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Hémorragie de cyclistes tués à Londres, le manque de pistes cyclables mis en cause

Hémorragie de cyclistes tués à Londres, le manque de pistes cyclables mis en cause

Six cyclistes sont morts en novembre à Londres, une série dramatiquement inhabituelle qui a mis en émoi la communauté du vélo et la pression sur le maire Boris Johnson, cycliste lui-même, pour que des aménagements routiers soient effectués d'urgence.

Avec 16 victimes en 2011, 14 en 2012 et 14 jusqu'à présent en 2013, le nombre de cyclistes tués dans les rues de Londres est comparable à celui d'Amsterdam et Berlin mais est bien supérieur à celui de Paris qui n'a connu aucun décès en 2011 et un seul depuis janvier.

Dans la capitale britannique, la série actuelle a déclenché une guerre des mots entre les cyclistes, qui pointent le manque d'aménagements routiers pour les vélos, et ceux qui les accusent de prendre des risques insensés, en grillant les feus rouges ou en ne respectant pas le code de la route.

Sans s'expliquer cette succession de drames, les associations de cyclistes comme "Cycling charity CTC" se sont déclarées "dégoûtées par l'incapacité persistante de protéger les cyclistes, en particulier des dangers que représentent les camions".

L'affaire a pris une tournure politique quand Boris Johnson a jugé qu'"aucun aménagement de la route ne saurait sauver des vies tant que les cyclistes ne respecteront pas les règles et les panneaux de signalisation".

"C'est faire insulte aux victimes que de continuer à dire que c'est de leur faute, plutôt que d'accepter sa propre responsabilité", s'est aussitôt offusqué le conseiller municipal vert, Darren Johnson.

Ses critiques portaient notamment sur les "autoroutes cyclables" londoniennes, peintes en bleu, introduites en 2008 par Ken Livingstone, le prédécesseur à la mairie de Boris Johnson, et qui étaient pourtant censées protéger les cyclistes dans la jungle urbaine.

"Il faut qu'on ait davantage de voies qui isolent physiquement les cyclistes du trafic sur les routes", a souligné le vice-Premier ministre Libéral Démocrate Nick Clegg.

Le responsable du dossier à la mairie, Andrew Gilligan, a déclaré que c'était prévu. Des plans d'amélioration vont prochainement être mis à l'étude mais il faudra attendre au moins onze mois pour les voir mis en oeuvre, a-t-il précisé.

En mars, le bureau du maire a annoncé qu'un milliard de livres (1,2 milliard d'euros) allaient être investis sur dix ans en aménagements routiers pour les cyclistes, avec notamment des pistes cyclables véritablement séparées de la circulation automobile, mais nombre des principaux intéressés ont insisté sur la nécessité d'intervenir rapidement.

Malgré une augmentation de la population à vélo de 66% en 10 ans, Londres a enregistré une réduction de près de moitié du nombre de morts à vélo chaque année, par rapport à 1979. C'est d'ailleurs la défense qu'a choisi d'adopter le maire de Londres en affirmant que le nombre de morts était passé de 102 entre 2001 et 2007 à 81 entre 2008 et 2013.

On retrouve cette même tendance à Berlin où le nombre de cyclistes a doublé en 10 ans, avec 500.000 usagers aujourd'hui, tandis que le nombre annuel de morts à vélo a été divisé par deux depuis 1992.

Aux Pays-Bas où la petite reine fait figure de religion avec 18 millions de bicyclettes pour un peu moins de 17 millions d'habitants, "le nombre de morts sur les routes diminue dans toutes les catégories sauf chez les cyclistes", a précisé Martijn Van Es, porte-parole de la fédération néerlandaise des cyclistes.

Le gouvernement néerlandais a entrepris de sensibiliser les cyclistes à l'utilité des éclairages la nuit. Une campagne pour les inciter à ne pas utiliser leur téléphone portable ou lecteurs multimédias à vélo devrait également débuter d'ici peu.

Mais pour la fédération néerlandaise des cyclistes, la priorité est également, comme à Londres, l'amélioration des infrastructures, avec notamment des pistes cyclables plus larges.

Pour l'heure, la police de Londres va déployé 2.500 agents à 166 croisements dangereux de la capitale britannique, avec pour mission de sanctionner les conducteurs de camion irrespectueux et les cyclistes enfreignant le code de la route.

Un comité parlementaire chargé des transports doit également se pencher, début décembre, sur la sécurité des pistes cyclables actuelles.

bur-mc/mf

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