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Irak: le gouvernement dit voir demantelé un important camp de protestataires

Irak: le gouvernement dit voir demantelé un important camp de protestataires

Le gouvernement irakien a annoncé que les forces de sécurité avaient démantelé lundi le plus important campement de protestataires anti-gouvernementaux en Irak, donnant lieu à des heurts meurtriers à Ramadi où des mosquées ont appelé à la guerre sainte.

Ces violences risquent de renforcer la colère de la communauté sunnite, minoritaire en Irak, qui proteste depuis un an contre les discriminations dont elle se dit victime de la part du gouvernement central.

La police locale a "achevé d'enlever les tentes qui étaient sur le site, et a rouvert la route qui était fermée", a assuré Ali Moussawi, le porte-parole du Premier ministre Nouri al-Maliki.

L'opération a été menée "sans aucune perte, après qu'Al-Qaïda et ses membres se sont échappés du camp", a-t-il ajouté, précisant qu'ils étaient désormais dans la ville, où ils étaient poursuivis.

Près du site du campement, à Ramadi, une localité située à 380 km à l'ouest de Bagdad, un journaliste de l'AFP a cependant vu le corps d'une personne décédée et dix autres blessées dans les heurts.

Le reporter ne pouvait accéder au campement, mais voyait des forces de sécurité déployées en nombre à proximité, tandis que des hélicoptères tiraient sur la zone.

Un peu plus tôt, la télévision d'Etat Iraqiya avait assuré que l'opération se déroulait après un accord conclu entre les forces de sécurité, des chefs religieux et des responsables tribaux.

La chaîne a également cité le chef de la police de la province d'Anbar --dont Ramadi est le chef-lieu-- affirmant que les forces de sécurité avaient trouvé deux voitures piégées et d'autres explosifs sur le site.

Le campement installé il y a environ un an sur une route reliant Ramadi à Bagdad, comprenait une estrade, une structure couverte pour s'abriter du soleil et des dizaines de tentes.

Alors que les heurts faisaient rage, des mosquées de Ramadi appelaient "à participer au jihad", la guerre sainte. Deux véhicules des forces de sécurité ont été incendiés et des hommes armés se sont emparés d'un troisième, selon le journaliste de l'AFP.

Ce sit-in, qualifié par le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki de "Quartier général d'Al-Qaïda", a été installé par des sunnites au début d'un mouvement de protestation de la communauté sunnite qui perdure aujourd'hui. Ce mouvement a été déclenché par l'arrestation fin décembre 2012 des gardes du ministre des Finances d'alors, Rafeh al-Issawi --un influent homme politique sunnite--, accusés de "terrorisme".

La communauté sunnite estime faire l'objet de discriminations et d'une campagne de "répression" de la part du gouvernement dominé par les chiites.

M. Maliki avait appelé le 22 décembre les protestataires à lever leur sit-in, leur donnant "un délai très court" pour partir, sans autre précision.

Samedi, un député sunnite connu pour son soutien aux manifestants anti-gouvernement, Ahmed al-Alwani, avait été arrêté à son domicile à Ramadi, au prix d'un raid ayant coûté la vie à son frère et à cinq gardes.

Ce raid visait en premier lieu le frère du député, soupçonné de terrorisme, selon l'armée. A Ramadi et Falloujah, une autre ville à l'ouest de Bagdad, des centaines de personnes avaient défilé le jour même pour dénoncer cette arrestation.

La dernière opération d'envergure en date contre des protestataires remontait au 23 avril, lorsque les forces de sécurité avaient lancé un assaut contre un camp de manifestants sunnites près de Houweijah (nord), entraînant des heurts qui avaient fait des dizaines de morts.

La colère de la communauté sunnite a été un facteur clé dans l'escalade des violences cette année en Irak, stimulant le recrutement chez les groupes insurgés.

Si le gouvernement a fait certaines concessions, comme libérer des détenus et augmenter le salaire de miliciens sunnites anti-Al-Qaïda, il n'a pas répondu au coeur du problème, selon les analystes.

Le pays a renoué avec les niveaux de violences de 2008, lorsqu'il sortait tout juste d'une guerre confessionnelle sanglante. Depuis le début de l'année, plus de 6.750 personnes sont mortes en Irak, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources médicales et sécuritaires.

Lundi, les violences ont fait neuf morts ailleurs en Irak, dont trois membres des forces de sécurité tués dans des attaques.

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