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Patrick Karegeya, homme fort des services secrets rwandais tombé en disgrâce

Patrick Karegeya, homme fort des services secrets rwandais tombé en disgrâce

Patrick Karegeya, l'ancien chef des services de renseignements extérieurs du Rwanda, retrouvé apparemment étranglé dans une chambre d'hôtel de Johannesburg, était un espion génial tué d'une manière évoquant celles qu'il avait autrefois lui-même pratiquées.

"Il faisait très attention au détail. C'était un homme qui s'exprimait bien et intelligent", a déclaré à l'AFP un membre des services de renseignements ougandais qui a demandé l'anonymat.

"Il était sous surveillance après son exil en Afrique du Sud" en 2007, a ajouté cet officier.

M. Karegeya, âgé de 53 ans, a grandi dans le sud-ouest de l'Ouganda et étudié le droit à l'Université Makerere de Kampala.

"C'était un officier des renseignements brillant et il était très bien informé", a dit le commandant James Kazoora, officier ougandais à la retraite qui était dans le même service que Karegeya.

D'abord actif dans l'armée du président ougandais Yoweri Museveni, Karegeya a rejoint le Front patriotique rwandais, dirigé par Paul Kagame, devenu plus tard président du Rwanda.

Un peu rond et aimant les tenues décontractées, Karegeya apparaissait comme un homme affable plutôt que comme un redoutable espion.

Longtemps proche du président Kagame, il a été pendant une dizaine d'années à la tête des services de renseignements rwandais.

"Il travaille 24 heures par jour", disait un ami à cette époque.

Tombé ensuite en disgrace, il a été rétrogradé au rôle de porte-parole de l'armée et plus tard arrêté et emprisonné. Il a été destitué de son grade de colonel en 2006 et l'année suivante il est parti en exil.

"C'était un homme très chaleureux. Il s'entendait avec absolument tout le monde", a noté Theogene Rudasingwa, un haut responsable du Congrès national rwandais, le parti d'opposition en exil dont Karegeya était un membre éminent.

Mais il était aussi accusé d'avoir commandité des assassinats d'opposants rwandais.

Ses détracteurs s'interrogent sur sa sincérité de ses commentaires sur les autorités rwandaises, relevant qu'il n'avait critiqué les autorités de Kigali qu'après avoir été déchu.

Les grosses voitures conduites par des membres de sa famille alimentaient aussi les discussions à Kigali.

Au cours des mois qui ont précédé sa mort, il était très inquiet pour sa sécurité. Toutefois, ses proches ont dit qu'il n'avait aucune raison de se méfier de la personne qu'il devait rencontrer à l'hôtel où il est mort.

Karegeya était père de trois enfants, une fille qui vit au Canada et deux garçons qui vivent avec sa femme aux Etats-Unis.

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