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Rachat d'un fleuron français, le magazine Nouvel Observateur

Rachat d'un fleuron français, le magazine Nouvel Observateur

Les propriétaires du quotidien Le Monde, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, deux hommes d'affaires quadragénaires, ainsi que le mécène Pierre Bergé, vont acquérir Le Nouvel Observateur, le premier news magazine français, marquant la fin d'une époque, selon des experts.

"C'est toute une période de la presse qui est maintenant derrière nous", résume Jean-Marie Charon, spécialiste des médias au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Avec Niel, vedette de l'internet français, au Nouvel Observateur, cet hebodmadaire va connaître "une accélération du passage au numérique", prédit-il lors d'un entretien avec l'AFP.

Pour Patrick Eveno également, expert des médias et professeur à la Sorbonne, "le but est de faire passer le Nouvel Observateur sur tablette". "On va vers une synergie inévitable qui permettra de faire des économies d'échelle", estime-t-il.

Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse étaient devenus les propriétaires du Monde en 2010. Ils sont aujourd'hui en négociations exclusives pour racheter 65% du Nouvel Observateur pour 13,4 millions d'euros, a annoncé mercredi à la rédaction Claude Perdriel, selon une source proche du dossier.

Cette vente illustre non seulement un changement de génération de propriétaires dans la "presse de gauche" mais aussi une modification radicale du profil des gestionnaires.

"Patron de gauche" français, amateur de jazz, âgé de 87 ans, Claude Perdriel, propriétaire jusqu'à aujourd'hui du Nouvel Observateur créé en 1964, avait une gestion "patriarcale, à l'ancienne, basée sur la confiance", relève Jean-Marie Charon. C'était un patron de presse atypique qui a assuré l'indépendance financière et éditoriale de "l'Obs", grâce à des brevets d'une compagnie lui appartenant, la Société française d'assainissement (SFA).

A l'opposé, "Niel vient d'une culture totalement différente", poursuit l'expert. "C'est une personnalité forte, parfois brutale", qui illustre l'arrivée aux mannettes de la presse écrite française d'une nouvelle génération.

Homme d'affaires vedette de l'internet français, né en 1967, c'est lui qui en 2002 lance le fameux boitier d'accès multimédias Freebox: internet haut débit, téléphone, télévision... le tout pour un prix très concurrentiel de 29,99 euros. Avant de se hisser à la tête de la huitième fortune de France avec 2,7 milliards d'euros.

Très écouté des grands patrons mais ancré à gauche et grand amateur de rock, Matthieu Pigasse, né en 1968, se plaît, lui, à cultiver une image de banquier original.

Propulsé associé de la banque Lazard, surnommée le "ministère bis de l'Industrie" en raison de l'influence qu'on lui prête, il rafle la plupart des mandats de conseil, de la création de Natixis à la fusion GDF-Suez en passant par la vente du club de football PSG ou la renégociation de la dette de l'Argentine.

Claude Perdriel avait été "le perdant dans l'affaire de la recapitalisation du Monde en 2010", réalisée par les trois hommes à qui il va aujourd'hui "passer la main" dans la vente du Nouvel Observateur, relève Jean-Marie Charon.

Début décembre, il avait annoncé qu'il cherchait des investisseurs pour racheter son hebdomadaire, qui maintient ses ventes à plus de 500.000 exemplaires mais devrait perdre 5 à 7 millions d'euros cette année, victime comme ses concurrents de la baisse des recettes publicitaires.

"Pour Xavier Niel c'est du mécénat", affirme à l'AFP Patrick Eveno. "Il considère qu'il faut aider le journalisme à passer d'un ancien modèle à un nouveau modèle, mais cet investissement représente sans doute 1% de ce qu'il possède: il ne fera pas de l'argent avec ça!".

"Ce regroupement est aussi une question d'affinités: Claude Perdriel a 87 ans et il ne voulait pas vendre à n'importe qui", poursuit cet expert, pour qui "Xavier Niel et Matthieu Pigasse ne sont pas des capitalistes qui recherchent la rentabilité à court terme".

Claude Perdriel, qui conserverait 35% du groupe, a précisé avoir posé des conditions au prix d'achat, prévoyant le maintien de l'équipe dirigeante du magazine et de la ligne éditoriale et politique "sociale-démocrate" du Nouvel Observateur.

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