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Irak: les exécutions augmentent, le gouvernement se veut ferme sur la sécurité

Irak: les exécutions augmentent, le gouvernement se veut ferme sur la sécurité

Le nombre d'exécutions a augmenté en Irak en 2013 en dépit des condamnations internationales, faisant craindre de nouveaux records au moment où les responsables cherchent à montrer leur fermeté sur les questions de sécurité à l'approche des élections.

Au moins 169 personnes ont été condamnées à mort et exécutées en 2013, un record depuis l'invasion américaine de 2003, qui place l'Irak au 3e rang mondial, juste derrière la Chine et l'Iran.

En 2012, 129 personnes avaient été condamnées à la peine capitale, généralement infligée en groupe et par pendaison.

Les responsables irakiens affirment que la peine de mort est non seulement autorisée par l'islam, mais qu'elle est un moyen efficace de lutter contre les violences, qui ont atteint cette année des niveaux jamais vus depuis 2008.

Mais diplomates et organisations de défense des droits de l'Homme ne sont pas du même avis et appellent à un moratoire, pointant du doigt des dysfonctionnements en amont.

"Ce qui est plus dérangeant que la peine capitale elle même, c'est que les dysfonctionnements du système judiciaire font qu'il existe une vraie chance que les personnes exécutées soient en fait innocentes", explique Erin Evers, spécialiste de l'Irak pour l'ONG Human Rights Watch

Et il ne s'agit pas que des procès, ajoute-t-elle, "mais de tout le système, de l'arrestation au tribunal. C'est l'addition d'une insuffisance au niveau de l'enquête, d'un manque de professionnalisme, d'un manque de preuves, de la corruption au sein des services de sécurité, et entre officiers de la sécurité et le pouvoir judiciaire".

La Haute-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Navi Pillay, a dénoncé un système "qui ne fonctionne pas correctement".

Le département d'Etat américain, dans son rapport annuel sur les droits de l'Homme pour l'année 2012, fait état de plusieurs témoignages crédibles portant sur "des tortures et des abus lors des arrestations et des enquêtes, lors des détentions provisoires et après les jugements, de la part de l'armée et de la police".

Le ministre de la Justice irakien, Hassan al-Shammari, assure que les exécutions n'ont lieu qu'après une procédure légale complète. Le ministère des Droits de l'Homme défend également la peine de mort, qui a un effet dissuasif, et aidera la protection des droits de l'Homme sur le long terme, selon le ministre.

"Le gouvernement irakien a un point de vue très clair sur la peine de mort, parce que cela dissuade les criminels et les terroristes qui tuent des Irakiens chaque jour", écrit le ministre des Droits de l'Homme, Mohammed Chia al-Soudani, sur le site internet du ministère.

Selon lui, l'Irak fait face à "un grand défi, afin d'établir les principes des droits de l'Homme entre deux générations qui ont grandi avec des valeurs différentes, mais nous espérons que ces principes vont se propager, particulièrement après que l'on ait mis un terme au terrorisme".

Cette hausse des exécutions intervient alors que l'année 2013 a été terriblement sanglante pour l'Irak, qui a connu sa pire période de violences depuis le conflit civil de 2006-2007 déclenché après l'invasion américaine de 2003, qui avait fait des dizaines de milliers de morts.

Face à cette hausse des violences, les ministres veulent se montrer d'autant plus fermes sur la sécurité, et pourraient même augmenter la cadence des exécutions.

"Les exécutions semblent être un bon moyen d'avoir l'air fort", souligne Ahmed Ali, un analyste à l'Institut d'étude de la guerre. Et si elles augmentent, "je ne pense pas que beaucoup de gens s'en formaliseront", ajoute-t-il.

Quant à la perspective des élections en avril, sur fond de mécontentement d'une population excédée par le manque de services et le chômage, elle risque de pousser la classe politique irakienne à attirer l'attention ailleurs, possiblement sur la sécurité.

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