Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Irak: les habitants de Fallouja reviennent peu à peu dans la ville

Irak: les habitants de Fallouja reviennent peu à peu dans la ville

Les habitants ayant fui Fallouja, théâtre de combats la semaine écoulée, revenaient peu à peu samedi dans cette ville à l'ouest de Bagdad, toujours tenue par des insurgés armés.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a apporté vendredi son soutien au gouvernement irakien, dominé par les chiites, dans sa lutte pour reprendre Fallouja et les quartiers de Ramadi, à 60 et 100 km à l'ouest de Bagdad, pris la semaine dernière par des insurgés, dont des jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL, lié à Al-Qaïda).

Le Premier ministre Nouri al-Maliki a pour sa part appelé les Irakiens à soutenir l'armée: "Nous devons choisir d'être aux côtés de nos forces armées et de nos services de sécurité".

Les combats, mais aussi les difficultés d'approvisionnement en eau, en nourriture et en carburant, avaient poussé de nombreux habitants à fuir Fallouja. Le Croissant rouge irakien avait ainsi recensé 13.000 familles réfugiées dans les provinces voisines.

Mais samedi matin, les véhicules se pressaient sur la principale route reliant la capitale à Fallouja: les habitants rentraient chez eux.

La plupart des commerces ont rouvert dans cette ville sunnite contrôlée par des hommes armés, membres de l'EIIL mais aussi de tribus hostiles au gouvernement.

Les opérations de sécurité ont été suspendues dans des secteurs entre Fallouja et Ramadi en raison de fortes pluies durant la nuit qui ont limité les capacités des avions et des véhicules de combats.

Vendredi, les forces de l'ordre et des combattants des tribus étaient parvenus à reprendre aux jihadistes deux quartiers de Ramadi, chef-lieu de la province d'Al-Anbar.

Selon un commandant d'une milice tribale, Mohammed Khamis Abu Risha, les combattants de l'EIIL ne contrôlent plus que 10% de Ramadi.

C'est la première fois que des hommes armés prennent aussi ouvertement le contrôle de zones urbaines depuis l'insurrection qui a suivi l'invasion américaine de 2003, dont la province d'Anbar, frontalière de la Syrie, a été l'un des bastions.

Les violences, déclenchées le 30 décembre avec le démantèlement à Ramadi d'un camp de protestataires sunnites anti-gouvernementaux, ont fait plus de 250 morts, selon un décompte de l'AFP fondé sur des sources médicales et officielles.

Il y a une semaine, des centaines d'hommes armés, arborant pour certains le drapeau noir des jihadistes, ont participé dans le centre de Fallouja à la grande prière hebdomadaire, au cours de laquelle un combattant avait solennellement déclaré la ville "Etat islamique", selon un témoin et des images diffusées par les jihadistes.

Depuis, des policiers chargés de la circulation ont repris leur poste dans les rues de Fallouja, toujours sous le contrôle d'hommes armés.

Après avoir déployé des renforts tout autour de la ville, l'armée a assuré qu'elle ne mènerait pas d'assaut dans l'immédiat, pour éviter des victimes civiles.

Une attaque contre Fallouja risque d'aggraver les tensions entre la minorité sunnite et le gouvernement, et constitue un défi de taille pour les forces gouvernementales qui n'ont encore jamais mené une opération de cette ampleur depuis le départ des derniers soldats américains il y a deux ans.

"Les Marines américains avaient eu du mal à prendre Fallouja en 2004. L'armée irakienne n'est pas prête à un tel combat", a estimé Jessica Lewis, ancien officier de renseignement de l'armée américaine. Elle "ne possède ni les armes de précision, ni les services de renseignements, ni la discipline nécessaires pour reprendre Fallouja sans causer de lourdes pertes civiles".

Dans un communiqué, le conseil de sécurité de l'ONU a fait valoir le "grand courage" des forces de sécurité à Anbar.

Le conseil a aussi pressé "les tribus irakiennes, les responsables locaux, et les forces de sécurité dans la province (...) de poursuivre, d'étendre et de renforcer leur coopération contre la violence", et souligné "l'importance cruciale d'un dialogue et d'une unité nationale".

La crise à Al-Anbar et la persistance d'un niveau élevé de violences dans le reste du pays constituent l'une des menaces les plus importantes pour M. Maliki, au pouvoir depuis huit ans, à quelques mois des élections législatives prévues en avril.

bur/psr/wd/vl/faa

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.