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Centrafrique: fusillades et nouvelles violences à Bangui, retour de la psychose

Centrafrique: fusillades et nouvelles violences à Bangui, retour de la psychose

Des fusillades et de nouvelles violences interreligieuses ont fait plusieurs tués depuis jeudi soir à Bangui, où l'armée française et la force africaine ont renforcé leurs patrouilles pour prévenir une reprise des tueries.

Après d'intenses échanges de tirs dans la soirée sur l'aéroport, dont on ne connait toujours pas l'origine, des fusillades ont éclaté vendredi matin dans plusieurs quartiers, à proximité de l'aéroport notamment, dans le nord de la ville.

Une quarantaine de blessés ont été évacués sur l'hôpital communautaire de Bangui depuis cette nuit, a indiqué sur place un membre de Médecins sans frontières (MSF). La plupart de ces blessés ont été touchés par balles, et trois d'entre eux sont décédés depuis, a-t-on ajouté de même source.

Les blessés sont aussi bien chrétiens que musulmans, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Il y a eu des affrontements à PK5 (quartier à dominante musulman), un peu dans la nuit, mais surtout ce matin", a précisé le membre de MSF.

Interrogé par l'AFP, l'imam Kobine Layama, de la mosquée Ali Babolo dans ce même quartier PK5, a affirmé pour sa part: "il y a eu une incursion anti-balaka (milice chrétienne) cette nuit et ce matin dans le quartier". "Plusieurs corps (de victimes) sont entreposés dans la mosquée", a-t-il indiqué.

Des blessés chrétiens ont déclaré de leur côté à l'AFP avoir été victimes de tirs des Séléka.

Après la relative normalisation de ces derniers jours, les avenues et principaux axes de Bangui étaient de nouveau totalement déserts vendredi. La circulation automobile a quasiment cessé, avec de rares passants dans les rues et des boutiques aux rideaux de fer baissés. La carcasse fumante d'un véhicule incendié gisait sur l'avenue Boganda.

Seules présences: de nombreuses patrouilles de la police et de la gendarmerie centrafricaine, des troupes de la force africaine et des soldats français.

"Les patrouilles françaises ont été renforcées à Bangui en raison de la situation tendue depuis hier "(jeudi), a confirmé une source militaire française.

Jeudi soir, d'intenses échanges de tirs ont éclaté dans la nuit sur l'aéroport Mpoko de Bangui, où sont basés les soldats français de l'opération Sangaris, et les différents contingents de la force africaine (Misca). Des dizaines de milliers de déplacés y ont trouvé refuge ces dernières semaines.

Les circonstances de ces combats nocturnes, l'identité des belligérants tout comme le nombre d'éventuelles victimes restaient inconnus vendredi. Plusieurs observateurs pointaient du doigt l'extrême nervosité du contingent tchadien.

Un porte-parole du contingent français a évoqué "une situation volatile" dans la ville ce vendredi, avec "des évènements en cours". Interrogé à Paris, l'état-major français a dit attendre d'avoir des informations confirmées avant de s'exprimer.

La confusion a été encore un peu plus alimentée par une manifestation mouvementée au petit matin, à proximité de l'aéroport, de près de 500 personnes exigeant le départ du président et chef de l'ex-rébellion Séléka Michel Djotodia. La manifestation a été perturbée par des tirs en l'air de soldats tchadiens de la Misca, qui ont un moment suscité la panique puis le mécontentement de la foule.

Depuis le 5 décembre, les massacres entre chrétiens et musulmans ont fait près d'un millier de morts dans le pays, selon l'organisation Amnesty international.

La plupart des victimes ont été tuées à Bangui dans des représailles de l'ex-rébellion musulmane Séléka (qui a pris le pouvoir en mars 2013), mais également en province dans les atrocités des milices d'autodéfense villageoises chrétiennes "anti-balaka" (anti-machettes), selon Amnesty.

Ces violences ont précipité l'intervention militaire de la France qui tente depuis lors de désarmer les belligérants et opère en appui à la Misca, forte de 3.700 militaires venus pour la plupart des pays voisins. Le Rwanda a déclaré vendredi qu'il s'apprêtait également à y participer.

Ces nouveaux incidents interviennent alors que la France tente de mobiliser ses alliés européens pour venir l'aider sur le terrain en Centrafrique, à l'occasion d'un sommet européen à Bruxelles. Au cours de cette réunion, le président François Hollande a assuré avoir "obtenu" qu'une décision soit prise "en janvier" sur une mission qui pourrait être civile et "déployée le plus rapidement possible".

A cette occasion, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a salué l'action de la France, estimant qu'elle avait permis d'éviter une guerre civile, voire un "génocide".

sj-hba/jmc

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