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Enquête anticorruption en Turquie: le gouvernement dénonce une "sale opération"

Enquête anticorruption en Turquie: le gouvernement dénonce une "sale opération"

Le Premier ministre islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé mercredi comme une "sale opération" contre son gouvernement l'enquête judiciaire lancée contre plusieurs de ses proches soupçonnés de corruption.

Au lendemain du spectaculaire coup de filet opéré par la police à Istanbul et Ankara, M. Erdogan a lancé la contre-attaque dans cette affaire qui agite tout le pays, déjà qualifiée par l'opposition de "plus grand scandale de l'histoire de la République".

"Une sale opération est en cours (...) nous n'accepterons pas ces manipulations politiques", a déclaré M. Erdogan devant la presse.

Peu de temps avant lui, le porte-parole de son gouvernement et vice-Premier ministre Bülent Arinç avait critiqué une "campagne de dénigrement planifiée (...) élaborée dans le cadre de ce qui apparaît comme une guerre psychologique".

Ni M. Erdogan ni M. Arinç n'ont nommé les responsables de l'opération qu'ils dénoncent, mais depuis deux jours tous les observateurs turcs ont identifié la toute-puissante confrérie du prédicateur musulman Fetullah Gülen, en conflit ouvert avec le Premier ministre.

"S'il existe une organisation illégale au sein de l'Etat, il est de notre devoir de la démanteler", a assuré M. Arinç, sans plus de détails.

Au total, 51 personnes se trouvaient toujours placées en garde à vue mercredi soir.

Parmi elles figuraient le PDG de la banque publique Halk Bankasi, Süleyman Aslan, des hommes d'affaires et des membres du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir et, surtout, les fils des ministres de l'Intérieur Muammer Güler, de l'Economie Zafer Caglayan et de l'Environnement Erdogan Bayraktar.

Cinq hauts gradés de la police d'Istanbul ont par ailleurs été démis de leurs fonctions dans la foulée de cette opération, dont celui de la direction financière qui l'a commandée, accusés par leur hiérarchie et par le gouvernement d'avoir "outrepassé leurs pouvoirs".

Le Premier ministre a indiqué que d'autres pourraient suivre. Selon les médias, 18 autres responsables policiers ont déjà été sanctionnés dans la capitale Ankara.

Malgré ces menaces, le vice-Premier ministre a promis que son gouvernement ne troublerait pas le cours de la procédure. "Nous respecterons toujours la décision de la justice et en aucun cas nous n'interviendrons", a-t-il lancé.

S'il n'a pas écarté l'hypothèse de leur démission, M. Arinç a blanchi par avance ses collègues ministres, malgré les accusations de corruption, de fraude et de blanchiment d'argent qui pèsent sur leurs fils.

"Nous pensons que nos ministres sont innocents. Mais cela ne veut pas dire que nous les protègerons s'ils sont impliqués dans des crimes de leurs fils", a-t-il ajouté.

Ainsi que l'a indiqué mercredi le bureau du procureur d'Istanbul, les personnes interpellées sont visées par trois enquêtes distinctes.

La première vise un homme d'affaires originaire d'Azerbaïdjan, Rezza Zarrab, suspecté d'avoir payé des pots-de-vin pour cacher certaines transactions, notamment des ventes illégales d'or à l'Iran sous embargo international, via la Halk Bankasi.

Selon l'agence de presse Dogan, la police a saisi 4,5 millions de dollars en liquide au domicile du PDG de cette banque, dissimulés dans des cartons à chaussures.

Les deux autres enquêtes concernent le versement de dessous-de-table à des proches du gouvernement en marge de marchés publics immobiliers.

Lors de son intervention, M. Arinç a également accusé la presse et l'opposition de "violer la présomption d'innocence" des personnes interpellées.

Annoncée largement battue aux élections municipales de mars prochain, l'opposition s'est saisie de l'affaire pour exiger le départ du chef du gouvernement.

"C'est le plus grand scandale de l'histoire de la République", a lancé le député Engin Altay, du Parti républicain du peuple (CHP), "le Premier ministre doit démissionner".

"Nous sommes confrontés à un règlement de comptes au sommet de l'Etat entre Erdogan et Gülen", a déclaré à l'AFP un de ses collègues, Engin Altay, lui aussi du CHP, "il est dramatique de voir la Turquie réduite à une telle situation".

Jusque-là soutien indéfectible du gouvernement, la confrérie de M. Gülen est entrée en guerre contre lui depuis sa récente décision de supprimer les écoles de soutien scolaire privées, une de ses importantes sources de revenus.

Le mouvement de M. Gülen est réputé très influent dans la police et la justice turques.

bur-pa/plh

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