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Rome instaure une "google-taxe" dans son budget 2014

Rome instaure une "google-taxe" dans son budget 2014

Les députés italiens ont approuvé vendredi dans le cadre du vote du budget 2014 une mesure controversée obligeant les géants d'internet, comme Google, à vendre leur publicité uniquement à travers des intermédiaires italiens.

La mesure, appelée "google-taxe" ou "web-taxe" par les médias italiens, doit entrer en vigueur le 1er janvier et a déjà provoqué la colère des experts de l'industrie du numérique.

Cette mesure, la première du genre en Europe, selon l'un d'entre eux, devrait permettre d'augmenter les impôts payés par les géants d'internet qui vendent généralement leur publicité à travers des intermédiaires installés dans des pays à faible taux d'imposition, comme le Luxembourg ou l'Irlande.

"Ils vont devoir payer les impôts en Italie sur la publicité qu'ils vendent en Italie", a déclaré Francesco Boccia, un juriste du Parti démocrate (PD), principale formation de la gauche et du pays, à l'origine de la proposition de loi.

"Un hôtelier italien qui achètera de la publicité sur internet devra payer le même montant qu'auparavant, mais ce versement sera fait à travers une entreprise qui paye ses impôts en Italie", a-t-il dit.

Selon M. Boccia, cette mesure devrait rapporter à l'Etat entre 100 et 150 millions d'euros par an et il est temps "d'arrêter une hémorragie financière subie par le pays sans ciller".

Le monde numérique italien n'a pas tardé à émettre des critiques.

Pour Carlo Alberto Carnevale-Maffe, professeur d'économie numérique à l'université Bocconi de Milan, le risque est que les grandes compagnies "abandonnent le marché italien", surtout si la péninsule reste le seul pays de l'UE à avoir un impôt de ce genre.

"Cela renferme les affaires dans un enclos numérique. Vous ne pouvez pas territorialiser l'internet", dit-il.

"L'absurdité de la mesure est que cela risque d'affecter les petites compagnies qui cherchent à exporter", a-t-il ajouté, estimant que l'impôt pourrait rapporter "dans le meilleur des cas quelques dizaines de millions d'euros, mais pourrait coûter des milliards en terme d'exportations perdues".

L'édition italien du magazine spécialisé Wired a également estimé que cette mesure allait "nuire" à l'Italie et que "toute l'économie numérique italienne serait affectée".

La Commission européenne a exprimé "des doutes sérieux" concernant cette mesure qui pourrait enfreindre les règles du marché unique et de la non-discrimination en Europe.

Le chef du gouvernement Enrico Letta a pour sa part jugé que cette mesure nécessitait une "coordination avec les règles européennes" et qu'il était important que ce sujet devienne "une priorité" pour l'UE.

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