Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'économie canadienne a raté les attentes en 2013. 2014 sera-t-elle meilleure?

L'économie canadienne a raté les attentes en 2013. 2014 sera-t-elle meilleure?
canadian flag flying in the wind
shutterstock
canadian flag flying in the wind

OTTAWA - «Ce sera pour l'an prochain.»

Familier aux oreilles des amateurs de sports, ce refrain commence à impatienter les Canadiens qui attendent un retour en force de l'économie afin qu'elle puisse redevenir source d'emplois, de solides revenus et de sécurité financière.

Depuis 2010, la Banque du Canada fait miroiter la perspective de temps meilleurs pour l'année à venir. Mais des événements imprévus — qu'il s'agisse d'un tsunami au Japon, d'une crise de la dette en Europe ou de chicanes politiques à Washington — viennent toujours ternir l'optimisme.

Entre-temps, une croissance économique vigoureuse, qui ne dépend pas que du soutien des consommateurs, se fait toujours évasive.

«Nous allons éventuellement nous tourner vers les exportations et les investissements d'entreprises, pour nous éloigner de l'immobilier et des dépenses des consommateurs, a affirmé l'économiste en chef de la Banque TD, Craig Alexander. Nous avions dit que cela se produirait en 2013. Mais cela ne s'est pas produit. Maintenant nous disons que cela va commencer l'an prochain (2014).»

Mais M. Alexander se garde bien de prédire une croissance exorbitante.

La Banque TD, tout comme la Banque du Canada et plusieurs économistes, mise sur un rebond de la croissance économique à environ 2,3 pour cent en 2014. Ce regain d'énergie ferait suite à la croissance de 1,7 pour cent de 2012 — un résultat qui s'est vraisemblablement reproduit en 2013, selon les plus récentes estimations.

Les améliorations anticipées en 2014 ne devraient pas entraîner une importante création d'emplois et une forte appréciation des revenus. Mais la différence entre 1,7 pour cent et 2,3 pour cent demeure importante.

La Banque du Canada croit que l'économie a le «potentiel» de croître d'environ deux pour cent. À 1,7 pour cent, l'économie tourne en deçà de son potentiel, tandis qu'à 2,3 pour cent, elle peut éliminer certains relâchements et se diriger vers une pleine reprise.

Selon la banque centrale, 2015 devrait voir l'écart se refermer davantage, avec une croissance de 2,6 pour cent.

Une importante distinction à faire réside dans ce qui compose la croissance.

D'après la banque centrale et d'autres spécialistes, 2014 devrait être l'année où l'économie entre dans une zone que le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, qualifie de «croissance naturelle» — une croissance qui se soutient d'elle-même.

Ceci est un élément critique pour l'économie canadienne qui, ces trois dernières années, a connu une reprise beaucoup moins naturelle. Bien sûr, elle a récupéré les pertes de la récession au chapitre de la production et des emplois, mais une faible inflation persistante et un écart soutenu de la capacité de production laissent croire que tout ne tourne pas aussi rond qu'il ne le devrait.

La croissance a été principalement le fruit de l'injection de dizaines de milliards de dollars dans l'économie par les gouvernements fédéral et provinciaux — des sommes empruntées. La Banque du Canada — tout comme sa consoeur aux États-Unis — a aussi gardé les taux d'intérêt à de très faibles niveaux, ce qui a encouragé les entreprises et les ménages à emprunter et à dépenser.

Si on devait retirer les mesures de relance mises en place par le Canada, le pays serait probablement toujours en récession, avancent certains observateurs.

Pour l'économiste en chef de la Banque CIBC, Avery Shenfeld, il n'y avait rien de fondamentalement mauvais dans l'économie nationale du Canada avant 2008, lorsque le système financier mondial a été heurté de plein fouet par l'écroulement du secteur immobilier américain, qui a commencé à se répandre aux banques et à d'autres industries.

Même si l'économie canadienne a initialement émergé de la crise de 2008-2009 en bonne forme relative, elle s'est mise à traîner plus récemment, souffrant de la faiblesse de la demande pour plusieurs des principales exportations du pays.

«Une partie de la raison pour laquelle le Canada n'a pas vu de soutien important dans les dépenses en immobilisations des entreprises est que le reste du monde nous a déçus», a expliqué M. Shenfeld.

«Les taux d'intérêt ont été faibles, le financement a été disponible, mais à moins d'être certain que la demande pour les produits va être au rendez-vous, il est difficile de déclencher une forte hausse des dépenses en immobilisations. Alors, une économie mondiale en meilleure santé pourrait entraîner un retour des dépenses en immobilisations dans le secteur des ressources», a-t-il dit.

C'est de cette façon que l'aide des autres pays — particulièrement des États-Unis, qui accueillent 75 pour cent des exportations canadiennes — pourrait guérir l'économie canadienne de ses maux, font valoir les analystes.

L'optimisme pour 2014 est donc étroitement lié à la reprise de l'économie américaine et à son son impact sur les exportations canadiennes. La Banque Royale est la plus enthousiaste dans ses prévisions, en misant sur une croissance de 2,6 pour cent cette année et de 2,7 pour cent en 2015, ce qui devrait inciter la Banque du Canada à intervenir pour majorer les taux d'intérêt en 2015. Les exportateurs devraient également profiter d'un dollar canadien plus faible, attribuable au fait que l'économie américaine progressera plus rapidement que l'économie canadienne.

Le huard a déjà perdu six pour cent de sa valeur en 2013, pour terminer l'année aux environs de 94 cents US, et certains économistes prévoient qu'il glissera jusqu'à 90 cents US à la fin de 2014.

Mais malgré ces conditions favorables, la Banque du Canada souligne que les exportateurs canadiens peinent à maintenir le rythme, ce qui veut dire qu'ils ne profiteront pas en 2014 de la reprise américaine autant que par le passé.

Le gouverneur de la banque centrale, M. Poloz, attribue en partie cette situation au fait que le Canada a perdu quelque 9000 entreprises exportatrices dans la foulée de la récession de 2008-2009.

David Madani, analyste principal chez Capital Economics, est plus pessimiste que la majorité de ses confrères et croit que l'année 2014 ressemblera à 2012 et 2013 en termes de croissance économique. Il prévoit une année difficile pour l'industrie de la construction, en raison d'un surplus d'inventaire et de l'endettement élevé des ménages, ainsi qu'un ralentissement des dépenses de consommation.

«On se retrouve dans une situation où la faiblesse du marché immobilier et un ralentissement des dépenses de consommation vont annuler l'effet de la croissance des exportations et peut-être des investissements des entreprises», a dit M. Madani.

Plutôt qu'une accélération de la croissance économique en 2014, il prévoit un ralentissement, avec une performance de 1,5 pour cent.

Le verdict de M. Madani? Ce sera pour l'an prochain. Et par «l'an prochain», il veut dire 2015, ou même 2016. D'ici là, le marché de l'habitation aura connu une correction et la demande mondiale pourrait être assez forte pour faire une vraie différence au Canada.

À VOIR AUSSI:

1. LA DETTE DES MÉNAGES

L'économie canadienne en terrain miné

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.