuis trois semaines.

"On n'a rien, pas de médicaments, pas de cigarettes, pas de lits picot, pas de moustiquaires. On nous a demandé de rester ici, on s'est plié aux consignes, mais on ne nous nourrit pas", s'indigne un jeune homme, Mahmat.

"Nous demandons aux nouvelles autorités de nous donner des opportunités de travail", répète-t-il, assis sur un matelas souillé dans une des baraques du camp.

"Pour qu'il y ait la paix, il faut qu'on puisse payer les gens", résume simplement l'adjudant Gbabja.

cf/cl/sd

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