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Cambodge: les autorités mettent un terme aux manifestations de l'opposition

Cambodge: les autorités mettent un terme aux manifestations de l'opposition

Les autorités cambodgiennes ont interdit samedi jusqu'à nouvel ordre les manifestations de l'opposition, dispersant des centaines de ses partisans au lendemain de la répression d'un rassemblement d'ouvriers du textile qui a fait au moins trois morts.

Des policiers antiémeutes équipés de boucliers et de matraques sont entrés dans un parc de Phnom Penh, provoquant la fuite des militants du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP) qui y étaient rassemblés depuis décembre pour réclamer de nouvelles élections, a constaté un photographe de l'AFP.

Cette intervention survient au lendemain de la répression d'une manifestation d'ouvriers du textile réclamant des augmentations de salaire, sur lesquels les forces de l'ordre ont ouvert le feu, faisant trois morts selon les autorités, quatre selon des défenseurs des droits de l'Homme.

Dans ces circonstances, et alors que les ouvriers du textile se sont récemment alliés aux partisans de l'opposition, la municipalité de Phnom Penh a décidé de ne plus autoriser le CNRP à manifester dans le parc de la Démocratie ou dans les rues "à partir du 4 janvier et jusqu'à ce que la situation et l'ordre public reviennent à la normale", a déclaré le gouverneur de la capitale, Pa Socheatvong.

"Ils ne seront plus autorisés à se rassembler, à manifester ou à organiser une quelconque activité politique dans le parc", a renchéri Kheng Tito, porte-parole de la police militaire, assurant que la police n'avait pas utilisé la force samedi.

L'opération de samedi a été immédiatement dénoncée par l'opposition. "C'est l'acte d'une dictature communiste", a commenté le porte-parole du CNRP, Yim Sovann, soulignant que les manifestants avaient fui pour éviter des violences.

Le CNRP, qui avait prévu à partir de dimanche trois journées de grandes manifestations, a appelé dans un communiqué ses partisans à rester "calmes" pendant que le parti réfléchissait à une "nouvelle stratégie".

Il a également assuré que ses partisans avaient été frappés, dénonçant une "tactique sauvage" des autorités.

L'opposition, qui a rassemblé jusqu'à au moins 20.000 personnes dans les rues de Phnom Penh ces derniers mois, réclame le départ du Premier ministre Hun Sen, au pouvoir depuis près de trente ans, et de nouvelles élections.

Selon les résultats officiels, le CPP au pouvoir, malgré son plus mauvais score depuis 1998, a remporté 68 sièges aux législatives du 28 juillet, contre 55 au CNRP.

Mais l'opposition, dénonçant des fraudes massives, a revendiqué la victoire et dénoncé un "coup d'Etat constitutionnel". Et ses députés boycottent l'Assemblée nationale depuis l'ouverture de la législature en septembre.

Le leader du CNRP, Sam Rainsy, rentré d'exil juste avant le scrutin et qui n'avait pas été autorisé à y participer, avait estimé vendredi que la répression du mouvement des ouvriers du textile qui dure depuis des mois visait également l'opposition.

"C'est une tentative inacceptable de casser non pas seulement une grève ouvrière, mais c'est une tentative pour casser le mouvement ouvrier dans son ensemble. Et derrière le mouvement ouvrier, de casser le mouvement démocratique qui est en train de se développer au Cambodge", avait-il indiqué à l'AFP.

Les violences de vendredi ont également été dénoncées par les Etats-Unis et l'ONU, qui a réclamé une enquête, et ont provoqué l'indignation des défenseurs des droits de l'Homme cambodgiens évoquant les plus graves violences contre des civils depuis 15 ans.

Le Centre cambodgien pour les droits de l'Homme a lui dénoncé samedi une "violente répression des droits de l'Homme" ces trois derniers jours, ayant conduit à "une nouvelle détérioration de l'état de la démocratie" dans le pays.

D'autres incidents violents ont eu lieu ces derniers mois. Une femme a été tuée par balle en novembre lors d'une manifestation d'ouvriers du textile, et une personne a été tuée et plusieurs blessées en septembre en marge d'un défilé de l'opposition.

Malgré sa croissance rapide, le Cambodge reste l'un des pays des plus pauvres de la planète, et le mécontentement de la population augmente face à l'accaparement des richesses, notamment des terres, par les proches du pouvoir.

Hun Sen, 61 ans, au pouvoir depuis 1985, a promis d'y rester encore au moins dix ans.

bur-abd/pt

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