La justice française a confirmé vendredi l'interdiction d'un deuxième spectacle prévu dans la soirée à Tours (centre) du polémiste Dieudonné, condamné plusieurs fois pour antisémitisme, qui a aussitôt déposé un recours devant le Conseil d'Etat.
La plus haute juridication administrative française, qui avait déjà validé jeudi l'interdiction du même spectacle à Nantes (ouest), se réunira à 17H30 (16H30 GMT) mais il est peu probable qu'elle adopte une position différente.
Après Nantes, le tribunal administratif d'Orléans avait été saisi de requêtes d'un spectateur et de Dieudonné M'bala M'bala contre l'interdiction du one-man-show "Le Mur" à Tours, deuxième étape d'une tournée programmée dans toute la France avant des représentations en février en Suisse.
Dans son show, déjà présenté à Paris, Dieudonné multiplie les charges contre les juifs.
Jeudi, le Conseil d'Etat avait été saisi par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls suite à une première décision du tribunal administratif de Nantes autorisant le spectacle du comédien controversé.
Il avait alors confirmé l'interdiction du spectacle en invoquant "la réalité et la gravité des risques de trouble à l'ordre public".
Il s'agit d'un retournement de jurisprudence, les tribunaux ayant ces dernières années invalidé à une quinzaine de reprises des interdictions de spectacles de ce polémiste au nom de la liberté d'expression.
Pour le spectacle de Tours, le tribunal administratif a mis en avant "le risque sérieux que soient de nouveau portées de graves atteintes au respect des valeurs et principes - notamment de dignité de la personne humaine, qui est une des composantes de l'ordre public".
Le sénateur-maire socialiste de Tours, Jean Germain, s'est félicité de cette décision. "Notre dossier était très solide", a-t-il ajouté, en évoquant "une alerte à la bombe (à la mairie de Tours) ainsi que des menaces codées sur des réseaux sociaux".
Les partisans de Dieudonné forment une mosaïque hétéroclite, comptant des militants pro-palestiniens, quelques jeunes d'extrême droite mais aussi des anarchistes ou des soixante-huitards sur le retour, soudés par un même rejet des élites politiques et médiatiques.
Son audience pourrait grossir sur internet, où le comédien jouit déjà d'une large popularité. Certaines de ses vidéos ont ainsi attiré plus de deux millions de spectateurs et près de 500.000 personnes "aiment" sa page Facebook.
"Nous ne pouvons laisser se diffuser cette parole. Il faut en discuter notamment avec les opérateurs" internet, a déclaré vendredi Manuel Valls pour qui "le combat continue". "Mais sur le plan juridique les choses ne sont pas simples", a-t-il reconnu.
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