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Giuseppe Borsellino quitte Construction Garnier

Giuseppe Borsellino quitte Construction Garnier

Dix mois après sa comparution remarquée à la commission Charbonneau, l'entrepreneur collusionnaire Giuseppe Borsellino démissionne de son poste de président-directeur général et de membre du conseil d'administration de trois entreprises, soit Construction Garnier, Location Garnier et Gestion GP Argus.

« M. Borsellino a remis sa démission de l'ensemble de ces sociétés afin de leur permettre de poursuivre leurs opérations dans le contexte de la Loi 1 sur l'intégrité en matière de contrats publics et de continuer leur développement avec leurs quelque 150 employés », indique l'entreprise dans un communiqué.

Cette loi, adoptée il y a un an par le gouvernement péquiste de Pauline Marois, fait en sorte que les entreprises dont l'intégrité est mise en doute sont inscrites dans un Registre des entreprises non admissibles aux contrats publics (RENA). Les firmes suspendues peuvent demander une révision dans les 90 jours suivant leur inscription.

Les firmes de M. Borsellino n'étaient pas inscrites dans cette liste, a précisé l'avocat de Construction Garnier, Consolato Gattuso, mais le témoignage qu'il a livré devant la commission Charbonneau en février dernier compromettait leur chance d'obtenir la certification requise pour obtenir des contrats publics.

Tony Pistilli prendra sa relève à titre de PDG de Construction Garnier et de Location Garnier, qui se spécialisent respectivement dans les travaux de génie civil et la location d'équipements. Lorenzo Borsellino, cousin du PDG démissionnaire, deviendra directeur général de Gestion GP Argus.

L'homme à la mémoire défaillante

Giuseppe « Joe » Borsellino avait livré un témoignage émaillé de trous de mémoire et de contradictions en février dernier devant la Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction. Il avait été convoqué après avoir été identifié comme un acteur de la collusion pour des contrats de la Ville de Montréal par plusieurs témoins, dont Lino Zambito.

Le patron de Construction Garnier avait confirmé que des entrepreneurs montréalais ont fait de la collusion pour se répartir des contrats de la Ville de Montréal à compter de 1995 et que le système a pris de l'ampleur au tournant du siècle, mais avait imputé l'initiative du stratagème à un ingénieur de la Ville de Montréal, Gilles Surprenant qui, dit-il, les « extorquait ».

L'entrepreneur avait cependant reconnu ultérieurement que la collusion s'est poursuivie après qu'il eut cessé de le payer, vers 2003-2004. Il a dit avoir remis environ 100 000 $ à Gilles Surprenant pour sa collaboration au fil du temps. Il a aussi versé une somme semblable à Luc Leclerc, en échange de l'approbation de faux extras.

À Montréal, « everything is truqué », avait-il déclaré.

Giuseppe Borsellino avait aussi admis avoir déboursé 50 000 $ pour inviter en Italie Jocelyn Dupuis, l'ex-grand patron des travaux publics à la Ville de Montréal Robert Marcil et un cadre de la firme de génie-conseil Genivar, Yves Lortie. Daniel Toutant, PDG du consortium qui exploite le pont de l'autoroute 25 reliant Montréal et Laval, s'était joint au groupe à Florence.

Il avait précisé que ses parents sont originaires de Cattolica Eraclea, à l'instar de Nicolo Rizzuto père, mais avait nié avoir entretenu des liens d'affaires avec le clan mafieux. Il avait également nié avoir versé de l'argent au clan Rizzuto ou à d'autres entrepreneurs.

« Je n'ai jamais payé de cotes. J'aurais mieux aimé donner les clefs de mon entreprise », avait-il affirmé.

Grâce à de l'écoute électronique effectuée lors de l'opération Diligence, la commission avait aussi établi que M. Borsellino entretenait des liens étroits avec l'ex-directeur général de FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis, et l'ex-député libéral de Lafontaine et ex-ministre libéral, Tony Tomassi.

M. Borsellino s'était montré particulièrement évasif lorsqu'il avait été interrogé sur une conversation dans laquelle on l'entendait dire que l'entrepreneur Tony Accurso avait invité Tony Tomassi sur son bateau, le Touch:

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