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Menaces sur le gigantesque chantier du Canal de Panama

Menaces sur le gigantesque chantier du Canal de Panama

Le consortium international chargé des gigantesques travaux d'agrandissement du Canal de Panama, par où transite 5% du commerce maritime mondial, menaçait jeudi d'interrompre le chantier, réclamant le versement supplémentaire de 1,6 milliard de dollars, jugé "irresponsable" par les autorités du Panama.

Ainsi l'année du centenaire de cette route maritime interocéanique de 80 kilomètres, débute sous le signe de la discorde. La querelle entre constructeurs et responsables du canal menace la bonne marche d'un chantier pharaonique qui devrait à terme "bouleverser l'industrie maritime internationale", selon le président du Panama, Ricardo Martinelli.

Le constructeur espagnol Sacyr, qui dirige le consortium GUPC chargé des travaux d'élargissement, a annoncé jeudi qu'il "procéderait à la suspension des travaux" si l'Autorité du canal de Panama (ACP) ne versait pas, d'ici à trois semaines, la somme de 1,6 milliard de dollars (environ 1,2 milliard d'euros) pour couvrir "les surcoûts" survenus sur le chantier.

Face à ces menaces, le président panaméen a annoncé jeudi qu'il allait prochainement se rendre en Espagne et en Italie pour plaider auprès de ces gouvernements en faveur de la poursuite des travaux.

"Je vais (...) exiger de ces gouvernements qu'ils fassent preuve de responsabilité morale sur ce qui a été décidé, parce qu'il est anormal qu'une entreprise exige une surfacturation aussi énorme des travaux d'élargissement", a déclaré M. Martinelli.

GUPC, formé également par la firme italienne Impregilo, la belge Jan de Nul et la panaméenne Constructora Urbana, avait dénoncé dès mercredi "les graves problèmes financiers qui affectent le projet", attribuant leur "responsabilité" à l'ACP et expliquant lui avoir fixé un ultimatum de 21 jours pour les résoudre.

L'administrateur du canal, Jorge Quijano, a rejeté la demande, affirmant qu'elle était "destinée uniquement à nous contraindre à négocier hors des termes du contrat". Pour le président panaméen, ces surcoûts sont tout simplement "irresponsables".

Mais Sacyr est donc revenu à la charge jeudi, en dénonçant des "manquements graves" au contrat de la part de l'ACP.

Le surcoût est considérable au vu du montant total, de 3,2 milliards de dollars, du contrat remporté avec grand bruit en 2009 par le consortium. Une somme astronomique que GUPC attribue notamment à l"'inexactitude de l'information fournie au consortium" par l'ACP.

"Il s'agit de coûts imprévus, qui sont apparus, très nombreux et variés, au cours de ces travaux gigantesques", a expliqué à l'AFP un porte-parole de Sacyr. "Il s'agit de sujets techniques, de composantes du ciment, de questions géotechniques, géologiques, d'impôts, de taxes, de questions économiques, en relation avec les employés, de questions climatologiques", a-t-il énuméré.

Le montant global du chantier devait s'élever à 5,2 milliards de dollars.

Passant notamment par le percement d'une troisième voie d'eau, l'élévation du niveau du lac Gatun, l'élargissement des voies d'accès, le creusement du lit du canal et la construction de nouvelles écluses sur trois niveaux, le projet vise à permettre le passage de navires transportant jusqu'à 12.000 conteneurs, le triple de la charge actuelle.

La fin des travaux, d'abord prévue pour octobre 2014 afin de coïncider avec le centenaire du canal, a été reportée à 2015 après un premier désaccord dès le début du chantier entre l'ACP et GPUC sur la qualité du ciment utilisé. Le consortium avait accepté d'en changer mais lui réclamait en compensation le versement de 573 millions de dollars (environ 465 millions d'euros).

La menace de la suspension a été mal accueillie jeudi sur les marchés, le titre de Sacyr ayant plongé de plus de 18% à l'ouverture avant de clôturer en recul de 8,95%.

Le groupe insistait jeudi sur sa volonté de négocier.

"Nous voulons parvenir à un accord équitable qui permette de poursuivre les travaux au moindre coût possible et dans le délai le plus court possible", affirmait son porte-parole, ajoutant penser "que ceci est également l'objectif" de l'ACP.

"Le Panama est sur le point d'achever les travaux et le pays va rester très ferme sur le sujet", prédisait de son côté l'ex-administrateur du Canal, Alberto Aleman.

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