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« Ses intérêts priment sur les intérêts généraux » - Duceppe sur Mourani

« Ses intérêts priment sur les intérêts généraux » - Duceppe sur Mourani

L'ancien chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, n'est pas surpris outre mesure du changement d'allégeance de la députée Maria Mourani, qui de souverainiste est devenue fédéraliste. En entrevue à ICI Radio-Canada Télé, il la dépeint comme une femme aux principes parfois fluctuants, plus encline à défendre ses intérêts personnels que l'intérêt de la société.

M. Duceppe cite l'exemple de la reconnaissance par le Parlement canadien du génocide arménien. Il rappelle que le BQ a longtemps milité en faveur de la reconnaissance de cette tragédie par le gouvernement. « Mme Mourani était venue me voir en me disant : " Écoute, moi les Arméniens votent libéral dans mon comté, est-ce qu'on peut reconsidérer la position [du parti]?". [...] parce que les Turcs votaient pour elle et que les Arméniens votaient contre elle. »

« Je pense que ses intérêts personnels priment sur les intérêts généraux », avance M. Duceppe.

La rebuffade de Mme Mourani contre le caucus bloquiste au sujet du projet de charte de la laïcité ne constitue pas son premier désaccord avec son parti, souligne M. Duceppe.

« Sa hargne viscérale envers Israël nous a causé beaucoup de problèmes », soutient-il.

« J'avais demandé des excuses et je les avais obtenues, précise M. Duceppe. Ce coup-ci elle refuse, c'est son choix. »

Un discours incohérent

Reconnaissant son droit à changer d'opinion sur la souveraineté, M. Duceppe s'interroge tout de même sur les motivations qui l'amènent à changer de camp.

« La logique est, je pense, incohérente », avance M. Duceppe. « Elle dit que la Charte [canadienne des droits et libertés] protège le droit des minorités, mais elle a été votée à l'encontre, non seulement d'une minorité, mais d'un peuple. »

M. Duceppe rappelle que non seulement les souverainistes de René Lévesque étaient-ils opposés à cette charte, mais les fédéralistes de Claude Ryan l'étaient également.

Il souligne que Mme Mourani a été porte-parole du Mouvement Québec français qui « dénonçait la Charte de Trudeau [Pierre Elliott, l'ancien premier ministre du Canada] qui avait charcuté la Loi 101 ». Il estime que son nouveau discours est incohérent puisqu'elle soutient maintenant que la Charte canadienne est le meilleur outil pour défendre la langue française au Canada.

M. Duceppe est le dernier ténor du mouvement souverainiste à critiquer la volte-face politique de Mme Mourani.

Maria Mourani, qui représente la circonscription montréalaise d'Ahuntsic à la Chambre des communes, a été évincée du Bloc québécois en septembre dernier pour avoir critiqué le projet de charte des valeurs sans l'approbation de son chef, Daniel Paillé, qui a depuis quitté ses fonctions.

Mme Mourani a annoncé avec fracas mercredi qu'elle n'était plus indépendantiste, ce qui a déçu plusieurs de ses anciens alliés, à commencer par l'ex-premier ministre Bernard Landry, avec qui elle a vivement débattu sur les ondes de RDI ce soir-là.

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