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Après le 1er janvier, la fuite des cerveaux continue en Roumanie et Bulgarie

Après le 1er janvier, la fuite des cerveaux continue en Roumanie et Bulgarie

Les jeunes diplômés, notamment scientifiques, n'ont pas attendu l'ouverture du marché européen de l'emploi pour quitter en masse la Bulgarie et la Roumanie, un vrai casse-tête pour les deux pays les plus pauvres de l'Union européenne.

"Les deux tiers des chercheurs de l'institut de mathématiques de Sofia sont partis au cours des 15 dernières années. Avec la levée des restrictions dans l'Union européenne, ce sera encore plus facile", se résigne Mihaïl Konstantinov, professeur de génie civil.

Pire encore, à l'en croire, "la qualité de nombreux étudiants est déplorable parce que les meilleurs élèves partent dès la fin des études secondaires".

Sept ans après l'accession de leurs pays à l'UE, les Roumains et les Bulgares sont désormais libres de travailler partout en Europe. Les neuf pays qui avaient maintenu des restrictions ont dû les supprimer le 1er janvier. Dix-sept autres Etats, dont l'Italie et la Suède, avaient déjà franchi le pas depuis des années.

Selon les experts, ce changement ne débouchera pas sur une hausse importante de l'émigration, alors que trois millions de Roumains et un million de Bulgares ont déjà quitté leurs pays depuis vingt ans pour aller s'inventer un avenir ailleurs.

Au Lycée de langue française de Sofia, un établissement réputé de la capitale bulgare, environ un élève sur deux part après le bac pour étudier "en France, en Allemagne, en Angleterre et aux Pays Bas, en vue de s'y installer", explique Guergana Krasteva, la proviseure-adjointe. D'après ces jeunes, l'enseignement que dispensent les universités bulgares ne leur permettrait pas d'être "compétitifs auprès d'employeurs des sociétés internationales".

Svilen Maltchev, 21 ans, a fréquenté le très sélectif lycée de mathématiques de Sofia. Devenu étudiant à l'université technique, il se rêve en ingénieur automobile et suit un programme conjoint avec l'université allemande de Karlsruhe. S'il veut aller en Allemagne, témoigne-t-il, c'est parce que "les élèves de notre université restés en Bulgarie ne trouvent pas d'emplois conformes à leurs compétences."

La santé publique, en Bulgarie comme en Roumanie, est le secteur ayant le plus pâti de l'ouverture graduelle du marché européen de l'emploi.

"Depuis 1990, plus de 21.000 médecins roumains sont partis travailler à l'étranger", indique Vasile Astarastoae, président de l'Ordre des médecins. La grande majorité exercent en Grande-Bretagne (4.500), en France (4.300) et en Allemagne (2.000). Et parmi les médecins étrangers exerçant en France, "les Roumains sont les plus nombreux, devant les Belges".

La conjugaison des départs à la retraite et de l'émigration est explosive: les médecins sont 30% moins nombreux qu'il y a deux ans. "Certains hôpitaux n'ont plus un seul anesthésiste à temps plein, ce qui bloque sporadiquement leur activité", affirme le docteur Astarastoae. Et les infirmières, très réclamées en Europe de l'Ouest, se font elles-mêmes rares.

Dans la Bulgarie voisine, Mariana Kirilova, chef de l'union des médecins de la région de Veliko-Tarnovo (centre), dirige un service d'urgence. Elle a deux spécialités et 28 ans d'expérience. Les chiffres qu'elle donne disent l'essentiel de l'histoire: "Je touche en Bulgarie 940 leva (480 euros), alors qu'un jeune médecin débute en Allemagne avec 2.200 euros" par mois.

Le secteur de l'informatique, un point fort traditionnel des deux pays, est la lueur d'espoir dans ce tableau grisâtre. La formation des jeunes informaticiens roumains et bulgares est appréciée à l'étranger, ce qui a conduit nombre de compagnies étrangères de pointe à s'installer dans les deux pays. Conséquence: la fuite des cerveaux est en baisse.

"Il y a 15 ans, tous les meilleurs formés en Roumanie avaient un seul but, la Silicon Valley", a rappelé fin novembre le ministre roumain aux Nouvelles technologies Dan Nica: "Aujourd'hui certains sont revenus, et beaucoup ne partent plus".

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