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Quelle nouvelle a le plus marqué l'actualité du Canada en 2013? (VIDÉO)

Quelle nouvelle a le plus marqué l'actualité du Canada en 2013? (VIDÉO)

Le matin du samedi 6 juillet 2013, le Québec se réveille avec des images apocalyptiques en provenance de Lac-Mégantic. Le centre-ville est en flammes. De gigantesques boules de flammes explosent les unes après les autres. Une épaisse fumée noire entache le ciel bleu.

Les premières informations, fragmentaires, ne permettent pas tout à fait de saisir l'ampleur du drame qui vient de se jouer dans la petite municipalité estrienne. Mais on aura tôt fait de réaliser que l'événement ferait couler l'encre pour les semaines à venir.

Le funeste déraillement ferroviaire survenu cet été est de fait la nouvelle ayant le plus marqué l'actualité en 2013, révèle le sondage pancanadien annuel mené par La Presse Canadienne auprès de médias des quatre coins du Canada.

« Par la magnitude de l'événement, l'explosion de Lac-Mégantic aura marqué l'année 2013 de plusieurs façons. Ce drame humain, social, environnemental et gouvernemental aura frappé l'imagination des Québécois et des Canadiens, tout en étant évoqué partout dans le monde », a commenté Pierre Champoux, directeur de l'information à ICI Radio-Canada.ca.

Dans les heures qui suivent l'accident, les circonstances de la catastrophe se précisent : un convoi ferroviaire pétrolier a explosé en plein cur de la ville, vers une heure du matin. Et surtout, on apprend que personne n'était aux commandes du train bourré de carburant qui a dévalé la pente entre Nantes et Lac-Mégantic - l'un des dénivelés les plus prononcés du réseau ferroviaire au pays.

Les médias arrivent sur les lieux du drame alors que les flammes embrasent encore le centre-ville. La paisible municipalité de 6000 âmes est rapidement envahie par des journalistes venus des quatre coins du Québec, du Canada et des États-Unis, entre autres.

« Je vous assure que je me croyais solide. Avant de commencer, je me sentais solide », s'est souvenue la mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy-Laroche, en évoquant le premier point de presse qui s'est tenu au lendemain de l'accident.

La première magistrate, inconnue du grand public avant ces événements, n'avait encore rien vu. Plus les jours passeront, plus les reporters seront nombreux à débarquer dans sa ville pour couvrir l'événement.

Et les histoires à rapporter sont encore légion, comme l'auront prouvé les derniers mois : les poursuites judiciaires se multiplieront, les enquêtes se succéderont et les politiciens devront répondre à des questions sur la sécurité ferroviaire et le transport de matières dangereuses.

Mais surtout, les Méganticois se retrouveront plongés dans un deuil incommensurable. Quarante-sept des leurs ont perdu la vie cette nuit-là.

Pour toutes ces raisons, quelque 31 % des directeurs de l'information et rédacteurs en chef de médias clients de La Presse Canadienne ont déterminé que la tragédie était la nouvelle ayant le plus marqué l'année qui s'achève.

La lutte aura été serrée entre l'histoire de Lac-Mégantic et le scandale des dépenses au Sénat (24 % du vote) et des frasques à répétition du maire de Toronto, Rob Ford (23 % des suffrages exprimés).

Au Québec, environ 55 % des répondants ont déterminé qu'il s'agissait de la nouvelle de l'année, tandis que 26 % des personnes sondées dans le reste du Canada en sont venus à la même conclusion.

La tragédie a eu des échos à l'échelle nationale, mais aussi à l'international. Des médias du Koweït, d'Israël, de l'Inde, du Pakistan et des Philippines - notamment - y ont consacré des articles, selon la firme Influence Communication, qui en est également venue à la conclusion que la tragédie de Lac-Mégantic était la nouvelle de l'année au Québec.

C'était la première fois qu'une nouvelle québécoise se hissait au top trois des nouvelles les plus médiatisées dans le monde à un moment précis, et elle y est restée durant quatre jours, peut-on lire dans un rapport publié le 17 décembre par le courtier en informations médias.

Comment expliquer cette intense médiatisation? « Il y avait ces images... des images d'explosions hors de l'ordinaire. Je pense que c'est l'ampleur de l'explosion qui a été un facteur », a suggéré la mairesse Roy-Laroche, qui est par ailleurs arrivée en quatrième position dans la catégorie de la personnalité médiatique de l'année 2013, loin derrière son homologue de Toronto, Rob Ford.

« Cette tragédie-là a permis au monde entier, je pense, de réfléchir à la sécurité ferroviaire, et de pousser les gouvernements et les compagnies privées à faire en sorte [...] qu'on évite ce genre de catastrophe là », a-t-elle confié en entrevue avec La Presse Canadienne au début du mois de décembre.

L'histoire a en effet suscité de nombreuses prises de conscience. Comment expliquer qu'un convoi de 72 wagons transportant des millions de litres de pétrole brut puisse être laissé sans surveillance? Quel contrôle exerce réellement le gouvernement fédéral sur l'industrie ferroviaire?

« Des événements comme celui-ci ne devraient pas se produire au Canada, mais quand c'est le cas, ils soulèvent de sérieuses questions sur la sécurité de notre système ferroviaire et sur la nature des produits chimiques qui sont transportés en passant par des centaines de municipalités qui l'ignorent aussi », a fait remarquer Darrell Cole, directeur de l'information du Amherst News, en Nouvelle-Écosse, pour justifier son choix.

Les questions se posaient, les hypothèses fusaient, et l'entreprise ferroviaire qui exploitait le convoi, la Montreal, Maine and Atlantic Railway (MMA), demeurait muette - exception faite d'un communiqué maladroitement traduit en français.

Le grand patron de Rail World, le holding propriétaire de la MMA, Edward Burkhardt, était attendu avec une brique et un fanal par la population à Lac-Mégantic. Sa visite a donné lieu à une mêlée de presse chaotique qui aura duré près d'une heure, au cours de laquelle il a notamment annoncé que le conducteur du train accidenté, Tom Harding, avait été suspendu.

Les politiciens, eux, ont multiplié leurs visites au chevet de la petite municipalité durement éprouvée. Pauline Marois s'y est rendue une première fois dans les heures suivant le drame, et Stephen Harper y a aussi effectué quelques visites par la suite.

Dans la foulée de la tragédie, le gouvernement fédéral - de qui relève le transport ferroviaire au Canada - a annoncé des changements à sa réglementation.

« L'impact de l'explosion du convoi à Lac-Mégantic était une histoire tragique et dramatique à elle seule [...], mais c'est l'ampleur des conséquences de ce désastre qui en fait la nouvelle de l'année », a commenté l'une des répondantes du sondage, Catherine Wallace, directrice de l'information au quotidien montréalais The Gazette.

L'histoire n'a pas fini de faire les manchettes. Le Bureau de la sécurité des transports du Canada, qui avait déjà prévenu Transports Canada en 1996 de la dangerosité des wagons-citernes de classe 111A - qui composaient le convoi de la MMA - doit présenter les conclusions de son investigation prochainement.

La Sûreté du Québec (SQ) doit également déposer au cours des prochains mois les résultats de son enquête, de laquelle pourraient découler des accusations de négligence criminelle.

Et c'est sans compter que les recours collectifs et les diverses poursuites intentées en justice mettront probablement des mois, voire des années, à se régler.

Il faudra également voir si le déversement de quelque 5,7 millions de litres du pétrole de schiste en provenance du Dakota du Nord aura des impacts environnementaux à long terme dans la région - l'opération de nettoyage et de décontamination est d'ailleurs loin d'être terminée.

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Explosion d'un train à Lac-Mégantic

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