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Irak: revirement de Maliki, renforts militaires à Al-Anbar

Irak: revirement de Maliki, renforts militaires à Al-Anbar

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki est revenu mercredi sur sa décision de retirer l'armée de villes de la province d'Al-Anbar et affirmé qu'il y enverrait au contraire des renforts militaires pour faire face aux violences de groupes armés sunnites.

Cette province de l'ouest de l'Irak, habitée majoritairement par des sunnites, est devenue un haut lieu de la contestation contre le gouvernement du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki.

Un camp mis en place depuis un an par des manifestants sunnites antigouvernementaux à Ramadi, chef-lieu de la province, a été démantelé lundi par les forces de sécurité, les autorités le présentant comme un "repaire d'Al-Qaïda".

Après son démantèlement, des accrochages ont éclaté entre des groupes armés et l'armée déployée dans la ville pour parer à tout débordement après la fermeture du camp.

Ces violences ont fait 14 morts en deux jours et poussé M. Maliki à annoncer mardi sa décision de retirer l'armée de Ramadi et de la ville proche de Fallouja pour éviter une escalade et laisser la police en charge de la situation.

Mais dans un revirement, il a annoncé mercredi qu'il n'allait finalement plus retirer les soldats.

"Nous ne retirerons pas l'armée, nous allons plutôt envoyer des renforts" pour répondre "aux appels (en ce sens) des habitants et des autorités locales d'Al-Anbar", a affirmé le Premier ministre, cité par la télévision d'Etat Iraqiya.

Ces renforts pourraient attiser davantage la colère de la communauté sunnite qui dénonce déjà la politique de M. Maliki accusé d'accaparer le pouvoir et de la marginaliser.

Elle réclame surtout que les autorités mettent fin à la stigmatisation dont elle s'estime victime, au travers de l'utilisation de l'arsenal législatif anti-terroriste à son encontre.

Le revirement de M. Maliki est intervenu après de nouvelles violences à Ramadi et Fallouja.

Des hommes armés ont ainsi attaqué le principal commissariat de Fallouja, où ils ont libéré 101 détenus et volé des armes, selon des officiers.

A Ramadi, des heurts ont opposé les forces de sécurité à des hommes armés. Quatre commissariats ont été incendiés et deux véhicules militaires brûlés.

Ces groupes armés sunnites sont formés d'hommes armés hostiles au gouvernement Maliki, de membres de tribus locales refusant la destruction du camp et de partisans d'un député sunnite arrêté samedi, Ahmed al-Alwani, selon des sources policières.

Le retrait de l'armée était l'une des exigences de 44 députés qui avaient présenté leur démission lundi après le démantèlement du camp.

Dans un geste visant à apaiser les habitants d'Al-Anbar, le gouvernement a annoncé mardi sa décision de fournir une aide à cette province, sous forme de nourriture, carburant, matériel médical et médicaments.

La colère des sunnites a été un facteur clé dans la recrudescence des violences en Irak.

Selon l'ONG Iraq Body Count qui répertorie les victimes civiles de ces violences depuis l'invasion américaine qui a renversé le président Saddam Hussein en 2003, l'année 2013 a été la plus meurtrière depuis cinq ans, avec 9.475 civils tués.

Deux ans après le retrait des derniers soldats américains en décembre 2011, les forces de sécurité irakiennes peinent à endiguer les violences et sont seules face aux groupes insurgés enhardis par le conflit en Syrie voisine et le mécontentement de la minorité sunnite.

Ces forces pâtissent de nombreuses lacunes en matière de formation ou de capacité de renseignement, ainsi que d'une forte politisation. Elles sont en outre accusées d'abus et de tortures.

Pour les spécialistes, l'escalade de la violences vise à déstabiliser le pays.

L'ONU et des diplomates ont appelé le gouvernement Maliki à adopter des réformes pour éviter de marginaliser davantage les sunnites, au risque de favoriser leur recrutement par les groupes extrémistes.

La paralysie de l'appareil politique, associée à une corruption endémique et à une défaillance des services publics, contribuent à alimenter l'instabilité.

Cette impasse pourrait, selon des experts, se prolonger jusqu'aux élections législatives prévues en 2014.

mah/tp/cco

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