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Kerry quitte le Proche-Orient sans avoir rallié Israël et les Palestiniens à son plan

Kerry quitte le Proche-Orient sans avoir rallié Israël et les Palestiniens à son plan

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a bouclé lundi quatre jours de discussions intensives au Proche-Orient sans avoir convaincu Israël et les Palestiniens de se rallier à son plan de paix.

Les diplomates américains avaient minimisé les espoirs de percée lors de ce dixième voyage dans la région du secrétaire d'Etat, en butte aux positions jusqu'à présent irréconciliables des deux camps.

Il a sondé les dirigeants israéliens et palestiniens sur un projet d'"accord-cadre" traçant les grandes lignes d'un règlement définitif sur les frontières, la sécurité, le statut de Jérusalem et le sort des réfugiés palestiniens.

Les discussions portent non pas sur un, mais une série de documents, a précisé un responsable du département d'Etat dans l'avion ramenant M. Kerry vers Bruxelles.

"Il y a beaucoup de décisions difficiles à prendre. A un moment, il y aura un document contenant les idées des deux parties", a-t-on ajouté, sans évoquer de date.

L'émissaire américain pour ces pourparlers, Martin Indyk, est resté sur place pour continuer à rechercher des compromis, selon un haut responsable américain.

A la veille du départ de M. Kerry, l'administration militaire israélienne a fait avancer des projets de construction de 272 logements dans deux colonies isolées de Cisjordanie.

"Un gouvernement recherchant une solution à deux Etats n'approfondirait pas encore le conflit en construisant dans les colonies, en particulier celles qui n'ont aucune chance de rester sous souveraineté israélienne", dans un futur accord de paix, a commenté l'organisation anticolonisation La Paix Maintenant.

M. Kerry a rappelé à plusieurs reprises que les Etats-Unis considéraient la colonisation comme "illégitime".

Le quotidien israélien Maariv rapporte que le gouvernement serait prêt à suspendre la colonisation dans certaines implantations de Cisjordanie occupée, en échange d'une prolongation jusqu'en janvier 2015 des pourparlers, censés s'achever le 29 avril.

M. Kerry ferait pression sur le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour accepter une formule autorisant le retour en Israël d'un nombre limité de réfugiés chassés en 1948, auquel s'opposent catégoriquement les dirigeants israéliens, ajoute le journal.

M. Netanyahu a assuré lundi lors d'une réunion de son parti, le Likoud, qu'il n'avait pas l'intention de démanteler de colonies dans le cadre des négociations, et n'avait fait aucune concession au chef de la diplomatie américaine sur la vallée du Jourdain, en Cisjordanie, ni sur Jérusalem-Est, selon les médias.

Le mouvement dirigeant palestinien, le Fatah, a insisté sur le respect du calendrier, prévenant qu'après le 29 avril, "si Israël continue à s'entêter, personne ne pourra empêcher le président (Mahmoud) Abbas de retourner demander l'adhésion en tant qu'Etat membre à part entière aux agences de l'ONU, y compris la Cour internationale de Justice ou la Cour pénale internationale".

Dans son bulletin hebdomadaire, une commission du Fatah a rejeté comme "un argument fabriqué de toutes pièces" l'exigence d'une reconnaissance d'Israël comme "Etat du peuple juif".

M. Netanyahu n'a qu'à "appeler son Etat +Etat juif d'Israël+ comme les mollahs iraniens qui ont appelé le leur +République islamique d'Iran+", souligne-t-il.

Malgré ce climat de récriminations des deux côtés, M. Kerry, artisan de la reprise en juillet 2013 des négociations de paix interrompues depuis près de trois ans, a fait état de "progrès" pendant ses entretiens marathon avec MM. Netanyahu (13 heures au total) et Abbas.

Au terme d'une mission éclair en Jordanie et en Arabie saoudite dimanche, le chef de la diplomatie américaine s'est prévalu du soutien à ses efforts du roi saoudien Abdallah, auteur de l'initiative de paix de la Ligue arabe.

Avant son départ lundi, il a rencontré l'émissaire du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU) Tony Blair et le chef de l'opposition israélienne Yitzhak Herzog.

Mais il doit revenir dans la région en début de semaine prochaine pour poursuivre son forcing, rapporte la presse israélienne.

L'opinion publique israélienne et palestinienne, plus sceptique que jamais après 20 ans de processus de paix, semble se désintéresser des efforts de John Kerry.

Le quotidien palestinien Al-Quds dénonce la confusion suscitée par les fuites contradictoires, estimant que le peuple palestinien "a le droit de savoir" quel est le contenu des discussions, et s'inquiétant d'une perpétuation de "l'occupation et de l'hégémonie que veulent vendre Israël et Washington sous l'étiquette de la paix".

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