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L'itinéraire des meurtriers du soldat Rigby, de petits délinquants à "soldats d'Allah"

L'itinéraire des meurtriers du soldat Rigby, de petits délinquants à "soldats d'Allah"

Michael Adebolajo et Michael Adebowale, reconnus coupables jeudi du meurtre du soldat Lee Rigby, sont deux Britanniques âgés de 29 et 22 ans, fils d'immigrants nigérians chrétiens passés de petits délinquants à "soldats d'Allah".

L'aîné des deux, Michael Adebolajo, marié et père de six enfants, dont un bébé né quatre jours avant le drame, a vu le jour le 10 décembre 1984 à Lambeth, un quartier de Londres au sud de la Tamise dans une famille arrivée du Nigeria et parfaitement assimilée.

Son père, Anthony, est infirmier et sa mère, Tina, assistante sociale, manque rarement la messe dominicale.

Ses anciens copains de l'école publique de Romford, dans la banlieue nord de la capitale, le décrivent comme "un type normal", plutôt "jovial".

Michael Adebolajo a déclaré devant le tribunal que "tous ses amis étaient des blancs". Il est fan des "Spurs", l'équipe de football de Tottenham, et selon une ex-petite copine, Justine Ridgen, c'est un "garçon agréable et poli", amateur de rap et inconditionnel de l'actrice Jennifer Lopez.

Un autre de ses amis s'est enrôlé dans l'armée britannique avant d'être tué en Irak en 2007.

Louise, une ancienne amie, rapporte qu'il a changé vers 17-18 ans, quand il a commencé à fumer des joints, à fréquenter des gangs et à voler des portables sous la menace d'un couteau.

Scotland Yard brosse le portrait de petits délinquants, connus très tôt de la police pour des délits mineurs liés à la drogue et des fugues pour Michael Adebowale ou des actes de violences pour Michael Adebolajo.

Michael Adebowale, "Tobi" pour ses proches, est le fils de Juliet Obasuyi, officier de probation, et d'Adeniyi qui travaille pour la Nigeria High Commission, une instance publique nigériane installée à Londres. C'est à l'adolescence qu'il tombe dans le trafic de drogue et les gangs.

Tous deux ont été victimes d'agressions dans leurs jeunes années, selon la police.

Michael Adebowale a ainsi été poignardé par un drogué au krach venu acheter sa dose. Pendant l'agression, l'adolescent de 16 ans voit mourir sous ses yeux et les coups de couteau de l'agresseur l'un de ses amis tandis qu'un deuxième est grièvement blessé.

Condamné à huit mois de détention en centre pour mineurs pour trafic de drogue dans le cadre de cette affaire, il en serait ressorti converti à l'islam.

Victime de stress post-traumatique, Michael Adebowale souffrira dès lors de problèmes psychiatriques, entendant des voix et ayant des périodes de délire.

Les parents de Michael Adebolajo tentent, quant à eux, d'emmener leur fils "loin des problèmes" en déménageant dans le nord de l'Angleterre, à Saxilby.

Mais le jeune homme s'inscrit en 2003 à la Greenwich University à Londres et c'est pendant sa première année universitaire en sciences politiques qu'il se convertit à l'islam.

"C'est la guerre en Irak qui m'a le plus marqué", dit-il devant les jurés, affirmant être un "soldat d'Allah" et "adorer" Al-Qaïda.

C'est à cette époque qu'il fait connaissance d'Anjem Choudary et d'Omar Bakri, de l'organisation islamiste radicale Al-Mouhajiroun, interdite en 2010.

"Il a participé à plusieurs activités, à des manifestations, à des défilés, des conférences", confie Anjem Choudary à l'AFP.

Michael Adebowale a de son côté été arrêté en 2012 au cours d'une manifestation d'islamistes devant l'ambassade des Etats-Unis à Londres, raconte la police.

En 2007, Michael Adebolajo est filmé par la BBC devant un commissariat dans les rangs de manifestants indignés par la publication de caricatures du prophète Mahomet dans un journal danois.

Anjem Choudary déclare qu'il a disparu de la scène dans les années 2009 ou 2010.

C'est à cette époque, en 2010, que Michael Adebolajo tente de se rendre en Somalie pour, selon ses dires, "vivre selon la charia", mais il est arrêté au Kenya et renvoyé au Royaume-Uni. Son beau-frère affirme qu'il a subi des "tortures physiques et sexuelles"pendant sa détention au Kenya.

De retour à Londres, il se serait inscrit à des cours de business au Barking College, dans le sud-est de Londres. Mais surtout, il est régulièrement vu à Woolwich, là où a été tué le soldat, haranguant la foule et distribuant des brochures invitant à combattre le régime syrien de Bachar al-Assad.

Selon l'enquête de police, les deux hommes ont agi seuls, sans complice ou commanditaire.

mc/jk/bds

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