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Les Européens pèsent le pour et le contre d'une opération en Centrafrique

Les Européens pèsent le pour et le contre d'une opération en Centrafrique

Les pays européens ont commencé à examiner les différentes options mises sur la table à Bruxelles pour soutenir l'intervention française en Centrafrique, mais la plupart semblent toujours réticents à l'envoi de soldats à Bangui.

Le débat va monter en puissance jusqu'au 20 janvier, jour où les ministres des Affaires étrangères des 28 pays membres de l'UE devront trancher lors d'une réunion à Bruxelles.

"Les discussions s'annoncent difficiles. Car, pour la plupart des Européens, la Centrafrique n'est pas un dossier prioritaire, malgré les efforts de Paris", constate un diplomate.

Néanmoins, les experts du service diplomatique de l'UE ont établi plusieurs scénarios d'engagement, dont le plus ambitieux est le lancement d'une mission militaire en soutien aux opérations africaine Misma et française Sangaris.

"A l'heure actuelle, l'Union européenne n'est pas capable de mener de opérations de combat de haute intensité, mais elle peut intervenir en appui, comme force d'interposition", souligne Federico Santopino, chercheur au Groupe de recherche sur la paix et la sécurité (Grip) à Bruxelles.

Si les 28 Etats de l'UE approuvent le principe d'une telle mission militaire, deux options sont sur la table.

L'une prévoit que les soldats européens soient basés à Bangui, assurent des patrouilles dans la capitale et prennent le relais des militaires français pour sécuriser la zone sensible de l'aéroport, où est implanté un grand camp d'environ 100.000 déplacés.

Dans l'autre option, les Européens se baseraient dans l'ouest du pays pour "assurer la sécurité" de l'axe routier stratégique menant vers le Cameroun. Pour un tel rôle, le déploiement d'un bataillon, soit entre 800 et 1.200 hommes, serait nécessaire, avec un équipement adéquat, dont des hélicoptères, des moyens de renseignement et médicaux.

Le défi serait de mettre en place un tel dispositif rapidement, soit "en quelques semaines", alors que les procédures européennes sont habituellement longues et complexes. "On ne s'attend à rien de manière imminente", a commenté un responsable français à Paris.

D'autant, souligne un diplomate européen, que "jusqu'à présent, les pays européens ne se sont pas précipités" pour aider les Français.

Cette réticence avait été apparente lors du sommet européen fin décembre, où le soutien politique obtenu par le président François Hollande avait débouché sur un minimum d'engagements concrets de la part de ses partenaires.

"Il y a un problème de méthode de la part de la France dans ce genre de dossier. Elle a tendance à afficher sa position et à agir avant de demander la solidarité européenne. Ses partenaires n'apprécient pas d'être ainsi mis devant le fait accompli", estime M. Santopino.

De plus, pour de nombreux Européens, l'urgence à agir en Centrafrique était moindre qu'au Mali, où les rebelles menaçaient directement Bamako.

Les Européens se sont en outre habitués à l'interventionnisme de la France dans son "pré carré africain", ce qui a un "effet pervers", selon Bruno Tertrais, de la Fondation pour la recherche stratégique. Cela "accrédite l'idée selon laquelle, de toute façon, la France sera là" pour régler les crises, estime-t-il.

Jusqu'à présent, quelques pays, dont le Royaume-Uni, la Pologne, la Belgique et l'Allemagne, ont proposé un soutien logistique, sous la forme d'aide au transport. La Belgique a annoncé qu'elle n'envisagerait d'envoyer des soldats que "dans un cadre européen".

A plus long terme, les Européens envisagent le lancement d'une mission de formation des forces de sécurité centrafricaine qui sont, selon l'UE, "inefficaces" et souffrent "d'une absence d'organisation et de stratégie". Ce type de mission est devenu l'une des spécialités de l'UE, que ce soit au Mali, en Somalie ou en Afghanistan.

En Centrafrique, l'UE a déjà débloqué 50 millions d'euros pour la Misma et 60 millions sous forme d'aide humanitaire.

jri/jlb/bir

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