La Cour suprême russe va réexaminer les dossiers des deux procès de l'ex-magnat Mikhaïl Khodorkovski, gracié la semaine dernière par Vladimir Poutine, a annoncé à l'AFP un porte-parole de l'instance judiciaire.
Le président de la Cour suprême Viatcheslav Lebedev a demandé un réexamen du premier procès de M. Khodorkovski et de son associé Platon Lebedev, "à la lumière de la décision de la Cour européenne des droits de l'homme", a déclaré à l'AFP Pavel Odintsov.
Les deux hommes avaient été condamnés en 2005 à huit ans de camp pour "escroquerie et fraude fiscale", une peine portée à 14 ans à l'issue d'un deuxième procès en 2010 pour "vol de pétrole et blanchiment" de 23,5 milliards de dollars.
Le 25 juillet, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a jugé "inéquitable" le premier procès.
Les juges de Strasbourg ont admis que les accusations portées contre les deux hommes qui dirigeaient l'ex-groupe pétrolier Ioukos, essentiellement pour fraude fiscale et escroquerie, "reposaient sur des bases solides". Mais ils ont estimé que leur droit à un procès équitable avait été bafoué, et que "leur incarcération dans des pénitenciers lointains n'était pas justifiée".
"Formellement, cela devrait être réexaminé dans les deux mois à venir, mais je pense que cela pourrait arriver bien avant", a ajouté le porte-parole de la Cour suprême.
Par ailleurs, le président de la Cour suprême a rendu un arrêt ordonnant une révision de leur deuxième procès à la demande des avocats de la défense, a aussi indiqué M. Odintsov.
L'avocat de M. Khodorkovski et de M. Lebedev, Vadim Kliouvgant, a salué ces décisions "positives".
Cette annonce intervient alors que M. Khodorkovski, qui avait purgé plus de dix ans de prison et devait être libéré en août 2014, a été gracié la semaine dernière par le président Vladimir Poutine, à la surprise générale. Après avoir été remis en liberté, il a quitté la Russie pour l'Allemagne.
M. Khodorkovski, qui selon nombre d'observateurs a payé pour avoir tenu tête à Vladimir Poutine, montré trop d'indépendance et financé des partis d'opposition, a exclu dans plusieurs interviews de se lancer dans la lutte politique à proprement parler, et de financer l'opposition.
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