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En Chine, les Fils du Ciel rêvent à la Lune et aux voyages au-delà

En Chine, les Fils du Ciel rêvent à la Lune et aux voyages au-delà

Dans un auditorium de Pékin, quelque 250 jeunes regardent un écran sur lequel est projetée l'image de synthèse d'un spationaute plantant le drapeau chinois sur la Lune, tandis que le père du programme lunaire de la Chine leur explique que ce rêve deviendra bientôt réalité.

Leur pays est devenu le week-end dernier la troisième nation mondiale à réussir un alunissage en douceur, avec sa sonde spatiale Chang'e-3 qui a déposé sur le satellite de la Terre un véhicule d'exploration téléguidé, désormais à pied d'oeuvre.

Une prouesse technologique source d'une fierté légitime, exploitée par les autorités pour vanter les progrès d'une Chine toujours plus confiante, sous l'égide du Parti communiste. Notamment auprès des publics d'étudiants.

"Nous enverrons un spationaute chinois sur la Lune", promet Ouyang Ziyuan, face à l'assemblée suspendue à ses lèvres.

"Le Comité central du Parti communiste nous encourage même à aller au-delà de la Lune, car la Chine est déjà capable de s'engager dans l'exploration spatiale lointaine", poursuit l'homme de 78 ans.

Ce scientifique est connu en Chine pour avoir supervisé le programme lunaire Chang'e, dont les deux premières missions ont permis de réaliser des millions de clichés de l'astre des nuits.

"Nous allons explorer l'ensemble du système solaire", s'enthousiasme le septuagénaire, alors que sur l'écran de l'auditorium s'affichent des cartes en couleur de la surface rocailleuse de la Lune et des trajectoires interstellaires.

Plus tôt, le scientifique avait été accueilli dans l'auditorium par une ovation des étudiants présents, signe que la conquête spatiale est décidément un thème fédérateur en Chine.

En particulier à un moment où les Etats-Unis ont tendance à revoir à la baisse leur programme spatial, qui coûte des milliards de dollars.

Samedi soir la sonde chinoise Chang'e-3 s'est posée dans un territoire nommé la "Baie des arcs-en-ciel". L'opération été diffusée en direct à la télévision chinoise. Le précédent alunissage en douceur remontait à la mission soviétique Luna 24, en août 1976, il y a plus de 37 ans.

L'atterrisseur de Chang'e-3 a déployé une rampe qui a permis, quelques heures plus tard, à un véhicule téléguidé tout-terrain, baptisé "Lapin de jade", de descendre sur la surface de la Lune.

"Pour la Chine, cela représente deux choses", indique à l'AFP Maurizio Falanga, un scientifique de l'International Space Science Institute (ISSI), dont le siège est à Bern.

"D'abord, ils sont capables de le réaliser eux-mêmes. Ils disposent de la technologie et du savoir-faire", explique cet expert qui collabore de plus en plus avec les autorités spatiales chinoises.

"Ensuite, cela nourrit la fierté de la nation, la fierté d'être chinois, de pouvoir dire 'nous sommes désormais au même niveau que les Etats-Unis ou les Russes'", dit-il.

Parmi les ambitieux projets de Pékin figurent un programme pour se doter d'une station orbitale permanente d'ici 2020. Vers cette année-là, la Station spatiale internationale (ISS) devrait cesser ses opérations. Cela pourrait ressembler à un passage de témoin.

"Quand j'étais jeune, le programme spatial américain dominait tout et nous-mêmes, au Royaume-Uni et en Europe, avions tendance à chercher d'abord une collaboration avec les Américains", relate à l'AFP Ken Pounds, expert de l'espace et professeur émérite de l'université britannique de Leicester.

"La situation est différente aujourd'hui... Il n'y a plus vraiment de préférence sur avec qui travailler, et de fait les collaborations avec la Chine sont très substantielles".

Dans la course de la Chine vers les étoiles, les envolées lyriques ne sont pas rares.

Rappelant le sort de la première sonde lunaire chinoise, Chang'e-1, qui s'est écrasée sur la surface lunaire à l'issue de ses multiples orbites, Ouyang Ziyuan lance à son auditoire: "Nous avions le coeur brisé. Afin de remplir sa mission finale, Chang'e-1 a péri d'une mort des plus cruelles. Elle a péri en martyre".

Mais, ajoute-t-il, dans l'espace "il reste des choses que les autres n'ont pas réalisées. La Chine va les réaliser". Quant aux exploits déjà réussis, "la Chine va les refaire, mieux que les autres".

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