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L'Inde à la peine pour renouveler ses équipements militaires

L'Inde à la peine pour renouveler ses équipements militaires

La décision récente de l'Inde d'annuler un important achat d'hélicoptères à l'italien AgustaWestland s'ajoute à une longue liste de contrats avortés pour des soupçons de corruption qui met en difficulté l'armée indienne, selon les experts.

New Delhi a officiellement mis fin le 1er janvier à l'achat de 12 hélicoptères de transport de personnalités pour 556 millions d'euros, une enquête en Italie ayant mis au jour des soupçons de versement de pots-de-vin à des responsables militaires.

Plusieurs contrats ont subi le même sort depuis 20 ans en raison de soupçons de corruption, comme l'affaire Bofors en 1986 ou un contrat pour l'achat de 197 hélicoptères en 2007.

En 2009, l'Inde a banni de son marché sept groupes de défense comme Singapore Technologies et l'israélien Military Industries, toujours pour des soupçons de corruption.

"La corruption, l'absence de prise de décision et une bureaucratie trop lourde" sont les trois principaux freins à la politique d'achat de matériel de défense de l'Inde, estime Rahul Bedi, du magazine spécialisé Jane's Defence Weekly.

Le contrat d'hélicoptères capables d'opérer à haute altitude, annulé en 2007, n'a toujours pas été réattribué. Le processus a été relancé mais les offres soumises par le russe Kamov et par Eurocopter n'ont pas été départagées.

Pourtant l'Inde doit faire face à des besoins croissants, avec les tensions à la frontière avec le Pakistan, le renforcement de la Chine au nord et affiche sa volonté de jouer un rôle de puissance émergente mondiale.

En mars 2012, le chef de l'armée de l'époque, V.K. Singh, avait décrit dans une lettre au Premier ministre Manmohan Singh, les manques criants de l'appareil militaire.

"Les chars sont à court de munition, la défense aérienne est obsolète et l'infanterie manque d'armes", écrivait-il, révélant ensuite qu'on lui avait proposé un pot de vin de 2,8 millions de dollars pour un contrat.

Selon le quotidien The Hindu, qui cite de hauts responsables militaires, l'annulation du contrat AgustaWestland "pourrait mettre en danger les hauts responsables de l'Etat".

"Le principal problème est que les Indiens ont crée un système obligeant les vendeurs étrangers à payer des pots-de-vin", estime Bharat Verma, du magazine Indian Defence Review.

Il relève ainsi qu'au moins 18 services doivent approuver tout accord d'achat militaire, créant ainsi autant de fenêtres de corruption possible et que rares sont les responsables politiques ou administratifs convaincus de corruption à avoir été condamnés.

Le retard pris par le contrat d'achat de 126 avions de combat, pour lequel Dassault est en négociations exclusives depuis janvier 2012, est un exemple de la lenteur du pays dans sa modernisation de ses forces armées.

Le premier appel d'offres international a été lancé en 2007 mais les reports se sont succédé et les élections législatives en mai, qui vont entraîner un changement d'exécutif, risquent de retarder un peu plus ce contrat.

Le manque de compétences et de connaissances techniques de l'administration indienne complique aussi l'achat de matériel, estime Manoj Joshi, du think tank Observer Research Foundation basé à Delhi.

"Une personne chargée de l'élevage un jour va se retrouver à la Défense le lendemain. Nos fonctionnaires civils n'ont pas l'expertise des marchés et des matériels, ce qui complique la situation", relève-t-il.

M. Joshi a participé à un comité mis en place par le gouvernement en juillet 2011 pour étudier les procédures liées à la défense nationale et qui a émis des recommandations.

Ce comité a ainsi suggéré d'adopter une planification de long terme pour l'achat de matériel de défense et de nommer des officiers militaires aux postes clé du ministère de la Défense.

"A ma connaissance, ces recommandations n'ont débouché sur rien", dit-il à l'AFP.

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