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La Centrafrique à la recherche d'un président d'exception

La Centrafrique à la recherche d'un président d'exception

Le Parlement provisoire centrafricain va s'atteler cette semaine à une tâche herculéenne: trouver un nouveau président de transition compétent, intègre et respecté qui devra pacifier et remettre en marche en quelques mois un très pauvre pays, déchiré par d'incessantes violences.

La vice-présidente du Conseil national de transition (CNT, parlement provisoire), Léa Koyassoum Doumta, syndicaliste et femme politique, dresse un portrait robot du futur président intérimaire particulièrement exigeant pour remplacer le démissionnaire Michel Djotodia.

"Il doit être quelqu'un qui peut unir les Centrafricains, ramener la sécurité, calmer la tension, remettre tout le monde au travail, préparer le terrain à l'organisation d'élections libres, démocratiques, transparentes", explique-telle à l'AFP, ajoutant: il doit "rassurer les ex-Séléka (combattants de M. Djotodia) et les anti-balaka (miliciens opposés à M. Djotodia), qui sont des produits de la société centrafricaine. Ce sont nos enfants et c'est nous qui les avons créés".

Le nouveau président va effectivement hériter d'un pays à la dérive: climat de haine intercommunautaire, près d'un million de déplacés - sur une population totale de 4,6 millions d'habitants -, crise humanitaire sans précédent, administrations à l'arrêt, économie totalement désorganisée.

Pour accomplir ce travail, et même s'il bénéficie du soutien - politique, militaire, financier - de la communauté internationale, il aura peu de temps. Le calendrier de la transition stipule que les élections générales doivent être organisées au plus tard au premier semestre 2015.

Mais la France, ancienne puissance coloniale et qui joue un rôle moteur dans la mobilisation de la communauté internationale sur la crise centrafricaine, veut qu'elles se tiennent bien plus tôt, avant la fin 2014.

Selon la Constitution de transition, élaborée après la prise du pouvoir en mars de Michel Djotodia qui a démissionné vendredi, le président de transition ne pourra être candidat à la prochaine présidentielle.

Tous les ténors de la classe politique centrafricaine ont déjà fait savoir qu'ils ne brigueraient pas le poste de la transition pour cette raison.

C'est par exemple le cas de Martin Ziguélé, ancien Premier ministre, principal opposant de François Bozizé - renversé en mars par Michel Djotodia - et déjà deux fois candidat à une élection présidentielle, en 2005 et en 2011: "je ne serai pas candidat à un poste tant que la transition sera en cours".

Faute de poids-lourd politique, l'élu pourrait donc être un homme retiré des affaires, mais ils sont pas si nombreux, ou issu de la société civile. Car la classe politique centrafricaine ne brille pas par sa qualité, explique Thierry Vircoulon, en charge de l'Afrique centrale au centre de réflexion International crisis group (ICG).

"Beaucoup de partis sont tout à fait artificiels et même illusoires. Ce sont souvent des gens de la diaspora, pas vraiment implantés dans le pays et déconnectés des réalités", analyse-t-il, ajoutant: "on ne sait pas combien ces gens pèsent et eux ne le savent pas eux-mêmes".

Faute de trouver l'homme - ou la femme - idéal pour cette deuxième transition, "le risque, c'est qu'on décide un partage du pouvoir entre les belligérants, Séléka et anti-balaka, pour diriger l'autorité de transition", avertit M. Vircoulon.

Une telle configuration aboutirait à une nouvelle paralysie de l'exécutif, scindé en deux camps cherchant à se neutraliser, comme cela avait été le cas sous Djotodia, dont les relations avec son Premier ministre, Nicolas Tiangaye, étaient notoirement mauvaises.

Cela s'était traduit par une incapacité du gouvernement à s'attaquer à la crise qui mine les fondements de la société centrafricaine, avec les conséquences tragiques que l'on voit au quotidien dans les rues de Bangui.

bur-mc/jpc

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