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"J'étais sous un arbre pendant un mois et demi": ex-otage français

"J'étais sous un arbre pendant un mois et demi": ex-otage français

"J'étais sous un arbre pendant un mois et demi. Sept semaines ça fait beaucoup d'heures, quand on est otage et qu'on à rien à faire, rien à lire, personne à qui parler", a raconté mardi soir le prêtre français Georges Vandenbeusch à Yaoundé après sa libération.

"Il y avait deux gardes qui parlent Haoussa (langue du nord du Nigeria, ndlr), personne qui parle anglais, pas de radio, rien, le temps est très long. J'étais au Nigeria. Je ne connais pas le Nigeria", a déclaré à la presse le religieux à la résidence de l'ambassadrice de France à Yaoundé, où l'ex-otage - dont l'enlèvement avait été revendiqué par le groupe armé islamiste nigérian Boko Haram - a été conduit après sa libération annoncée mardi matin par le président François Hollande.

"J'ai regardé les cartes, pas très loin de la frontière camerounaise (où il était détenu). Depuis Noël, il y a eu des bombardements, pas mal de bombardements tout autour du camp où j'étais, avec des bombes qui sont tombées assez proches", a ajouté le prêtre, que le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est venu chercher au Cameroun pour le ramener en France mercredi matin.

"Quand on s'ennuie beaucoup, ça a fait un peu de spectacle et puis quand on voit les avions arriver vraiment dans l'axe, passer très très près et des roquettes tomber autour c'est pas que le spectacle, c'est la réalité. Ça pourrait tomber là", a ajouté le prêtre.

Evoquant ses conditions de détention, il a assuré ne pas avoir été maltraité. "Les conditions de détention étaient très rustiques (...) mais ils ne m'ont pas maltraité. Ils se sont même excusés plusieurs fois. Ils ont été assez corrects par leur façon d'être", dit-il.

Sur les modalités de sa libération, le père Georges donne peu d'indications: "je l'ai su (pour sa libération) que hier (lundi) à 16 heures (15H00 GMT). Je n'avais aucune nouvelle avant, depuis trois, quatre semaines. Aucune nouvelle. Le petit chef du camp qui parlait anglais n'était pas venu. Je ne savais rien du tout. J'espérais qu'il vienne. Ça traînait, ça m'exaspérait.

Sur son avenir, le prêtre préfère laisser du temps au temps. "Pour l'instant, je vais me laisser conduire. Il y a beaucoup de choses que je n'ai pas décidées".

"Je me laisse porter un peu, dormir, voir la famille, me reposer. Tout le monde m'a dit: prends un peu le temps. Je vais être obéissant, pour une fois, avant de prendre des décisions, de regarder un peu plus loin. Ça paraît trop long quand on n'a rien à faire. Je me suis terriblement ennuyé. Je tournais en rond sous ma bâche".

Un grand regret: "je ne pourrais pas retourner malheureusement à ma paroisse de Nguetchewe (dans le nord-Cameroun où il a été enlevé). Ca, c'est ma grande tristesse. J'étais super attaché (à cette paroisse). Mais après on verra, tout ne m'appartient pas".

Le père Georges officiait dans le nord du Cameroun depuis 2011 dans le cadre d'un échange de prêtres entre diocèses.

Les autorités françaises l'avaient alerté à plusieurs reprises sur la dangerosité de la zone et l'avaient exhorté à partir, mais le prêtre catholique avait décidé de rester. "Les combats contre la secte islamiste (Boko Haram) font rage juste à côté (...) mais mon travail ici est passionnant", avait-il écrit peu de temps avant son enlèvement à ses anciens paroissiens.

Le groupe Boko Haram a été placé en novembre sur la liste des organisations terroristes établie par les Etats-Unis. Il revendique la création d'un Etat islamique dans tout le nord du Nigeria, majoritairement musulman.

rek-mc/mr

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