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Chassés d'Alep, les jihadistes de l'EIIL à l'offensive dans les campagnes

Chassés d'Alep, les jihadistes de l'EIIL à l'offensive dans les campagnes

Expulsés par leurs anciens alliés islamistes de la ville d'Alep, les jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) sont passés à l'offensive dans les campagnes de plusieurs provinces du nord de la Syrie.

Si les combats avec l'armée ont baissé d'intensité car les rebelles sont pris dans leurs luttes intestines, les attentats ne connaissent pas de répit. Une voiture piégée a explosé jeudi dans un village tenu par le régime dans la province de Hama, dans le centre du pays, tuant au moins 18 personnes dont 4 femmes et enfants, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Exaspérée par les abus commis par l'EIIL, formé au départ de cadres jihadistes irakiens, et par sa volonté de dominer ses alliés, une coalition regroupant en grande majorité des islamistes lui a déclaré la guerre il y a une semaine.

Dans une contre-attaque, cette organisation a fait sauter plusieurs voitures piégées mercredi soir contre des points de contrôle de leurs nouveaux adversaires.

"Au moins neuf personnes ont trouvé la mort dans un attentat de l'EIIL contre un barrage rebelle à al-Bab", dans la province d'Alep, a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

Des attaques similaires se sont produites à Hreitan et Jarablous, dans la même province et à Mayadine, dans celle de Deir Ezzor, plus à l'est.

Jeudi matin, les combats faisaient rage dans les trois provinces de Raqa, Idleb et d'Alep, dont la plus grande partie échappe au contrôle du régime.

"L'EIIL a dépêché des renforts de Deir Ezzor pour donner un coup de main à ses combattants dans la province d'Alep", a expliqué Rami Abdel Rahmane, qui s'appuie sur un large réseau d'activistes sur le terrain.

"Les habitants de ces régions craignent que l'EIIL prépare de nombreuses attaques suicide comme représailles et leurs commandants portent toujours sur eux des ceintures explosives", a-t-il ajouté.

A Raqa, seule capitale provinciale échappant au régime et qui est un des fiefs de l'EIIL, les combats faisaient rage jeudi entre rebelles et jihadistes, selon l'OSDH.

"Les rebelles ont pris le contrôle de l'ancien siège des services de renseignement politiques du régime, une position stratégique tenue auparavant par l'EIIL et ils se trouvent désormais à 400 mètres du quartier général de l'organisation jihadiste", assure l'OSDH.

"Mais l'EIIL contrôle les ponts menant à la ville ce qui oblige les habitants à emprunter des bateaux pour pénétrer dans la localité", a précisé l'OSDH.

Pour les experts du mouvement islamiste en Syrie, si l'EIIL ne peut pas gagner, il peut mener une guerre d'usure contre les rebelles.

"Je ne pense pas qu'il puisse l'emporter, il est numériquement trop faible par rapport aux autres groupes rebelles. Toutefois, il sera extrêmement difficile de l'éliminer complètement et on peut s'attendre à le voir conduire une guerre d'usure contre les rebelles, en particulier par le biais d'attentats", assure Thomas Pierret, maitre de conférence à l'université d'Edimburg et expert de l'islam contemporain syrien.

L'expert du salafisme Romain Caillet partage cet avis, "l'EIIL ne peut pas l'emporter seul contre une coalition de toutes les forces de l'opposition armée. Son but est (..) de fissurer +l'union sacrée+ contre lui".

"Une guerre intestine avec l'EIIL ajoutée à une offensive des forces loyalistes au régime Assad sur Alep serait une catastrophe pour les rebelles", estime-t-il.

Dans le même temps, une voiture piégée a explosé jeudi dans un village de al-Kafate, dans le centre du pays, tuant au moins 18 personnes dont 4 femmes et enfants, sunnites, alaouites et ismaélites", a indiqué l'OSDH.

Les alaouites, confession à laquelle appartient le chef de l'État, et les ismaélites, sont des avatars du chiisme alors que les sunnites sont majoritaires en Syrie.

Alors que la Syrie s'est engagée a se débarrasser des armes chimiques, l'Allemagne a annoncé qu'elle était prête à détruire sur son territoire des résidus d'armes chimiques syriennes, ont annoncé jeudi les ministères allemands des Affaires étrangères et de la Défense, dans un communiqué.

La Russie a bloqué mercredi un projet de déclaration du Conseil de sécurité condamnant les bombardements de l'armée syrienne contre Alep (nord de la Syrie), ont indiqué des diplomates.

Cette déclaration d'inspiration britannique, non contraignante, devait recueillir l'approbation des 15 pays membres pour être adoptée. Mais Moscou a une nouvelle fois refusé que son allié syrien soit seul mis en cause et Londres a finalement retiré son texte.

ser-sk/hj

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