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La Bavière déroule le tapis rouge à ses cerveaux exilés

La Bavière déroule le tapis rouge à ses cerveaux exilés

La riche Bavière, en manque criant de main d'oeuvre qualifiée, fait les yeux doux aux Allemands installés à l'étranger, avec un programme théâtralement baptisé "Return to Bavaria".

"La Bavière veut récupérer ses meilleurs cerveaux et leur déroule le tapis rouge", résume le site internet de l'initiative, mise sur pied l'an dernier et financée par le ministère régional de l'Economie -qui ne communique pas sur le budget qu'il y consacre.

Depuis leurs bureaux à Munich, les trois salariés organisent tables-rondes et conférences dans les pays à forte concentration d'Allemands exilés -Suisse, Autriche, Etats-Unis ou Australie. Rien que dans les 34 pays de l'OCDE vivent plus de 3 millions d'Allemands.

Objectif de ces "soirées bavaroises" à Oslo, Toronto ou Sydney: vanter auprès d'ingénieurs et informaticiens, denrée rare sur le marché du travail allemand, les mérites de la région au chômage le plus bas du pays (3,5% en novembre), et motiver les "candidats au retour". Bretzels, saucisses et bière sont toujours au rendez-vous.

"Nous assurons aussi un conseil personnalisé, avec un soutien à la recherche d'emploi et à l'intégration en Bavière", détaille Kerstin Dübner-Gee, qui dirige la structure. Cela passe par la mise en relation avec des employeurs potentiels, mais aussi l'aide au choix d'une école, aux formalités administratives ou à la recherche d'emploi d'un ou d'une conjointe.

"En moyenne nous avons un ou deux candidats qui signent un contrat de travail par semaine", précise, satisfaite, Mme Dübner-Gee, après avoir accompagné "plusieurs centaines" de dossiers.

Après six ans passés à Melbourne, Gregor Lichtfuss, docteur en immunologie, est l'un d'eux. Il vient de signer un contrat avec une entreprise bavaroise. Il a utilisé les services de "Return to Bavaria", principalement pour obtenir "des informations et des conseils sur les modalités de candidature, (se) faire une idée des salaires en vigueur, toutes sortes de choses auxquelles on n'a pas accès quand on n'est pas sur place".

La pénurie de main d'oeuvre qualifiée, très manifeste en Bavière et dans le Bade-Wurttemberg voisin, coûte plus de 30 milliards d'euros par an aux seules PME allemandes, selon une étude récente d'Ernst & Young.

Les initiatives sont donc légion, à plus ou moins grande échelle, pour y pallier, en essayant d'intégrer des jeunes en situation d'échec scolaire, en facilitant le retour des mères de famille sur le marché du travail ou en allant taper dans le réservoir des jeunes Espagnols ou Italiens à qui les perspectives manquent chez eux.

Inciter les Allemands émigrés au retour est une autre option, et à peu de frais. "Nous n'avons pas besoin de faire beaucoup l'article, les candidats sont en général convaincus de vouloir revenir. Pour beaucoup, l'idée est motivée par des raisons personnelles", explique Mme Dübner-Gee.

Ce n'était pas le cas de M. Lichtfuss. "Rien ne m'attirait spécialement en Bavière", raconte-t-il, "le plus important pour moi était d'aller là où se présentait une opportunité intéressante". Et il affirme qu'il n'hésitera pas à quitter à nouveau le pays s'il trouve mieux ailleurs.

L'exercice de la motivation au retour a ses limites: en quittant l'Allemagne, certains ont fait le choix d'une toute autre vie.

Par exemple les Kafka, installés depuis deux ans à Melbourne avec leurs trois enfants.

"Notre famille vit maintenant ici", raconte le père, Andreas, spécialiste en sécurité informatique. Et de vanter un système scolaire épanouissant, un rythme de vie "cool", les plages du Pacifique Sud et la saveur des côtelettes d'agneau au barbecue.

"Pour nous faire partir il faudrait vraiment une offre super géniale, avec un salaire mirobolant, la prise en charge de tous les frais de déménagement, des frais de scolarité dans une école privée, d'une reconversion professionnelle pour ma femme...", énumère-t-il, "c'est assez irréaliste".

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