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La Turquie s'efforce de limiter l'impact financier du scandale de corruption

La Turquie s'efforce de limiter l'impact financier du scandale de corruption

Le gouvernement turc s'est efforcé une nouvelle fois mardi de rassurer les milieux d'affaires et les marchés qui redoutent l'impact économique du scandale de corruption menaçant le sommet de l'Etat, en promettant de ne pas recourir à l'arme des taux d'intérêt.

Déjà affaiblie par la politique de resserrement monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui affecte tous les pays émergents, la monnaie turque subit en outre depuis le 17 décembre le contrecoup de l'enquête ouverte par la justice contre plusieurs dizaines de patrons, hommes d'affaires, hauts fonctionnaires et élus proches du pouvoir.

La livre turque (TL) a atteint lundi un nouveau plus bas historique à plus de 2,19 TL pour un dollar. Même si elle s'est reprise mardi, s'échangeant à 2,1607 TL pour un dollar, elle a perdu plus de 7% depuis le début de cette affaire.

De son côté, la bourse d'Istanbul s'est également ressaisie, son principal indice (BIST 100) clôturant la séance de mardi sur une note positive à 68.598,63 points (+0,85%).

Ces dégringolades ont augmenté la pression sur la banque centrale turque pour qu'elle augmente ses taux d'intérêt, au risque de peser sur la croissance et d'accroître les déficits publics.

Mais le ministre des Finances Mehmet Simsek a catégoriquement exclu ce scénario mardi.

"Il est possible de parvenir à cet objectif en limitant la croissance des emprunts", a-t-il affirmé sur la chaîne de télévision CNN-Türk.

M. Simsek a expliqué que la banque centrale, la commission de régulation bancaire, son ministère et la direction du Trésor étaient parvenues, grâce à une série de mesures prudentielles, à réduire le volume des emprunts sans jouer sur les taux.

"La banque centrale est indépendante", a souligné le ministre, "nous avons confiance en nos collègues, ils ont réussi jusqu'à présent".

Toutefois, de nombreux analystes pronostiquent que la banque centrale turque ne pourra plus longtemps encore poursuivre cette politique.

"La récente chute de la livre pourrait maintenant lui forcer la main", a estimé l'économiste William Jackson, de la firme londonienne Capital Economics. "Nous pensons donc qu'il est fort probable que (la banque centrale) augmente son taux au jour le jour" lors de la prochaine réunion de son comité de politique monétaire en janvier, a-t-il ajouté.

Depuis plusieurs semaines, les autorités bancaires ont largement puisé dans leurs réserves pour tenter d'enrayer la chute de la livre. Le mois dernier, elles ont injecté chaque jour 450 millions de dollars et prévoyaient d'en dépenser un total de 3 milliards USD en janvier.

Comme il le répète à l'envi depuis plusieurs jours, M. Simsek a une nouvelle fois minimisé mardi l'impact économique de la crise politique actuelle, qui fragilise le Premier ministre à trois mois à peine des élections municipales.

"Il pourrait y avoir un certain ralentissement (de la croissance) lors du premier trimestre. Mais je crois qu'au fur et à mesure que l'incertitude se réduira et l'environnement se calmera, la croissance pourra malgré tout atteindre les 4%", a-t-il dit.

Après avoir atteint des sommets en 2010 et 2011 à plus de 8%, la croissance turque, considérée comme l'un des principaux faits d'armes du gouvernement islamo-conservateur depuis son arrivée au pouvoir en 2002, a fléchi depuis à 2,2% en 2012 et devrait s'établir autour de 3,6% en 2013.

L'agence de notation financière Fitch's a maintenu mardi sa note BBB- à la Turquie mais elle s'est elle aussi inquiétée des conséquences du scandale sur l'économie du pays.

"Si ce scandale de corruption se poursuit, il peut fragiliser le gouvernement et affaiblir sa capacité à prendre des mesures adaptées pour maintenir la stabilité économique", a jugé Fitch's dans une note publiée mardi.

Le porte-parole du gouvernement Bülent Arinç avait évalué la semaine dernière à "plus de 100 milliards de dollars" les pertes subies par l'économie turque.

bur-pa/bir

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