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Ariel Sharon, l'homme qui voulait dessiner les frontières d'Israël

Ariel Sharon, l'homme qui voulait dessiner les frontières d'Israël

Ariel Sharon, dans le coma depuis près de huit ans et considéré désormais comme dans un état critique, était l'homme d'un grand dessein, fixer les frontières d'Israël, susceptible de bouleverser la donne du conflit israélo-palestinien s'il avait pu le mener à terme.

Terrassé par une attaque cérébrale le 4 janvier 2006, l'état de santé de l'ancien pilier de la droite israélienne s'est brusquement dégradé à la suite d'une intervention chirurgicale.

L'hôpital Tel Hashomer, près de Tel-Aviv, a indiqué jeudi que plusieurs de ses organes vitaux avaient cessé de fonctionner normalement.

Né le 27 février 1928 en Palestine mandataire, Ariel Sharon a été le bras droit du fondateur historique de la droite nationaliste, Menahem Begin, qui accède au pouvoir en 1977, avant de révolutionner le paysage politique israélien.

Car plus que tout autre dirigeant, cet homme à la réputation de faucon aura remis en cause son rêve du "Grand Israël" en ordonnant l'évacuation de la bande de Gaza en 2005 après 38 ans d'occupation. Personne avant lui n'avait osé démanteler des colonies.

Auparavant, il avait été le champion de la colonisation. Mais il est parvenu sur le tard à la conclusion qu'Israël devait renoncer à garder tous les territoires conquis durant la guerre de juin 1967 s'il voulait rester un Etat "juif et démocratique".

Certaines de ses actions ont suscité la haine des Palestiniens, l'opprobre de la communauté internationale et de vives critiques en Israël. Mais son retrait de Gaza lui a valu des louanges.

Avant cette décision, il fut toutefois un chef de guerre implacable.

Sous son impulsion, alors qu'il est ministre de la Défense, Israël s'embourbe aussi en 1982 dans une interminable et désastreuse invasion du Liban visant à chasser de ce pays Yasser Arafat, le dirigeant historique palestinien.

Une commission d'enquête officielle conclura à sa responsabilité pour n'avoir ni prévu ni empêché les massacres des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila en septembre 1982, perpétrés par une milice chrétienne alliée d'Israël. Il est contraint à la démission.

Impétueux, pugnace, à l'humour mordant, pas très regardant sur le financement de ses campagnes électorales, il a claqué la porte en novembre 2005 du Likoud où il était contesté pour créer le parti centriste Kadima, et projetait d'autres retraits en Cisjordanie.

Né de parents originaires de Biélorussie, Ariel Sharon a montré lors de sa carrière dans l'armée, où il s'est engagé à 17 ans et a été deux fois blessé, un goût prononcé pour les méthodes expéditives.

Et ce n'est pas seulement son physique imposant qui lui a valu le surnom de "bulldozer".

A la tête de l'unité 101 des commandos, puis des unités parachutistes, il lance des opérations punitives, dont la plus sanglante se soldera en 1953 par la mort d'une soixantaine de civils dans le village palestinien de Kibya.

En 1969, cet adepte de la manière forte brise pour plusieurs années la résistance palestinienne à Gaza par des opérations de commandos.

Durant la guerre d'octobre 1973, il prouve à nouveau ses capacités militaires en franchissant le canal de Suez et en encerclant l'armée égyptienne par une manoeuvre audacieuse.

Le 28 septembre 2000, sa visite sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-est, troisième lieu saint de l'islam, met le feu aux poudres. La deuxième Intifada éclate le lendemain.

Mais Sharon n'y voit qu'une péripétie d'une "guerre de 100 ans" contre le sionisme et Israël. Promettant d'écraser la révolte palestinienne, il est élu triomphalement au poste de Premier ministre le 6 février 2001, puis réélu sans appel le 28 janvier 2003.

Il voulait une séparation d'avec les Palestiniens, selon des conditions fixées par Israël. Telle était la mission historique qu'il espérait accomplir.

Mais depuis son attaque cérébrale, l'ancien "homme fort" d'Israël est peu à peu tombé dans l'oubli, cloué sur son lit d'hôpital et veillé par sa famille. Son nom n'apparaissait plus que périodiquement dans les médias.

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