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Soudan du Sud : nouveaux combats à Bor, le cessez-le-feu semble encore loin

Soudan du Sud : nouveaux combats à Bor, le cessez-le-feu semble encore loin

La stratégique ville sud-soudanaise de Bor était en proie mardi à de nouveaux combats entre l'armée et des rebelles, alors qu'expire mardi un ultimatum de pays africains pour cesser les combats et entamer des pourparlers dans la jeune Nation.

"Il y a des combats ce matin dans la ville de Bor", capitale de l'Etat du Jonglei (est), située à quelque 200 km au nord de Juba, a déclaré le porte-parole de l'armée, Philip Aguer.

Selon un porte-parole de la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss), Joseph Contreras, les combats ont commencé avant l'aube et l'aérodrome de la ville a été fermé.

"Cette (attaque) est un coup porté aux pourparlers de paix", a de son côté affirmé le porte-parole du gouvernement, Michael Makuei, attendant désormais de voir quelle serait la réaction des pays voisins.

Des rebelles loyaux à l'ex-vice président Riek Machar avaient déjà pris Bor le 19 décembre, quatre jours après le début des sanglants affrontements dans le jeune pays entre l'armée et la rébellion.

L'armée avait repris le contrôle de la ville le 24 décembre, mais mettait en garde depuis samedi contre une avancée vers la ville de jeunes miliciens, connus sous le nom d'"Armée blanche", un groupe synonyme de terreur dans la région. Dans la perspective de nouveaux combats, des milliers d'habitants avaient fui.

Il était difficile de dire qui affrontait de nouveau l'armée à Bor : ces jeunes miliciens, réputés pro-Machar, ou les rebelles qui s'étaient déjà emparés de la ville le 19 décembre. Mais pour le porte-parole du gouvernement, cela ne faisait aucune différence, car "ce sont (tous) des rebelles".

Le Soudan du Sud est déchiré par d'intenses combats depuis que le président Salva Kiir a accusé son ex-vice président, limogé en juillet, de tentative de coup d'Etat le 15 décembre. Le conflit aurait déjà fait des milliers de morts et 180.000 déplacés. Des informations ont aussi émergé sur des massacre, viols, meurtres à caractère ethnique.

Car si les combats sont alimentés par une vieille rivalité politique, ils revêtent aussi une dimension tribale : le conflit entre les deux hommes utilise et exacerbe les antagonismes entre Dinka, tribu du premier, et Nuer, celle du second.

Des dirigeants d'Afrique de l'Est et de la Corne de l'Afrique ont donné jusqu'à mardi aux deux rivaux pour cesser les combats et entamer des pourparlers.

Mais les efforts de paix sont dans l'impasse et ces nouveaux combats à Bor rendent encore plus improbable le respect de l'ultimatum.

La situation est d'autant plus compliquée et tout effort de paix à travers des pourparlers d'autant plus fragile, que la rébellion pro-Machar, qui contrôle notamment Bentiu, la capitale de l'Etat pétrolier d'Unité, est composée d'une alliance disparate de milices ethniques et commandants mutins de l'armée sur lesquels l'ex-vice président ne dispose pas forcément d'un contrôle complet.

Dans un entretien à la BBC, Salva Kiir a assuré vouloir régler le conflit par des "moyens pacifiques".

Pour accepter un cessez-le-feu et entamer des discussions, les rebelles demandent notamment que Juba libère tous les alliés de Riek Machar récemment arrêtés. Mais le président Kiir a souligné qu'ils ne pourraient être libérés qu'en suivant le processus judiciaire.

"Vous n'enfermez pas juste des gens et le lendemain vous leur dites +Sortez, vous êtes libres+", a-t-il lancé, excluant aussi tout partage de pouvoir avec Riek Machar.

"Cet homme est un rebelle. Si vous voulez le pouvoir, vous ne vous rebellez pas pour recevoir le pouvoir", a-t-il déclaré. "Quand je suis arrivé (au pouvoir), je ne l'ai pas fait via un coup militaire, je suis venu (au pouvoir) élu par le peuple".

Ex-commandant rebelle lors de la guerre civile qui opposa longtemps Khartoum à Juba avant la signature d'un accord de paix en 2005, Salva Kiir avait été élu président peu de temps avant l'accès à l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.

Parallèlement, l'Union africaine a haussé le ton contre les belligérants, promettant d'imposer des "sanctions ciblées" à tous ceux qui "inciteraient à la violence, y compris suivant des clivages ethniques", "poursuivraient les hostilités" ou "commettraient des actes de violence contre les civils et les combattants désarmés".

Au-delà des dirigeants régionaux, d'autres pays s'activent pour tenter d'enrayer la crise.

Les Etats-Unis, parrains de l'indépendance du Soudan du Sud et son principal soutien depuis, multiplient les efforts mais disent faire face à une situation "très compliquée et précaire". Le secrétaire d'Etat John Kerry a parlé quasiment tous les jours aux deux rivaux et l'émissaire américain Donald Booth était encore lundi à Juba pour pousser à l'ouverture de négociations.

str-aud/aub

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