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Soudan du Sud: 6.000 Casques bleus de plus et "des milliers" de morts

Soudan du Sud: 6.000 Casques bleus de plus et "des milliers" de morts

Le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé mardi l'envoi de près de 6.000 Casques bleus de plus au Soudan du Sud où le bilan des affrontements pourrait atteindre des milliers de morts depuis le 15 décembre.

Sur le terrain, l'armée gouvernementale a repris aux rebelles la ville de Bor, malgré les appels à la fin des combats.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a ainsi exhorté mardi le président sud-soudanais Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar à cesser le combat et à négocier.

Le Conseil a adopté à l'unanimité de ses 15 membres la résolution 2132 qui fait passer le plafond autorisé des effectifs militaires de la Minuss de 7.000 à 12.500 hommes. Le nombre des policiers atteint désormais 1.323 contre 900 auparavant. La Minuss, avec ce quasi-doublement des effectifs, deviendra ainsi la troisième mission de maintien de la paix de l'ONU en nombre de Casques bleus, après celles en République démocratique du Congo et au Darfour.

Mais le secrétaire général Ban Ki-Moon a averti le Conseil que ce redéploiement "ne se fera pas du jour au lendemain" et que l'ONU "ne peut pas protéger tous les civils" dans le pays. Il appartient aux deux camps rivaux de mettre fin au conflit, a-t-il ajouté, en appelant à des négociations entre MM. Kiir et Machar.

Les 15 pays membres ont également condamné les violences entre les ethnies Nuer et Dinka, ainsi que les "violations des droits de l'homme et les exactions commises par toutes les parties, y compris les groupes armés et les forces nationales de sécurité".

Le bilan des affrontements, qui ont éclaté le 15 décembre, est déjà très lourd. Des milliers d'habitants du Soudan du Sud ont été tués en une semaine de combats, a affirmé mardi soir le chef de la mission humanitaire de l'ONU dans le pays. "Il n'y a aucun doute pour moi, le bilan atteint des milliers" de morts, a dit à la presse Toby Lanzer.

Malgré les appels de la communauté internationale à la trêve et au dialogue, l'armée gouvernementale a repris mardi aux rebelles la ville de Bor, dans l'Etat de Jonglei, à 200 km au nord de Juba, a annoncé à l'AFP le ministre de l'Information, Michael Makwei. Les forces pro-Machar avaient pris la ville le 19 décembre.

Auparavant, Riek Machar, limogé en juillet, s'était finalement dit prêt à "engager des pourparlers" avec son rival à Addis Abeba.

Dans un message à la nation à l'occasion de Noël, Salva Kiir a déclaré que "seuls des innocents ont été tués".

"Il y a maintenant des gens qui ciblent les autres en raison de leur appartenance tribale (...) Tout cela va entraîner notre nouvelle nation vers le chaos", a-t-il prévenu.

De premières découvertes macabres ont lieu. L'ONU a ainsi annoncé la localisation d'un charnier d'au moins 34 morts à Bentiu, capitale de l'Etat pétrolier d'Unité tenue par les rebelles.

"Le charnier a été visité hier matin, les officiels de l'ONU sur place ont vu 14 corps dans le charnier, et 20 près d'une rivière toute proche. Ils ont été informés qu'il y avait 75 soldats de la SPLA, de l'ethnie Dinka, qui manquaient à l'appel, et dont on craint qu'ils ne soient morts", a annoncé mardi à Genève le Haut-commissariat de l'ONU en charge des droits de l'homme.

L'agence de l'ONU a également dénoncé des "exécutions de masse, en dehors de tout jugement, le ciblage d'individus sur la base de leur appartenance ethnique et les détentions arbitraires" au Soudan du Sud ces 10 derniers jours.

Dans la soirée, deux responsables de l'ONU à New York ont indiqué que ces attaques contre les civils et les Casques bleus "pourraient constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité".

Le Soudan du Sud est en proie à d'intenses combats depuis le 15 décembre, le président Kiir ayant accusé son ancien vice-président de tentative de coup d'Etat.

Riek Machar dément, accusant Salva Kiir de vouloir éliminer ses rivaux, mais ses hommes ont depuis pris deux capitales régionales stratégiques: Bentiu et Bor, que l'armée vient de reprendre.

Au moins 45.000 civils sont réfugiés dans des bases onusiennes débordées, dont 20.000 à Juba seule, selon l'ONU.

Des centaines de milliers d'autres personnes ont très probablement fui dans la brousse.

Les forces armées américaines ont déployé mardi en Ouganda une petite équipe de marines pour se préparer à de possibles nouvelles évacuations d'Américains du Soudan du Sud.

Les combats touchent désormais la moitié des 10 Etats du jeune pays, indépendant en 2011: ceux de Jonglei, d'Unité, d'Equateur central (Juba), mais aussi du Haut-Nil ou encore d'Equateur oriental.

Dans leur lutte politique pour le pouvoir, les deux rivaux instrumentalisent les antagonismes entre leur ethnie réciproque: les Nuer de Machar, les Dinka de Kiir.

Réfugiés dans une base onusienne de l'ONU, deux Nuer ont raconté avoir été arrêtés avec 250 autres hommes par des soldats sud-soudanais, qui ont ouvert le feu sur eux dans un poste de police de Juba. Simplement, disent-ils, parce qu'ils appartenaient à l'ethnie de Riek Machar.

Des informations similaires ont émergé de régions aux mains des rebelles pro-Machar, dont l'attaque d'une base de l'ONU par des jeunes nuer à Akobo, dans le Jonglei. Là, deux Casques bleus indiens ont été tués et l'ONU a confirmé la mort d'"au moins 11 civils" Dinka.

Au-delà de la catastrophe humanitaire annoncée, les combats menacent la production pétrolière sud-soudanaise, et l'économie dans son ensemble -- l'or noir représente 95% de la fragile économie nationale.

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