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Un éléphant, ça torréfie énormément

Un éléphant, ça torréfie énormément

L'un des cafés les plus chers et certainement les plus inusités du monde est produit par un Canadien dans le nord de la Thaïlande, avec le concours d'une vingtaine d'éléphants.

Un reportage de Catherine Mercier

Chaque jour, Blake Dinkin prépare une collation qu'il donnera aux éléphants, composée de cerises de café, mélangées à du tamarin et du sel. Un petit délice pour ces herbivores, qui peuvent engloutir près de 200 kilos de nourriture par jour.

Les éléphants sont un peu l'équivalent animalier d'une mijoteuse. Leur digestion met de 15 à 70 heures. Blake Dinkin s'est dit que le passage dans cette « mijoteuse » pourrait lui permettre de produire un café unique, aux nuances d'herbe et de fruit.

Pendant près de 10 ans, le Torontois d'origine a mené des tests sur des éléphants dans des zoos du Canada. Neuf ans et 400 000 $ plus tard, il a mis au point sa technique. Pour lancer sa production, il ne lui restait qu'à trouver des éléphants facilement accessibles.

« Quand j'ai entendu parler de ça la première fois, je me suis dit : "Qu'est-ce qui va arriver si les éléphants ingèrent la caféine? Est-ce que je vais me retrouver avec des éléphants stressés? Ou déprimés si on cesse de leur en donner? Auront-ils des maux de tête, des sautes d'humeur? », affirme John Roberts, directeur d'Anantara Worldwide Conservation.

Mais les résultats d'analyses sanguines le rassurent : l'ingestion du café n'a aucun impact sur la santé des éléphants.

Et c'est dans ce sanctuaire de la Thaïlande, où il habite depuis deux ans, que Blake Dinkin a trouvé les éléphants et les cornacs pour réaliser son projet. L'histoire se corse toutefois lorsqu'il faut récolter les cerises de café après leur voyage dans les entrailles des pachydermes.

« Au début, j'étais répugnée de ramasser les fèves dans la bouse, mais je me suis dit : "C'est mon éléphant, je le connais bien, je sais ce qu'il mange, donc ce n'est pas si dégueulasse », indique Anaya Homhuan, qui a pour mission de récolter à la main, les cerises de café « déposées » sur le sol par son éléphant.

Une fois lavé à fond, séché, torréfié, le café est fin prêt à être dégusté. « Il a un goût prononcé, mais une texture douce. C'est très bon », dit une touriste américaine.

Mais à 1200 $ le kilo - l'équivalent de 50 $ la tasse - c'est un luxe qu'on ne s'offre pas tous les jours.

La production demeure encore marginale avec à peine 300 kilos en 2013. Mais la demande est là. À preuve, tous les stocks ont été épuisés malgré le prix exorbitant.

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