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GSP : la passation du pouvoir

GSP : la passation du pouvoir

Le règne de Georges « Rush » St-Pierre s'est terminé en 2013. Cela apportera un vent de changement dans la catégorie des poids mi-moyens de l'UFC dans les années à venir.

Un texte de Gabriel Séguin

En novembre 2012, St-Pierre (25-2) est revenu d'un long repos pour vaincre Carlos Condit et réaffirmer sa domination. Ce triomphe semblait être le précurseur d'une autre année faste dans la carrière du Québécois.

Il n'a donné aucune place à l'aspirant Nick Diaz, au 158e gala de l'UFC, au mois de mars. Diaz tenait toujours debout à l'issue du cinquième round, mais il ne faisait nul doute que GSP conserverait son titre. St-Pierre avait dominé son adversaire au sol (9 mises au sol, 0 pour Diaz), mais était également supérieur à son adversaire debout.

Sans surprise, les juges ont chacun accordé la victoire 50-45 à St-Pierre. Diaz a pris sa retraite des arts martiaux mixtes après cette écrasante défaite.

Après une victoire si éloquente, le guerrier de Saint-Isidore semblait assis confortablement sur le trône du championnat des mi-moyens. En dépit de son apparente invincibilité, le champion était toutefois rongé de l'intérieur par des problèmes intimes, dont les détails demeurent à ce jour un secret bien gardé.

Hendricks, le point tournant

St-Pierre devait se préparer à affronter l'adversaire le plus redoutable de sa carrière avec une confiance ébranlée. L'Américain Johny Hendricks reluquait la ceinture des mi-moyens depuis un bon moment. À l'instar de Diaz, Hendricks se faisait un devoir de s'attaquer à la réputation de ses adversaires à l'extérieur de la cage. En décembre 2012, il accusait le champion d'être un fuyard lorsque ce dernier a choisi de faire face à Diaz en premier.

Avant de se mesurer au champion, Hendricks annonçait qu'il avait l'intention de « le battre, de le démolir », comme si la victoire était dans la poche.

Hendricks était toutefois capable d'asséner plus que de vilaines insultes à St-Pierre. Sa force de frappe redoutable et ses talents de lutteur faisaient trembler le champion. L'Américain avait triomphé dans ses cinq derniers duels et avait aplati un de ses adversaires en l'espace de quelques secondes.

Son statut d'ancien champion lutteur de la NCAA faisait aussi de lui un adversaire de taille pour celui que plusieurs considéraient comme le meilleur lutteur des arts martiaux mixtes. Plusieurs spécialistes croyaient fermement qu'il s'emparerait de la ceinture.

Le champion affichait un air inquiet au moment de se diriger vers l'octogone pour affronter l'Américain, au 167e gala de l'UFC. Son angoisse ne s'est pas dissipée durant l'affrontement.

St-Pierre ne parvenait pas à imposer sa loi contre Hendricks. Ce dernier résistait brillamment à toutes tentatives de le forcer au sol, et semblait recevoir les puissants directs de son adversaire sans broncher. Avec de puissants coups, l'Américain a ébranlé GSP à quelques reprises.

Le Québécois était amoché, mais il paraissait en meilleure forme que l'aspirant au titre. Après avoir déployé autant d'efforts, Hendricks cherchait son souffle à la fin du troisième round.

Les partisans réunis au MGM Grand Garden Arena de Las Vegas et les nombreux téléspectateurs retenaient leur souffle en attente du verdict des juges. Selon toute vraisemblance, St-Pierre et Hendricks s'étaient partagé les quatre derniers rounds. À qui reviendrait le premier round? Les magistrats ont accordé la victoire au champion par décision partagée (48-47, 47-48, 48-47).

L'Américain était abasourdi. « J'étais certain d'avoir gagné. Je suis là pour gagner la ceinture », a-t-il dit. De nombreux amateurs étaient aussi de cet avis.

Comme si cela ne suffisait pas, GSP a déclaré après le combat, de manière bien maladroite, qu'il avait besoin de temps pour réfléchir à son avenir et pour s'attarder à sa vie personnelle.

Il n'en fallait pas plus pour que le grand patron de l'UFC, Dana White, se lance dans une tirade médiatisée. En plus de répéter que Hendricks avait remporté quatre des cinq rounds, il insistait sur le fait que Hendricks aurait droit à sa revanche.

Rétrospectivement, White a qualifié sa propre réaction « d'effondrement » (meltdown), mais n'est jamais revenu sur ses positions.

Une pause salutaire

Le guerrier québécois a déclaré qu'il mettait sa carrière en veilleuse dans une conférence téléphonique, le 13 décembre, afin de « garder [sa] santé mentale ». L'athlète le plus prolifique et le plus rentable des arts martiaux mixtes abdiquait également son titre, qu'il venait pourtant tout juste de défendre.

Le président de l'UFC a encaissé le coup avec un étrange optimisme. Il ne fait « aucun doute » que St-Pierre a pris « la bonne décision », a-t-il insisté. Loin de voir le repos du guerrier comme une catastrophe, White a répété que « la vie continue » et qu'il ne craignait pas pour la santé de son sport.

L'absence du Québécois représente certes une perte énorme pour les arts martiaux mixtes, mais elle donnera également un nouvel élan à la catégorie des mi-moyens. De nouveaux combattants auront la chance de se disputer et de s'échanger la ceinture. Du même coup, cela mettra un terme à la controverse née du duel entre St-Pierre et Hendricks. Ce dernier aura la chance de prouver qu'il mérite d'être sacré champion contre Robbie Lawler, le 15 mars prochain.

GSP sera absent du circuit de l'UFC pour une longue période. Il est difficile de prédire s'il reviendra un jour. S'il combat de nouveau, il devra trimer dur pour regagner sa couronne.

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