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Irak: Maliki veut éviter l'escalade en retirant l'armée des villes

Irak: Maliki veut éviter l'escalade en retirant l'armée des villes

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a annoncé mardi que l'armée allait se retirer des villes de la province d'Al-Anbar, dans une tentative de prévenir une escalade après la fermeture d'un camp de protestation anti-gouvernemental.

Des accrochages entre hommes armés et soldats ont éclaté après le démantèlement lundi des tentes des manifestants sunnites dans le camp de Ramadi, chef-lieu d'Al-Anbar, érigé depuis un an pour protester contre la politique de M. Maliki, un chiite, qu'ils accusent d'accaparer le pouvoir et de marginaliser leur communauté.

Quatorze personnes ont péri dans ces heurts lundi et mardi, alors que le pays est déjà en proie depuis le début de l'année à des violences sans précédent depuis 2008 -attaques, attentats, assassinats- qui ont coûté la vie à des milliers de personnes malgré les mesures de sécurité renforcées prises par les autorités.

Celles-ci accusent la branche irakienne d'Al-Qaïda d'être à l'origine de ces violences et M. Maliki avait qualifié le camp de Ramadi de "quartier général d'Al-Qaïda".

Pour le Premier ministre irakien, la fermeture du principal camp protestataire du pays représente une relative victoire même si elle risque d'attiser la colère de la communauté sunnite.

Pour tenter d'éviter l'escalade, M. Maliki a annoncé que les soldats allaient se retirer des villes de la province d'Al-Anbar, où ils avaient été déployés ces derniers jours en prévision du démantèlement du camp afin de parer à tout débordement et de pourchasser des membres d'Al-Qaïda qui s'y terraient selon le pouvoir.

Ce dernier a d'ailleurs souligné que la fermeture du camp s'était faite sans effusion de sang et que les occupants des tentes avaient quitté le site dans le calme.

Ce sont des groupes armés sunnites hostiles à la destruction du camp et au gouvernement qui ont affronté les soldats après la destruction du camp.

Ces groupes sont formés d'hommes armés hostiles au gouvernement Maliki, de membres de tribus locales refusant la destruction du camp et de partisans d'un député sunnite arrêté samedi, Ahmed al-Alwani, selon le correspondant de l'AFP à Ramadi et des sources policières.

"Les forces armées sont appelées à se consacrer à pourchasser les repaires d'Al-Qaïda dans le désert d'Al-Anbar" et à remettre "l'administration des villes à la police locale et fédérale", a annoncé M. Maliki dans un communiqué.

Ce retrait de l'armée était l'une des exigences des 44 députés qui avaient présenté leur démission lundi soir pour protester contre le démantèlement du camp.

Dans un autre geste visant à apaiser les habitants d'al-Anbar (ouest), le gouvernement a annoncé mardi avoir décidé de fournir une aide à cette province, notamment sous forme de nourriture, carburant, matériel médical et médicaments.

Selon un journaliste de l'AFP, des heurts sporadiques se poursuivaient mardi dans le secteur de Ramadi, placé sous couvre-feu et qui connaissait une pénurie de carburant et de nourriture.

Le mouvement de protestation sunnite a débuté fin décembre 2012, à la suite de l'arrestation des gardes d'un influent homme politique sunnite, Rafeh al-Issawi, alors ministre des Finances.

Ces interpellations ont été vues par les sunnites comme un nouvel exemple de la politique répressive des autorités à leur encontre.

La communauté sunnite s'estime discriminée par le gouvernement dominé par les chiites, majoritaires en Irak, qui abuse selon elle de l'arsenal légal anti-terroriste à son encontre.

Si le gouvernement a fait certaines concessions, avec la libération de détenus et une hausse des salaires des miliciens sunnites anti-Al-Qaïda, il n'a pas répondu au coeur du problème, selon de nombreux experts.

En avril, une opération contre un autre campement de protestataires sunnites à Hawijah (nord) avait provoqué des affrontements meurtriers et relancé une vague d'attaques de représailles.

La colère des sunnites a été un facteur clé dans la recrudescence des attentats en Irak qui a renoué avec les niveaux de violences de 2008, lorsque le pays sortait tout juste d'une guerre confessionnelle particulièrement meurtrière.

Cette année, plus de 6.800 personnes ont été tuées, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources médicales et sécuritaires. Mardi, douze personnes ont encore péri dans la province de Bagdad, s'ajoutant à trois assaillants et un soldat dans le secteur de Ramadi.

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