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Le président centrafricain démissionne

Le président centrafricain démissionne

La démission du président par intérim Michel Djotodia a été accueillie vendredi par des scènes de liesse qui ont rassemblé des milliers de personnes dans les rues de Bangui, la capitale de la République centrafricaine.

Le départ de Michel Djotodia et de son premier ministre, Nicolas Tiangaye, a été annoncé dans un communiqué à l'issue de deux journées d'un sommet extraordinaire à huis clos des dirigeants des pays de la région à N'Djamena, au Tchad.

Le texte ajoute que les négociations pour la désignation d'une nouvelle équipe dirigeante auront lieu en République centrafricaine.

Les discussions n'ont trouvé une issue qu'après l'arrivée à N'Djamena des chefs de l'opposition et des 135 membres du Conseil national de transition (CNT) qui fait office de

Parlement intérimaire, jeudi soir.

« La France prend acte de cette décision », dit le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

« Il appartient maintenant au Conseil national de transition centrafricain de décider rapidement d'une nouvelle équipe dirigeante », ajoute-t-il dans un communiqué. « La France se tient aux côtés des Centrafricains pour les aider à résoudre durablement la crise que connaît ce pays ami. »

Les participants au sommet de la Communauté économique des États d'Afrique centrale (CEEAC), présidée par le Tchadien Idriss Déby, commençaient à montrer des signes d'impatience face aux réticences de Michel Djotodia à quitter le pouvoir.

« Nouveau jour »

Selon un accord conclu par les puissances régionales en 2013, le CNT est chargé de choisir un dirigeant de transition qui amènera la République centrafricaine aux élections prévues pour la fin 2014. Le CNT avait élu Michel Djotodia à son poste de président par intérim en avril.

À l'annonce de la démission, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Bangui, chantant, dansant et faisant retentir le klaxon de leur voiture.

Des scènes de joie ont également éclaté à l'aéroport international de Bangui, transformé en camp protégé par l'armée française, dans lequel se trouvent quelque 100 000 réfugiés chrétiens.

Des membres de l'ancienne coalition rebelle Séléka ont tiré des coups de feu en l'air pour se frayer un chemin et quitter les quartiers dans lesquels ils se trouvaient, ont dit des habitants.

« C'est un nouveau jour pour la République centrafricaine. Dieu a entendu nos pleurs et nos prières », a dit Jeanne, 71 ans, une commerçante de Bangui dont le fils a été tué par les rebelles de la Séléka en mars.

La France, agissant sous mandat de l'ONU, a dépêché 1600 soldats en République centrafricaine afin d'aider la MISCA, la force africaine qui devrait être portée à 6000 hommes.

Vendredi soir, après l'entrée en vigueur du couvre-feu à Bangui, les soldats français ont tiré des coups de sommation pour éviter des affrontements entre des combattants de la Séléka et leurs adversaires chrétiens dans le quartier de Miskine, a déclaré Amy Martin, directrice en République centrafricaine du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU.

« Les Français ont effectué des tirs de sommation pour tenter de calmer la situation. Il y a eu des tirs pendant une demi-heure, c'est un peu plus calme maintenant », a-t-elle dit.

Des blindés français ont pris position aux abords du palais présidentiel.

Les Européens ont annoncé cette semaine qu'ils étudiaient la possibilité de l'envoi d'un bataillon, soit entre 700 et 1000 soldats, afin de soulager les efforts consentis par la France dans le cadre de l'opération Sangaris.

Réunis ce vendredi à Bruxelles, les ambassadeurs de l'UE ont accepté dans leurs grandes lignes des propositions destinées à permettre un envoi rapide de troupes.

Ils ont demandé à Catherine Ashton de présenter des propositions plus détaillées la semaine prochaine, afin que les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Huit prennent une décision le 20 janvier, a dit un porte-parole de la haute représentante de l'UE pour la politique étrangère.

La Grande-Bretagne et l'Allemagne ont dit qu'elles n'enverraient pas de forces au sol tandis que la Belgique a déclaré qu'elle pourrait l'envisager dans le cadre d'une mission européenne.

Tutelle de fait

Après le renversement du président François Bozizé, Michel Djotodia a peu à peu perdu le contrôle des combattants de la Séléka, majoritairement musulmans.

Les exactions commises par l'ex-Séléka ont conduit à la constitution de milices chrétiennes baptisées anti-Balaka, provoquant des affrontements interethniques qui ont conduit la France à lancer l'opération Sangaris, il y a un mois.

Les hommes de la mission Sangaris sont principalement cantonnés à Bangui tandis que les Séléka continuent de contrôler la majeure partie du pays, malgré les divisions qui les opposent.

« La République centrafricaine se trouve de fait sous la tutelle du reste de la région », estime Thierry Vircoulon, analyste à l'International Crisis Group. « Le problème est que, pour l'instant, le reste de la région n'a pas été capable de très bien gérer la transition. »

L'instabilité qui touche la RCA, menace de s'étendre à la République démocratique du Congo où un grand nombre d'ex-Séléka ont trouvé refuge, dit la mission de maintien de la paix en RDC.

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