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Poutine annonce qu'il va gracier Khodorkovski, en prison depuis plus de 10 ans

Poutine annonce qu'il va gracier Khodorkovski, en prison depuis plus de 10 ans

Le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré jeudi qu'il s'apprêtait à gracier l'ex-magnat du pétrole et critique du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski, emprisonné depuis plus de dix ans.

Le chef de l'Etat, qui a fait cette annonce inattendue juste après sa conférence de presse annuelle, a expliqué que M. Khodorkovski avait récemment adressé par écrit une demande en grâce, ce qu'il avait refusé de faire jusque-là.

"Il a déjà passé plus de dix ans en détention, c'est une punition sérieuse, il invoque des circonstances d'ordre humanitaire - sa mère est malade - et j'estime que l'on peut prendre cette décision", a déclaré M. Poutine, indiquant que le décret serait signé "très prochainement".

Interrogés par l'AFP, les avocats du détenu ont indiqué ne disposer d'aucune information.

La mère de M. Khodorkovski, Marina, a fait part de sa stupéfaction après l'annonce de M. Poutine : "pour moi, cela a fait l'effet d'une bombe car je n'étais pas du tout au courant" de la demande en grâce de Mikhaïl, a-t-elle déclaré à la chaîne de télévision russe RT.

"Je ne sais pas s'il a fait une demande en grâce, je ne sais absolument rien de tout ça", a ajouté Marina Khodorkovski.

De son côté, le nouveau ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a estimé que la grâce accordée à Mikhaïl Khodorkovski était une "bonne décision", et exprimé le souhait que l'intéressé soit "libéré au plus vite".

Agé de 50 ans, M. Khodorkovski, devait en principe être libéré dans moins d'un an, en août 2014.

Le parquet avait toutefois récemment dit enquêter sur plusieurs autres affaires criminelles le concernant.

Ses précédentes condamnations sont considérées par ses partisans comme un règlement de comptes du Kremlin vis-à-vis d'un homme d'affaires devenu trop indépendant et qui affichait ses ambitions politiques.

Pendant sa conférence de presse, M. Poutine n'a pas dit un mot de cette grâce mais avait laissé entendre qu'il ne fallait pas craindre de troisième procès.

Pendant cet exercice auquel il se livre chaque année avec aisance et une délectation manifeste, M. Poutine, au Kremlin depuis l'an 2000 avec un intermède au poste de Premier ministre entre 2008 et 2012, a voulu montrer qu'il tenait fermement en mains les rênes du pouvoir.

Alors qu'un journaliste lui demandait s'il avait déjà en tête le nom de son éventuel successeur, il a répondu : "Je n'ai rien dit et il n'y a rien à dire".

Il a éludé une question sur les chances de son Premier ministre, Dmitri Medvedev, qui fut président lorsque lui-même était chef du gouvernement, de prendre sa suite, se montrant parfois sévère sur ce dernier.

Le président, âgé de 61 ans, qui, dans le passé, n'avait pas exclu de briguer un quatrième mandat à la prochaine élection présidentielle, en 2018, a toutefois affirmé qu'il n'avait pas l'intention de rester au pouvoir à vie.

"Nous avons une Constitution, et c'est dans le cadre de cette Constitution que se forment les organes du pouvoir. C'est pourquoi nous n'allons rien changer. Je pense que c'est inutile et dangereux pour la stabilité de l'Etat", a-t-il dit.

Tandis que la conférence de quatre heures tournait parfois à une présentation de doléances de la part de journalistes de médias des lieux les plus retirés de Russie, qui lui exposaient des problèmes locaux, M. Poutine prenait des notes et promettait de régler tel ou tel problème, demandant à l'occasion des précisions.

L'ex-agent du KGB a aussi endossé les habits de garant de la sécurité et des valeurs de son pays.

Il a ainsi exclu des manifestations non autorisées à Moscou à l'image de celles, massives, qui agitent Kiev depuis un mois.

"Toute action, quelle qu'elle soit, doit rester dans le cadre de la loi. Si quelqu'un sort de ce cadre, l'Etat est alors obligé, et je veux le souligner - il ne s'agit pas d'une volonté politique, mais d'une obligation des organes du pouvoir - de rétablir l'ordre", a déclaré Vladimir Poutine d'une voix ferme. "Autrement, une telle évolution des événements peut mener au chaos".

Il a de nouveau défendu "les valeurs morales traditionnelles" en Russie.

"Il est important pour moi non pas de critiquer les valeurs occidentales, mais de défendre notre population contre certaines pseudo-valeurs que nos concitoyens ont beaucoup de mal à accepter", a indiqué M. Poutine.

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