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Syrie: réunion internationale pour inciter l'opposition à aller négocier la paix à Genève

Syrie: réunion internationale pour inciter l'opposition à aller négocier la paix à Genève

A dix jours d'une conférence de paix sur la Syrie en Suisse, la Coalition nationale de l'opposition, profondément divisée sur la question de sa participation, rencontre dimanche à Paris les onze pays qui la soutiennent et qui vont l'exhorter à aller à Montreux-Genève à partir du 22 janvier, coûte que coûte.

Quarante-huit heures de débats houleux à Istanbul cette semaine n'ont pas permis à la Coalition de prendre une décision, renvoyée au 17 janvier. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, depuis Paris, a demandé jeudi aux uns et aux autres de "faire des efforts" et d'aller négocier pour dégager une solution politique au conflit.

Un responsable américain du département d'Etat s'est dit relativement optimiste. "Il y a des gens tout autour de la planète qui font de leur mieux pour faire venir (l'opposition) avec une position unifiée" en Suisse, a-t-il expliqué. "A titre personnel, je suis assez confiant dans le fait qu'ils vont réussir" , a-t-il ajouté, lors d'une conférence téléphonique.

La Coalition exige, avant la tenue de la conférence, la cessation de l'utilisation d'armes lourdes par le régime et la mise en place de couloirs humanitaires, a rappelé son ambassadeur en France Monzer Makhous, interrogé par l'AFP. Plus de 130.000 personnes dont plus de 7.000 enfants ont été tuées dans les combats entre rebelles et régime depuis mars 2011, qui ont provoqué l'exode de millions de déplacés et de 2,4 millions de réfugiés.

La France réunit au Quai d'Orsay le président Ahmad Jarba et deux des trois vice-présidents de la Coalition syrienne, ainsi que les ministres des Affaires étrangères des Onze (Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, France, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Egypte, Jordanie, Etats-Unis, Turquie).

Parallèlement, d'intenses échanges diplomatiques sont prévus à Paris. Le secrétaire d'Etat John Kerry rencontre dimanche ses pairs arabes sur l'évolution des négociations de paix entre Palestiniens et Israël puis lundi son homologue russe Sergueï Lavrov, avec au menu la participation éventuelle à Genève-2 de l'Iran qui soutient le régime de Damas et prédit un échec des pourparlers s'il n'y assiste pas. Washington est contre la présence de Téhéran.

L'objectif de la conférence, défini par l'ONU conformément à un accord international de juin 2012 à Genève jamais appliqué, est de discuter d'un processus de transition politique avec la formation d'un gouvernement provisoire, composé de membres du régime et de l'opposition, doté des pleins pouvoirs exécutifs.

"Nous pensons qu'il est important que la Coalition prenne une décision en faveur d'une participation, ne serait-ce que pour montrer qu'il y a d'un côté une opposition qui est prête à s'engager dans une transition politique alors que le régime syrien est certes prêt à mettre des gens dans un avion pour Genève mais pas à négocier la solution politique", souligne un diplomate français.

En décembre, le régime de Bachar al-Assad a annoncé vouloir envoyer une délégation mais le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem a répété que Damas n'irait pas à Genève "pour remettre le pouvoir à qui que ce soit ni faire de transactions avec qui que soit".

Cette attitude du régime mais surtout l'intensification des bombardements des troupes de Bachar al-Assad, sur Alep (Nord) et d'autres villes, expliquent les fortes réticences de plusieurs tendances de la Coalition à aller négocier, d'autant que les principaux groupes de combattants rebelles sont opposés à toute forme de négociation avec le régime.

"Il y a plein d'interrogations, de difficultés. Les choses ne sont pas simples pour la Coalition. Ce sera sa décision", dit encore le diplomate français.

Sur le terrain, l'opposition armée se bat aussi depuis une semaine contre ses ex-frères d'armes, les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), accusés d'exactions. Cette guerre interne a fait en huit jours plus de 500 morts dont 85 civils, dans le Nord. Cinq rebelles ont encore été tués samedi dans une attaque à la bombe des jihadistes, à Saraqeb (270 km au nord de Damas) où se déroulent de violents combats pour le contrôle de la ville. Profitant de la situation, l'armée syrienne a pris le contrôle de la ville de Nakarine, près d'Alep (nord).

La réunion de Paris doit aussi faire le point sur la situation humanitaire.

Pour Nicolas Vercken de l'ONG Oxfam-France, elle "doit se concentrer sur l'avancement de mesures pouvant améliorer rapidement cette situation et mettre fin aux violences". "Les pourparlers de Genève représentent la meilleure chance d'atténuer les souffrances des Syriens", estime encore Oxfam.

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