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Mort de Sharon: le retrait de Gaza laisse un goût amer aux colons

Mort de Sharon: le retrait de Gaza laisse un goût amer aux colons

Pour les colons israéliens, "Arik" Sharon, l'ancien homme fort d'Israël, décédé samedi, restera à jamais celui qui a bâti et développé les implantations, mais aussi l'homme honni du retrait de Gaza.

Ex-dirigeant des colonies de la bande de Gaza, Tzvi Endel, un ancien ami du défunt, a avoué "ne pas être capable de lui pardonner".

"Mais je n'oublie pas tout ce qu'il a fait à mes côtés pendant des dizaines d'années pour construire ce qu'il a détruit plus tard", a-t-il ajouté.

Pour Danny Dayan, porte-parole du Conseil de Judée et Samarie, la principale organisation de colons en Cisjordanie, "Ariel Sharon était un grand héros militaire. Il a construit des implantations sur la patrie ancestrale. Il a combattu le terrorisme. Je préfère laisser de côté les souvenirs de la terrible erreur du retrait de Gaza".

De son côté, Benny Katsover, l'un des pionniers de la colonisation et qui a longtemps côtoyé Sharon, "la plaie béante du retrait est encore vive, même si je n'oublie pas ce que nous avons fait ensemble pour bâtir des implantations".

"Arik" (diminutif d'Ariel) fut le champion de la colonisation dès les années 70, soutenant le Goush Emounim ("Bloc de la foi"), mouvement qui accéléra la colonisation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.

Cultivant des relations privilégiées avec ces dirigeants nationaux-religieux, il usa de ses diverses fonctions de ministre de la Défense, de l'Agriculture et du Logement pour faire avancer leur cause.

En 1998, au lendemain de la signature du mémorandum de Wye River (Etats-Unis), qui prévoyait un retrait israélien de 13% de la Cisjordanie, Ariel Sharon, alors ministre des Affaires étrangères (bien des Affaires étrangères) du premier gouvernement Netanyahu, avait lancé un appel aux colons à "occuper chaque colline" de ce territoire palestinien. Une exhortation suivie au doigt et à l'oeil.

Mais l'homme qui, devenu Premier ministre, assurait que "Netsarim (une colonie de Gaza) était aussi importante que Tel-Aviv" allait prendre à contrepied la droite israélienne et les colons en annonçant en 2003 qu'il envisageait un plan de retrait unilatéral de Gaza.

Entre ce discours choc tenu à Herzliya, près de Tel-Aviv, et l'évacuation effective de Gaza en août 2005, les colons allaient devenir des adversaires farouches d'Ariel Sharon, transformant leur héros en ennemi juré.

Pour les milieux ultra-nationalistes, le désengagement de Gaza et l'expulsion manu militari de plus de 8.000 colons de l'enclave palestinienne reste une tache indélébile dans sa carrière.

"L'histoire n'oubliera pas ses crimes contre le peuple juif", a tranché dimanche son ancien conseiller Yaakov Katz, un des leaders historiques du Goush Emounim, dans un communiqué.

Orit Struck, une députée du Foyer juif, parti très proche des colons, a créé un mini-scandale samedi en se disant satisfaite que Dieu ait stoppé la carrière de "destructeur" d'Ariel Sharon, foudroyé par une attaque cérébrale début 2006. Elle a dû ensuite faire amende honorable.

"Sa maladie (...) a sauvé Israël d'une terrible dégradation", a corrigé la parlementaire.

Plus dur encore, Yehuda Glick, militant de l'aile la plus radicale du Likoud (droite), a soutenu sur sa page Facebook qu'évoquer les mérites de l'ex-Premier ministre revenait à "demander à une femme violée apprenant la mort de son agresseur de se souvenir de ses bonnes actions avant le viol".

Dans les nouveaux locaux de la yéchiva (institut talmudique) Torat Haïm, évacuée de Gaza en 2005 et réinstallée à Yad Binyamin (sud d'Israël), certains élèves ne dissimulaient pas leur joie.

Un panneau provocateur sur lequel était inscrit "Félicitations cordiales à Ariel Sharon à l'occasion de son décès" a été affiché dimanche à l'entrée de l'institut. Ce qui a déclenché une enquête du ministère de la Sécurité intérieure.

Paradoxalement, nombre d'anciens habitants du Goush Katif, nom donné aux colonies de la bande de Gaza, semblaient plus mesurés.

"Je porte le deuil comme tout le peuple d'Israël", a laconiquement commenté Zévouloun Kalfa, évacué de Gaza et devenu depuis député du Foyer Juif.

mib-agr/jlr/cco

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