Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Soudan du Sud: un pays jeune, pauvre et divisé, façonné par la guerre

Soudan du Sud: un pays jeune, pauvre et divisé, façonné par la guerre

Le Soudan du Sud, pays enclavé d'Afrique orientale de quelque dix millions d'habitants, est la plus jeune nation du monde. Il a conquis son indépendance en juillet 2011, en faisant sécession du Soudan, à l'issue de décennies de guerres civiles (1959-1972 puis 1983-2005) contre Khartoum qui l'ont durablement façonné.

UN PAYS PETROLIER MAIS PAUVRE

La guerre civile, qui a fait plus de deux millions de morts et quatre millions de déplacés a laissé le Soudan du Sud exsangue. L'essentiel de la population vit de cultures et d'élevage de subsistance. Le pays manque de routes, d'écoles, d'hôpitaux et reste extrêmement pauvre, malgré de considérables réserves pétrolières qui représentent 75% des réserves du Soudan d'avant la sécession.

Il tire 98% de ses recettes du brut, mais reste tributaire des oléoducs traversant le Soudan jusqu'à la mer Rouge pour l'exporter. Entre janvier 2012 et avril 2013, Juba a stoppé sa production en raison de divergences avec Khartoum sur les redevances de passage.

Plusieurs différends majeurs avec Khartoum, tels que le tracé de la frontière ou le statut de la région contestée d'Abyei, n'ont pas été réglés par l'accord de paix de 2005 et restent sources de potentiel conflit.

Des combats frontaliers ont opposé les armées des deux voisins entre mars et mai 2012 et si les relations se sont considérablement améliorées, elles se tendent épisodiquement.

Le Soudan du Sud est par ailleurs ravagé par la corruption, révélée par plusieurs scandales récents, impliquant des hautes personnalités.

UN REGIME DIVISE

Les dirigeants du Soudan du Sud, son président Salva Kiir en tête, sont tous d'anciennes figures de la rébellion sudiste, l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) dont le fondateur et chef historique John Garang a péri en 2005 dans un accident d'hélicoptère.

Présidé par Salva Kiir, le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), ex-branche politique de la rébellion, est au pouvoir depuis l'accord de paix de 2005, sans véritable opposition. De profondes divisions fracturent le parti, pour certaines héritées de la guerre civile.

L'ancien vice-président Riek Machar, rival politique déclaré de M. Kiir au sein du SPLM et qui comptait se présenter contre lui à la présidentielle de 2015, a combattu des deux côtés durant la guerre civile, s'alliant un temps à Khartoum contre la SPLA, dans les années 1990 avant de réintégrer la rébellion au début des années 2000.

Mais, Salva Kiir a également suscité le mécontentement d'autres poids lourds du régime, notamment en raison de son récent rapprochement avec le président soudanais - et ancien ennemi juré - Omar el-Béchir.

Riek Machar, Pagan Amum, la veuve de John Garang Rebecca, et d'anciens ministres du gouvernement limogé en juillet en même temps que M. Machar, avaient publiquement dénoncé en novembre les "tendances dictatoriales" de Salva Kiir.

En fuite, Riek Machar nie la tentative de coup d'Etat que lui prête Salva Kiir pour expliquer les combats qui ont opposé des factions rivales de l'armée entre dimanche soir et mardi dans la nuit à Juba, dénonçant un prétexte du chef de l'Etat pour se débarrasser de ceux qui contestent son autorité.

UNE MOSAIQUE ETHNIQUE

Les quelque 10 millions d'habitants se répartissent en une soixantaine de peuples différents sur un territoire de la taille combinée de l'Espagne et du Portugal. L'identité ethnique prédomine sur l'identité nationale.

Les Dinka, ethnie de Garang et de Salva Kiir, sont les plus nombreux. Très représentés à la tête de l'Etat et de l'armée, ils sont souvent accusés de vouloir dominer les autres groupes. Les Nuer - dont est issu Riek Machar - et les Shilluk figurent également parmi les principaux peuples du Soudan du Sud.

Les dissensions entre ethnies sont parfois héritées de la guerre civile, quand Khartoum alimentait à dessein les dissensions entre tribus du Sud.

Dans certaines régions les affrontement sont récurrents et meurtriers, comme dans l'Etat du Jonglei où un conflit entre Lou Nuer et Murle a fait plusieurs centaines de morts depuis deux ans, principalement autour du bétail, mais aussi nourri de haines remontant à la guerre civile.

Ces tensions, la prolifération des armes et d'anciens combattants - qui ont favorisé la création de groupes armés parfois à forte identité ethnique - font peser en permanence la menace d'un conflit à large échelle dans le pays.

str-hv-ayv/jmc

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.