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Crise ou non, les Espagnols rêvent à la loterie du Gordo

Crise ou non, les Espagnols rêvent à la loterie du Gordo

Leur pays est en crise, le chômage touche un actif sur quatre, mais pas question pour les Espagnols de renoncer à leur tradition de Noël: jouer à la loterie du Gordo, même si pour la première fois, cette année les gagnants devront payer des impôts.

Dimanche aura lieu la 201e édition du tirage, en public et en direct à la télévision, où pendant des heures les élèves de l'école San Ildefonso de Madrid, un ancien orphelinat, chantent d'une voix lancinante les numéros des tickets chanceux et les prix correspondant.

En jeu, 2,24 milliards d'euros, ce qui en fait la loterie la mieux dotée au monde, mais répartis en de très nombreux prix, le plus élevé (le Gordo, le gros en espagnol) atteignant 400.000 euros. Chaque participant a presque une chance sur six de gagner quelque chose, même si c'est une somme peu élevée.

Depuis des semaines, des centaines de personnes font la queue devant la boutique historique de Doña Manolita, en plein centre de Madrid, réputée pour être particulièrement chanceuse.

Ils patientent parfois pendant des heures pour acheter un billet, vendu 20 euros l'unité, malgré le vent, le froid... et malgré aussi, nouveauté de cette année, une nouvelle loi qui impose un impôt, à hauteur de 20%, pour tous les gains supérieurs à 2.500 euros.

Ce qui devrait rapporter jusqu'à 188 millions d'euros à l'Etat, qui cherche justement à redresser ses finances, selon les calculs du ministère du Budget.

"Cela gâche un peu le plaisir, mais qu'est-ce qu'on peut y faire", soupire Juan José Perez, un dentiste de 29 ans qui attend son tour pour acheter deux tickets.

"Si je gagne beaucoup d'argent, je vais monter ma propre clinique", rêve-t-il, emmitouflé dans une écharpe multicolore pour résister aux basses températures.

Superstition oblige, certains numéros sont plus prisés que d'autres: cette année, c'est le 28213, qui correspond à la date où le Pape Benoît XVI a renoncé à ses fonctions (le 28 février 2013), qui est l'un des plus demandés, raconte Zurine Saez de Viteri, directrice générale du site de vente en ligne de billets de loterie Ventura24.es.

Mais la tradition n'échappe toutefois pas à la crise: alors que les dépenses de Noël ont chuté depuis le début de la crise en Espagne, en 2008, dans un contexte de chômage record (26%), les Espagnols consacrent un peu moins d'argent au Gordo.

Chacun dépensera en moyenne 65 euros à la loterie, moins de la moitié du montant en 2008, selon la Fédération des usagers-consommateurs indépendants (FUCI).

Les ventes devraient elles rester égales ou "légèrement inférieures" à celles de l'an dernier, où elles avaient atteint 2,46 milliards d'euros, 8% de moins qu'en 2011, selon l'organisateur du Gordo, Loterias y Apuestas del Estado (LAE), détenu à 100% par l'Etat, qui perçoit 30% des recettes des ventes.

Au total, LAE a émis 16 millions de tickets cette année, soit 2 millions de moins qu'en 2012.

La loterie du Gordo, une véritable institution en Espagne, semble toutefois inébranlable: inexorablement, chaque 22 décembre depuis 1812, le tirage a lieu.

Même la guerre civile, qui a déchiré le pays entre 1936 et 1939, ne l'avait pas interrompu: chaque camp avait simplement organisé son propre tirage.

Aujourd'hui, il est courant d'acheter les tickets en groupe, entre amis, collègues, voisins ou membres d'une même famille.

Le Gordo "fait partie de l'ADN des Espagnols, car depuis toujours on est habitués à ce qu'arrivent Noël et ce tirage", assure Juan Antonio Gallardo, directeur commercial de LAE.

Dimanche, des millions d'entre eux seront d'ailleurs scotchés devant la télévision, espérant que leur numéro sera chanté par l'un des enfants sur scène, habillés en uniformes bleu marine et gris.

"C'est un tirage qui a un ancrage social très fort en Espagne", renchérit Zurine Saez de Viteri, et "tout le monde connaît quelqu'un qui a gagné un jour à la loterie de Noël, même si c'est une petite somme".

ds/ka/abk

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